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L'empereur des rois

L'empereur des rois

Titel: L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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Il y a là le roi de Westphalie, Jérôme, des princes allemands, des reines, de Hollande, de Naples, des maréchaux, des ministres.
    — J’ai voulu qu’on s’amusât, reprend-il, j’ai réglé tous les plaisirs.
    Il a fixé avec le grand maréchal du palais, Duroc, l’étiquette et même la mode des femmes pour la chasse et les dîners. « Vous savez que je m’entends très bien en toilette. »
    Il a réglé l’emploi du temps des soirées – dîner ou cercle chez l’un ou chez l’autre. Il distribue lui-même les trente-cinq appartements au château pour les princes et les grands officiers, et les quarante-six appartements d’honneur. Le reste des six cents appartements est offert aux secrétaires et aux domestiques. Il a établi la périodicité des représentations théâtrales et des jours de chasse.
    Napoléon s’incline vers Talleyrand.
    — Tous les plaisirs, répète-t-il, et…
    Il montre ceux qui les entourent.
    — … les visages sont allongés et chacun a l’air bien fatigué et triste.
    Talleyrand baisse la tête d’un air contrit.
    — Le plaisir ne se mène point au tambour, Sire…, murmure-t-il.
    Il lève la tête.
    Il faut lui sourire pour qu’il achève sa phrase .
    — Ici comme à l’armée, Sire, vous avez toujours l’air de dire à chacun de nous : « Allons, messieurs et mesdames, en avant, marche ! »
    Napoléon rit, fait le tour du salon, puis quitte la pièce.
     
    Le lendemain matin, il convoque Talleyrand.
    Il le regarde s’avancer dans son cabinet de travail qu’inonde le soleil voilé de cette matinée d’octobre. Au-dessus de la forêt de Fontainebleau et sur les pièces d’eau du parc, le brouillard ne s’est pas encore dissipé.
    Comme à l’habitude, Talleyrand est impassible, distant, presque ironique. Il n’est plus ministre des Relations extérieures, mais cet homme avisé peut être de bon conseil.
    Napoléon marche et prend plusieurs fois une prise de tabac.
    — Nous ne pouvons arriver à la paix qu’en isolant l’Angleterre du Continent et en fermant tous les ports à son commerce, commence-t-il.
    Talleyrand approuve d’un mouvement imperceptible de la tête.
    — Le Portugal offre depuis seize ans la scandaleuse conduite d’une puissance vendue à l’Angleterre, reprend Napoléon.
    Il élève la voix. Il dit avec passion :
    — Le port de Lisbonne a été pour eux une mine de trésors inépuisable ; ils y ont constamment trouvé toutes espèces de secours… Il est temps de leur fermer et Porto, et Lisbonne.
    Talleyrand ne bouge plus.
    Homme habile .
    Napoléon s’approche.
    — J’ai donné ordre à Junot, dit-il, de franchir les Pyrénées, de traverser l’Espagne. J’ai hâte que mon armée arrive à Lisbonne. J’ai écrit tout cela au roi d’Espagne.
    — Charles IV est un Bourbon, murmure Talleyrand, son fils Ferdinand, prince des Asturies, est l’arrière-petit-fils de Louis XIV. La reine Marie-Louise a un favori, Manuel de Godoy, prince de la Paix, dit-on. C’est lui qui gouverne, avec l’accord, la complaisance du roi.
    Talleyrand sourit.
    — Charles IV est un Bourbon, répète-t-il. Il a, assure-t-on, le caractère de Louis XVI.
     
    Des Bourbons ! Il y a déjà songé à maintes reprises. Mais Talleyrand a insisté en personne habile qui sait choisir, inciter, sans paraître dire.
    Il a quitté le cabinet de travail, et Napoléon s’exclame plusieurs fois :
    — Des Bourbons !
    Il se souvient de Louis XVI, ce roi coglione qu’il a vu le 20 juin, le 10 août 1792, ne pas oser se battre !
    Les Bourbons : une dynastie épuisée !
    Napoléon saisit les lettres que le prince des Asturies, Ferdinand, héritier de la Couronne d’Espagne, lui a adressées, quémandant des épousailles avec une princesse Bonaparte, lui, l’arrière-petit-fils de Louis XIV, et, pleurnichant comme une femme, accusant Godoy, l’amant de la reine, sa mère, de vouloir l’évincer.
    Un Bourbon !
    Et voici la lettre du père, Charles IV. Napoléon la relit en l’agitant comme si elle lui tachait les doigts.
    « Mon fils aîné, écrit Charles IV, l’héritier présomptif de mon trône, avait formé le complot horrible de me détrôner. Il s’était porté jusqu’à l’excès d’attenter à la vie de sa mère ; un attentat si affreux doit être puni avec les rigueurs les plus exemplaires des lois… Je ne veux pas perdre un instant pour en instruire Votre Majesté impériale et royale en la priant de

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