Le méridien de Paris - Une randonnée à travers l'histoire

mourut le 4 décembre 1642
    légitimistes, des monarchistes qui souhaitent sans jamais avoir vécu dans le palais
    revoir un Bourbon sur le trône de France alors Cardinal qu’il légua à la famille royale. Celle-que le prétendant, le comte de Paris, est un
    ci s’y installa pour quelques années dans la
    Orléans. Par ailleurs, un Canadien d’origine
    jeunesse de Louis XIV. D’où le nom de palais
    néerlandaise prétend être encore plus Bourbon Royal. Le Roi Soleil en fit cadeau à son frère, que le candidat des légitimistes, puisqu’il serait Philippe, duc d’Orléans, ancêtre de l’autre
    un descendant direct de Louis XVII. Le jeune fils Philippe d’Orléans.
    du roi décapité se serait évadé de façon
    mystérieuse, aurait rallié les Pays-Bas et, si l’on en croit une pierre tombale à Delft, c’est Le palais
    là qu’il serait enterré. Le Canadien, agent
    pendant la Révolution
    immobilier de son métier, souhaite lui aussi
    À la Révolution, le palais fut rebaptisé Palais faire valoir son droit au trône français, indépen-
    Égalité. Son propriétaire se rangea du côté des damment bien sûr de savoir si ce trône est
    révolutionnaires, siégea même à la Convention, disponible. Pour les monarchistes, cela n’est l’assemblée révolutionnaire, et cessa donc
    qu’affaire de patience. Accessoirement,
    100

    L e M é r i d i e n d e P a r i s
    des tests ADN n’ont fait que renforcer les
    qui grouillaient sous ce hangar impudique,
    doutes concernant les origines du royal
    effronté, plein de gazouillements et d'une
    agent immobilier.
    gaieté folle, où, depuis la Révolution de
    1789 jusqu'à la Révolution de 1830, il s'est
    fait d'immenses affaires. […] Il n'y avait là Un espace de liberté
    que des libraires, de la poésie, de la politique Le jardin du Palais-Royal était un domaine
    et de la prose, des marchandes de modes,
    privé, et Philippe d’Orléans-Égalité fit en sorte enfin des filles de joie qui venaient seule-qu’il le resta. La police n’y avait pas accès. Le ment le soir. […] Le matin, jusqu'à deux
    jardin devint une zone franche où tout ce que heures après midi, les Galeries de Bois [à
    Dieu et le roi interdisaient était possible. Des l’emplacement actuel de la Galerie
    modernistes politiques y discutaient et com-
    d’Orléans] étaient muettes, sombres et
    plotaient. Il y avait cent treize estaminets où des désertes. Les marchands y causaient
    femmes, certaines en partie dénudées,
    comme chez eux. Le rendez-vous que s'y
    proposaient leurs services. Des librairies à
    est donné la population parisienne ne com-
    première vue innocentes se révélaient
    mençait que vers trois heures, à l'heure de la fréquemment être des endroits où goûter
    Bourse. […] La poésie de ce terrible bazar
    des jouissances toutes autres que littéraires.
    éclatait à la tombée du jour. De toutes les
    Il y avait parfois tant de monde dans le
    rues adjacentes allaient et venaient un grand jardin, qu’une pomme lancée par une fenêtre
    nombre de filles qui pouvaient s'y promener
    n’aurait pas atteint le sol, d’après un témoin sans rétribution. De tous les points de Paris, de l’époque.
    une fille de joie accourait faire son Palais.
    Aux nos 57 à 60 de la galerie Montpensier se
    Les Galeries de Pierre appartenaient à des
    situait le célèbre Café Foy où le soir du 13
    maisons privilégiées qui payaient le droit
    juillet 1789, Camille Desmoulins appela le
    d'exposer des créatures habillées comme
    peuple à prendre la Bastille, parce que le
    des princesses, entre telle ou telle arcade, et renvoi du ministre des Finances Necker
    à la place correspondante dans le jardin ;
    annonçait selon lui un massacre des patriotes.
    tandis que les Galeries de Bois étaient pour
    De nos jours, le jardin du Palais-Royal est
    la prostitution un terrain public, le Palais par un des endroits les plus beaux et les plus
    excellence, mot qui signifiait alors le temple calmes de Paris. Aux beaux jours, vous
    de la prostitution. »
    pouvez y déjeuner tranquillement sur une
    Après les grands incendies de la
    des terrasses, en se remémorant tout ce
    Commune en 1871, les galeries en bois
    qui s’y est déroulé. Relisez donc Balzac et
    disparurent définitivement. Il ne reste
    Les illusions perdues (1837-1843) :« Ces guère de cette époque que le restaurant
    vitrages encrassés par la pluie et par la
    trois étoiles Le Grand Véfour . Sous les poussière, ces