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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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prévenir dans les écuries du palais, alors qu’il
s’apprêtait à sortir en balade sur le dos de Volador, le magnifique cheval
pommelé que le duc lui avait offert, marqué au fer du « R » de la
nouvelle race créée par Philippe II. Quoi qu’il arrive, ce cheval était à
lui, lui avait assuré don Alfonso, informé de ce qui s’était passé avec Azirat.
Pour preuve, il lui avait remis un document en sa faveur, écrit par son
secrétaire et signé de sa propre main.
    Il confia Volador au valet d’écurie et suivit le jeune page
chargé de lui transmettre la requête du duc.
    Ils durent traverser cinq patios, tous fleuris, chacun avec
une fontaine au centre, avant d’arriver à l’antichambre, où de nombreuses
personnes attendaient d’être reçues par l’aristocrate. Dès qu’ils avaient
appris le retour du noble, beaucoup de gens s’étaient empressés de solliciter
une audience. Sur les bancs des visiteurs, appuyés aux murs latéraux du salon,
étaient assis des prêtres, un membre du conseil de Cordoue, deux magistrats,
plusieurs visages inconnus d’Hernando et trois hidalgos qui vivaient dans le
palais. Sur un autre banc se tenaient les domestiques, chargés de s’occuper des
visiteurs pendant leur attente et, à côté d’eux, une banquette basse où le page
qui avait conduit le Maure s’assit dès que le maître d’hôtel prit la relève.
    Hernando sentit sur lui les regards haineux des visiteurs
lorsqu’il traversa la salle : il passait devant tout le monde. Et à la
différence de ceux qui attendaient, vêtus de leurs plus beaux habits, il
portait une tenue de cavalier : brodequins jusqu’aux genoux, simples
chausses, chemise et tunique cintrée, sans fioritures. Le garde qui surveillait
l’accès au bureau du duc frappa doucement à la porte dès qu’il vit s’approcher
Hernando et le maître d’hôtel, puis il les laissa passer sans qu’ils aient
besoin de marquer un arrêt.
    — Hernando !
    Le duc, afin d’accueillir le Maure comme un ami, quitta le
bureau derrière lequel il était assis.
    Le secrétaire et le scribe froncèrent les sourcils.
    — Don Alfonso, saluant le Maure, accepta avec un
sourire sa main tendue.
    Ils se dirigèrent vers deux fauteuils en cuir à l’autre
extrémité de la pièce, à l’écart du secrétaire et du greffier. Le duc lui posa
alors de nombreuses questions sur sa vie, auxquelles Hernando répondit. Le
temps passait et les gens attendaient dehors, mais don Alfonso ne semblait pas
en tenir compte. Tandis que le duc s’épanchait à son aise, pointant les volumes
de sa bibliothèque, s’ébaucha le thème de la conversation :
    — J’aimerais pouvoir disposer d’autant de temps que toi
pour me consacrer à la lecture, soupira-t-il à un moment donné. Profite, car
bientôt tu ne le pourras plus.
    L’expression surprise d’Hernando n’échappa pas au duc.
    — Ne t’inquiète pas, tu pourras emporter avec toi les
livres que tu veux. Silvestre, dit-il alors à l’attention de son secrétaire,
apporte-moi la cédule. Tu vas comprendre, ajouta-t-il, le document entre les
mains. Comme tu le sais, j’ai l’honneur de faire partie du Conseil d’État de Sa
Majesté. En réalité, je vais te parler d’un problème qui concerne le Conseil
des finances, mais ses fonctionnaires se montrent tellement incapables
d’obtenir les fonds dont le roi a besoin que don Philippe est très remonté
contre eux. Les Alpujarras ! lâcha alors don Alfonso en lui tendant le
document. Tu ne m’as pas demandé quelque chose à faire ? sourit-il.
Presque tous les lieux qui composent les Alpujarras appartiennent à la
Couronne, et Sa Majesté est en colère car ils ne rapportent pas ce qu’ils
devraient, bien que ses habitants soient exemptés d’impôts sur leurs ventes et
autres profits. Même ainsi, le tiers royal que devraient obtenir les finances
du royaume ne correspond pas à ce qu’on attend. Don Philippe est très irrité,
et alors j’ai pensé que peut-être toi, qui connais la région, tu pourrais
enquêter pour que Sa Majesté compare ton rapport avec ceux du tribunal de la
ville de Grenade et du Conseil des finances. Le roi a accepté de bon cœur ma
proposition. Il aimerait donner une leçon aux membres du Conseil.
    Les Alpujarras ! susurra Hernando. Don Alfonso lui
proposait de partir dans les Alpujarras ! Dressé sur son fauteuil, mal à
l’aise, il feuilleta le document remis par Silvestre et regarda le

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