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Les révoltés de Cordoue

Les révoltés de Cordoue

Titel: Les révoltés de Cordoue Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ildefonso Falcones
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et
fier, murmurant des Notre Père et des Ave María. Une foule de paroissiens et de
prêtres déambulaient autour d’eux. N’était-ce tout de même pas une folie ?
pensa-t-il alors. Tous ces gens…
    Il ne se posa pas davantage la question. Comme c’était
l’usage, le bénéficier de la chapelle de San Pedro vint ouvrir le verrou des
grilles pour préparer la messe. Hernando hésita. Il regarda derrière lui et vit
Miguel qui l’encourageait d’un sourire. Amin lui donna un léger coup sur
l’épaule pour lui indiquer que le prêtre venait d’ouvrir la grille. Alors il
fit un geste d’assentiment en direction de l’infirme.
    — Dieu ! entendit-on résonner dans la mezquita.
    Tous les regards convergèrent vers l’invalide qui dansait,
excité, sur ses béquilles.
    — Il était là ! Je l’ai vu !
    Certains fidèles s’agglutinèrent autour de Miguel qui
continuait de crier. Hernando surveillait à la fois l’estropié et la grille de
San Pedro ; le prêtre était sorti, intrigué, et il observait la scène,
immobile devant les grilles.
    — Son visage bienveillant se trouvait derrière une
blanche colombe… ! glapissait Miguel.
    Hernando ne put s’empêcher de sourire. La crédulité des gens
le surprendrait toujours. Une vieille femme tomba à genoux en se signant.
    — Oui ! Je le vois ! Moi aussi je le vois !
    Beaucoup d’autres se mirent alors à crier, couvrant la voix
de Miguel. Les gens s’agenouillaient et pointaient du doigt la coupole du
maître-autel, derrière la chapelle de San Pedro, à l’endroit où l’infirme
affirmait avoir vu une blanche colombe. Le prêtre courut vers le groupe, de
même qu’un grand nombre de religieux, avec leurs aubes virevoltantes.
    — Maintenant, indiqua Hernando à son fils.
    Ils bondirent à l’intérieur de la chapelle. Hernando se
dirigea à la tête du sarcophage du gouverneur, dissimulé aux regards par le
mur. Le sarcophage n’était pas scellé, comme il l’avait cru la veille. Il
sortit alors son pied-de-biche, mais il lui parut impossible de s’en servir
comme levier afin de soulever le couvercle. Il enveloppa l’extrémité de l’outil
dans ses vêtements pour amortir le bruit, puis il frappa avec le maillet. Le
marbre s’écailla et il réussit finalement à introduire suffisamment la pointe
de l’outil. C’était trop lourd. Il n’y parviendrait pas. Dans la cathédrale, le
tapage continuait et Hernando prit soudain conscience de son âge :
cinquante-six ans ! C’était un vieil homme, et il prétendait soulever
l’énorme et lourd couvercle d’un sarcophage ! Amin attendait à ses côtés,
immobile, les documents à la main. Il n’y arriverait jamais, se dit Hernando.
    — Allah est grand, murmura-t-il.
    Il y mit toute sa force, mais le couvercle ne bougea pas
d’un millimètre. Amin l’observait.
    — Allah est grand, chuchota-t-il également.
    À son tour le garçonnet pesa sur l’outil.
    — Toi qui octroies tout pouvoir, invoqua Hernando, le
Fort et le Ferme, aide-nous !
    Le couvercle se souleva de quelques millimètres.
    — Vas-y ! ordonna-t-il à son fils, les dents
serrées, le visage congestionné. Mets les feuilles !
    Accroché au pied-de-biche, Amin commença à introduire les
feuilles par petits paquets ; l’ensemble n’entrant pas d’un bloc par
l’étroite ouverture.
    — Continue ! l’encouragea Hernando. Vite !
    Il ne restait plus beaucoup de feuilles et seuls les cris de
Miguel, qui déployait des trésors d’imagination, résonnaient à présent.
    — Mon père ! entendit-on soudain près des grilles.
    Hernando faillit lâcher le pied-de-biche. Amin se figea,
tenant encore quelques pages à la main. C’était la voix de Rafaela !
    — Mon père ! entendirent-ils une fois de plus
presque à l’entrée de la chapelle.
    Rafaela se jeta à genoux devant le prêtre qui entrait et
agrippa le bas de sa soutane pour le retenir.
    — Sauvez mon époux et mes enfants de la
déportation ! cria-t-elle.
    Hernando pressa Amin. Il restait seulement quelques
feuilles. Les mains du garçonnet tremblaient tant qu’il n’arrivait pas à les
introduire.
    — Ce sont de bons chrétiens ! suppliait Rafaela.
    — De quoi me parles-tu, femme ?
    Le religieux voulut reprendre son chemin, mais Rafaela se
mit à embrasser ses pieds.
    — Au nom de Dieu ! sanglota-t-elle.
Sauvez-les !
    La jeune femme résista tant qu’elle put au prêtre, qui finit
par se dégager violemment et

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