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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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personne.
    Que devint la stupéfaction du digne frère portier lorsqu’il vit son abbé s’incliner avec humilité devant la femme voilée de noir !
    Et cette stupéfaction elle-même devint presque du scandale lorsque l’abbé, après quelques mots prononcés à voix basse, introduisit la femme dans le couvent et la guida à travers les longs couloirs déserts.
    La plus jeune était demeurée au parloir.
    L’abbé, suivi de la dame voilée, s’arrêta enfin devant une cellule.
    Et cette cellule, c’était celle du révérend Panigarola.
    Les portes des cellules étaient toujours ouvertes.
    – C’est là ! murmura l’abbé qui aussitôt se retira.
    La femme entra.
    Panigarola en l’apercevant se redressa soudain, les sourcils froncés.
    La femme laissa alors tomber son voile et découvrit son visage.
    – La reine ! murmura le moine.
    En effet, c’était Catherine de Médicis !
    – Bonjour, mon pauvre marquis, dit la reine en souriant. Il faut donc que ce soit moi qui vienne vous trouver au fond de ce hideux monastère. Sans compter que pour y entrer, j’ai été obligée de me montrer à votre abbé, en sorte que dans dix minutes toute la communauté saura que la mère du roi est ici…
    – Rassurez-vous, madame, dit Panigarola, le vénérable abbé est incapable de trahir un incognito de cette importance. Mais il y avait un moyen bien simple de vous éviter toute inquiétude en me faisant appeler. Je me fusse rendu au Louvre au premier ordre de la reine.
    – Est-ce bien sûr ? fit Catherine en regardant fixement le moine.
    – Par devoir, un homme de Dieu ne ment pas.
    – Oui ; mais j’ai connu un certain marquis de Pani Garola qui n’en faisait qu’à sa tête.
    – L’homme dont vous parlez est mort, madame. En tout cas, si j’étais encore le marquis de Pani Garola, je mentirais encore moins. Moine, le mensonge ne m’est défendu que par mon supérieur, marquis, il m’était défendu par moi-même.
    Panigarola se redressa. Sa figure ravagée apparut blafarde et dure, avec un caractère d’étrange grandeur ; dans les plis de sa robe blanche et noire, il se pétrifia comme une statue.
    – Oui, murmura Catherine, vous êtes d’une race orgueilleuse qui jamais n’a condescendu au mensonge ; et pourtant, le mensonge a parfois du bon… Mais laissons cela.
    Catherine regarda autour d’elle comme pour chercher un siège.
    Panigarola, sans hâte, avança l’unique escabeau de la cellule.
    – Non, fit Catherine en riant, ce serait trop dur : je n’ai pas encore fait de vœux, moi !
    Et elle s’assit au bord du lit du moine.
    Ce lit, ou plutôt cette couchette, se composait simplement de quelques planches juxtaposées contre le mur, et couvertes d’un matelas et d’une couverture de laine.
    – Asseyez-vous, marquis, reprit la reine en désignant à son tour l’escabeau.
    Panigarola refusa d’un signe de tête qui indiquait son respect des hiérarchies et de l’étiquette, avec d’autant plus de force que la reine cherchait par sa singulière attitude à lui faire oublier cette hiérarchie.
    – Marquis, reprit-elle, convenons d’une chose. C’est qu’en ce moment, je ne suis pas la reine, mais seulement une amie… une véritable et sincère amie… Mais comme vous avez donc changé, mon pauvre Pani ! Est-ce bien vous que je revois si pâle, si amaigri, presque décharné ?… Qui vous a réduit à cet état ? Je ne suppose pas que ce soit la discipline monacale… Parlez-moi donc franchement… Peut-être y a-t-il des remèdes au mal qui vous ronge…
    Tandis que Catherine s’exprimait ainsi avec une sorte d’enjouement et prenait cette nouvelle incarnation d’une femme qui oublie son rang pour ne songer qu’à l’amitié, le moine avait accentué la raideur de son maintien.
    Il avait à demi ramené son capuchon qui retombait presque sur les yeux.
    Ses bras s’étalent croisés, et ses mains disparaissaient sous les larges manches.
    En sorte qu’on ne voyait plus rien de lui que le bas de son visage émacié, une bouche sans sourire.
    – Madame, dit-il d’une voix grave, vous me demandez de la franchise. En voici. Lorsque je suis arrivé à la cour de France, vous vous êtes figurée que j’étais un émissaire des républiques italiennes et que je venais conspirer avec le maréchal de Montmorency. Vous avez supposé que j’étais porteur de redoutables secrets. Alors, pour m’arracher ces secrets, vous avez lancé sur moi une de vos espionnes. Cette

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