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L'épopée d'amour

Titel: L'épopée d'amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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marier.
    – Elle t’aime ? C’est impossible.
    – Pourquoi cela, monsieur ? fit Gillot étonné.
    – Parce que Jeannette, d’après le peu que j’en sais, est une fine mouche.
    – Et vous me trouvez trop benêt pour être aimé d’une pareille fille ? Je vous remercie, monsieur, car voilà le plus bel éloge que j’ai entendu faire de ma fiancée.
    – Par ma foi, Gillot, je commence à croire que je me suis trompé sur ton compte. Tu m’as l’air d’un rusé compère…
    « Ouais ! pensa Gillot, ne découvrons pas d’un coup tout notre esprit, sans quoi il se méfiera ! »
    Et il reprit :
    – Quoi qu’il en soit, monsieur, Jeannette m’aime, et je peux lui faire faire tout ce que je voudrai. Et comme, d’après votre propre estime, c’est une fine mouche, elle saura, si je veux, tout ce qui se dit, se fait et se pense dans l’hôtel de Mesmes ; elle me le répétera, et je vous le répéterai, voilà !
    – Admirable !… Gillot, je te proclame aussi rusé que le sage Ulysse en personne !
    – Mon plan vous convient donc ? demanda Gillot avec inquiétude.
    – Il me convient. Et que demandes-tu pour me servir ainsi ?
    – Je vous l’ai dit : de m’aider à me venger de mon oncle qui m’a coupé les oreilles.
    – Bon ! je te promets de te livrer ce vieux Satan pieds et poings liés, et tu en feras ce que tu voudras. Voyons, que lui feras-tu ?
    – Monsieur, je lui rendrai la pareille ! dit Gillot d’un air féroce.
    – Bravo !… Et quand commenceras-tu à entrer en campagne ?
    – Dès le plus tôt…
    – C’est bon. Maintenant, songe que si je suis content de toi, non seulement tu seras vengé de ton avare d’oncle, mais encore tu auras des écus à n’en savoir que faire.
    Gillot prit aussitôt un air de jubilation qui acheva de persuader entièrement le vieux routier.
    C’est ainsi que le plus fin renard peut parfois se laisser prendre.
    Il faut dire aussi que Gillot, matois et retors comme son oncle, avait admirablement joué son rôle. Quoi qu’il soit, il fut installé dans l’hôtel Montmorency, qui abrita dès lors un traître.
    Gillot ne perdit pas son temps.
    Il passa le restant de la soirée et la journée du lendemain à étudier le plan de l’hôtel Montmorency.
    Le surlendemain, il sortit après avoir dit à Pardaillan qu’il allait voir Jeannette et s’entendre avec elle. Le drôle se rendit à l’hôtel de Mesmes, en s’assurant tous les cent pas qu’il n’était pas suivi.
    – Eh bien ? lui demanda l’oncle Gilles.
    – Eh bien, mon oncle, je suis dans la place !
    Gilles regarda son neveu avec une certaine admiration. Puis il alla chercher une feuille de papier, une plume, de l’encre, installa Gillot devant une table et lui dit :
    – Explique…
    Et Gillot expliqua. C’est-à-dire qu’il commença par tracer un plan de l’hôtel Montmorency qui, tout grossier qu’il était, n’en devait pas être moins précieux.
    Au fur et à mesure, il commentait son plan et Gilles prenait des notes.
    – Là, à gauche, mon oncle, voyez-vous, c’est un grand bâtiment pour les hommes d’armes et les chevaux.
    – Combien d’hommes ?
    – Vingt-cinq, mon oncle, et bien armés de bonnes arquebuses.
    – Bon. Continue…
    – Voyez, mon oncle, reprit Gillot, ce bâtiment que je vous signale est placé en arrière de la loge du Suisse… en face la loge, ce carré que je dessine maintenant représente un bâtiment pareil à celui des gens d’armes.
    – Et que contient-il ?
    – Il sert de logis à une dizaine de gentilshommes dévoués au maréchal et qui sont venus s’installer dans l’hôtel à tout hasard.
    – Vingt-cinq et dix, cela fait trente-cinq hommes, observa Gilles.
    – Justement ; mais ce n’est pas tout ; et même cela n’est rien.
    – Comment il y aurait donc une autre garnison ?
    – Il y a M. le chevalier et son père… le coupeur de langues ! dit Gillot en frémissant.
    – Que veux-tu dire, imbécile ?
    – Rien, mon oncle, sinon que les deux damnés Pardaillan valent peut-être à eux seuls les vingt-cinq gens d’armes et les dix gentilshommes…
    – C’est possible. Et où sont-ils logés, ces deux enragés ?
    – Attendez, mon oncle. Le deuxième étage du bâtiment aux gentilshommes est occupé par les laquais au nombre d’une quinzaine. Bon. Maintenant, vous voyez que le bâtiment des écuries et gens d’armes et le bâtiment des gentilshommes sont séparés par ce carré qui représente une cour

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