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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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secrétaire
patibulaire, demeuré derrière le duc. Il fut tenté de rompre la cire qui
cachetait la cédule, mais le discours de don Alfonso réclamait son attention.
    — Après l’expulsion des nouveaux-chrétiens des Alpujarras,
le roi a envoyé des agents en Galice, dans les Asturies, à Burgos et à León
afin de trouver des colons pour repeupler ces terres. On a donné des maisons et
des fermes aux nouveaux habitants et, comme je te l’ai dit, en plus de leur
fournir des aliments et des bêtes pour favoriser la culture des terres, on leur
a accordé des avantages en matière d’impôts. Sa Majesté est consciente que la
repopulation n’a pas été complète et que de nombreux endroits sont restés
inhabités, mais quoi qu’il en soit… les terres ne rapportent pas ce qu’elles
devraient. Tu devras donc voyager dans la région comme l’un de mes envoyés,
jamais comme un envoyé du roi, compris ? Sa Majesté ne veut pas que le
juge de paix des Alpujarras et le procureur général croient qu’Elle ne leur
fait plus confiance.
    — Et… ? interrogea Hernando.
    — Un autre privilège concédé à ces gens est qu’ils
n’ont pas besoin du consentement royal pour conduire leurs juments à l’étalon.
C’est sans doute pourquoi le troupeau chevalin a considérablement augmenté ces
dernières années. Ta mission, qui figure dans cette cédule, sera de trouver de
bonnes juments pour mes écuries. Tu connais les chevaux. Évidemment, aucun ne
te satisfera vraiment. Je ne crois pas que sur ces terres il puisse exister des
animaux de qualité, mais si tu considères que l’un d’eux vaut vraiment la
peine, sourit-il, n’hésite pas à l’acheter.
    Hernando réfléchit quelques instants : les Alpujarras,
sa terre ! Pourtant un frisson d’effroi l’envahit soudain.
    — Là-bas, il y a certainement encore des chrétiens qui
ont connu la guerre. Comment recevront-ils un nouveau-chrétien… ?
    — Personne n’osera lever la main sur un envoyé du duc
de Monterreal ! répliqua don Alfonso en haussant le ton.
    Toutefois, l’indécision qui se reflétait sur le visage
d’Hernando l’obligea à reformuler son assertion.
    — Tu étais chrétien. Tu savais prier. Tu l’as fait avec
moi, tu t’en souviens ? Ensemble nous avons prié la Vierge. Tu continues à
le faire. Tu dois bien avoir des amis qui pourraient témoigner de ta condition si
quelqu’un la mettait en doute.
    Hernando perçut que Silvestre, toujours derrière don
Alfonso, se tendait et se rapprochait pour écouter sa réponse. Quels amis
chrétiens avait-il à Juviles ? Andrés, le sacristain ? Il le haïssait
probablement à cause de ce que sa mère avait fait au curé. Qui d’autre ?
Il ne parvenait pas à citer un nom, mais il ne fallait pas l’avouer au
duc ; il ne pouvait révéler que sa libération avait seulement été le fruit
du hasard.
    — Tu en as ou pas ? interrogea Silvestre.
    Don Alfonso laissa son secrétaire intervenir.
    — J’ai promis au roi que cette investigation serait
menée à bien, insista le noble.
    — Oui… oui, bredouilla Hernando. J’en ai.
    — Qui ? Comment s’appellent-ils ? bondit le
secrétaire.
    Hernando croisa le regard de Silvestre. L’homme, qui
paraissait connaître la vérité, le transperçait des yeux. Comme s’il avait
attendu ce moment avec anxiété : le moment où serait révélée la véritable
foi de celui qui recevait tant de faveurs de son seigneur. Il lui avait même
offert un cheval de la nouvelle race !
    — Qui ? répéta Silvestre devant l’hésitation du
Maure.
    — Le marquis de los Vélez ! déclara alors Hernando
d’une voix forte.
    Don Alfonso se redressa sur son fauteuil. Silvestre recula
d’un pas.
    — Don Luis Fajardo ? s’exclama le duc avec
étonnement. Quel lien as-tu avec don Luis ?
    — Comme je l’ai fait avec vous, expliqua Hernando, j’ai
aussi sauvé la vie d’une fillette chrétienne qui s’appelait Isabel. Je l’ai
confiée au marquis et à son fils don Diego aux portes de Berja. J’ai sauvé plusieurs
personnes, mentit-il en regardant effrontément Silvestre, dont le visage
s’était décomposé.
    Le duc l’écoutait avec attention.
    — Mais il fallait que j’aie l’air maure, sinon cela
aurait été impossible. Certains ont fini par savoir qui j’étais vraiment,
d’autres non. Isabel, oui, le savait, et comme c’était une petite fille, je
l’ai amenée à l’endroit où se trouvait los Vélez.

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