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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Fenimore Cooper
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finirait par se déclarer, résolut de satisfaire entièrement ses concitoyens, et de se contenter lui-même, en faisant venir ses deux filles près de lui. Miss Peyton avait consenti à les accompagner, et depuis ce temps jusqu’à l’époque où commence cette histoire, ils n’avaient fait qu’une seule famille.
    Toutes les fois que la garnison de New-York avait fait quelques mouvements, le capitaine Wharton l’avait accompagnée, et il avait ainsi trouvé l’occasion, sous la protection de forts détachements en opération dans les environs des Sauterelles, de faire à la dérobée deux ou trois courtes visites à sa famille : mais à l’époque où nous sommes arrivés, il y avait plus d’un an qu’il ne l’avait vue, et Henry, impatient d’embrasser ses parents, s’étant déguisé comme nous l’avons dit, était malheureusement arrivé chez eux le jour où il se trouvait un hôte suspect dans une maison où l’on voyait rarement des étrangers.
    – Mais croyez-vous qu’il n’ait aucun soupçon ? demanda Henry après avoir écouté ce que César venait de dire sur les Skinners.
    – Comment pourrait-il en avoir, répondit Sara, quand votre père et vos sœurs ne vous ont pas même reconnu ?
    – Il y a en lui quelque chose de mystérieux, reprit le capitaine, et ses yeux se sont fixés sur moi avec trop de persévérance pour que ce fût sans intention. Il me semble même que sa figure ne m’est pas inconnue. La mort récente du major André est faite pour donner quelques inquiétudes {15} . Sir Henry nous menace de représailles pour venger sa mort ; et Washington est aussi ferme que s’il avait la moitié du monde à ses ordres. Les rebelles me regarderaient en ce moment comme un sujet très-propre pour exécuter leur plan, si j’étais assez malheureux pour tomber entre leurs mains.
    – Mais vous n’êtes pas un espion, mon fils ! s’écria M. Wharton fort alarmé ; vous n’êtes pas dans la ligne des rebelles… je veux dire des Américains ; il n’y a ici aucun motif d’espionnage.
    – C’est ce qu’on pourrait contester. Les républicains ont leurs piquets dans la Plaine-Blanche ; j’y ai passé déguisé, et l’on pourrait prétendre que la visite que je vous fais n’est qu’un prétexte pour couvrir d’autres projets. Rappelez-vous la manière dont vous avez été traité vous-même il n’y a pas très-longtemps pour m’avoir envoyé une provision de fruits pour l’hiver.
    – D’accord ; mais c’était grâce aux soins charitables de quelques bons voisins qui espéraient, en faisant confisquer mes biens, acheter quelques-unes de mes fermes à bon marché. D’ailleurs nous n’avons été détenus qu’un mois, et Peyton Dunwoodie a obtenu notre élargissement.
    – Nous ! s’écria Henry avec étonnement ; quoi ! mes sœurs ont-elles été arrêtées ? Vous ne m’en avez rien dit dans vos lettres, Frances.
    – Je crois vous avoir dit, répondit Frances en rougissant, que votre ancien ami Dunwoodie a eu les plus grandes attentions pour mon père, et a obtenu sa mise en liberté.
    – Vous m’avez dit tout cela, mais vous ne m’avez pas dit que vous aviez été vous même dans le camp des rebelles.
    – C’est pourtant la vérité, mon fils. Frances n’a jamais voulu me laisser partir seul. Jeannette et Sara sont restées aux Sauterelles pour veiller à la maison, et cette petite fille a été ma compagne de captivité.
    – Et elle en est revenue plus rebelle que jamais, dit Sara avec indignation : il me semblerait pourtant que l’injustice dont notre père a été la victime aurait dû la guérir d’une semblable folie.
    – Qu’avez-vous à répondre à cette accusation, Frances ? dit le capitaine avec gaieté ; Dunwoodie a-t-il réussi à vous faire haïr votre roi plus qu’il ne le hait lui-même ?
    – Dunwoodie ne hait personne, répondit Frances avec vivacité et en rougissant. D’ailleurs il vous aime, Henry, je n’en puis douter, car il me l’a dit et redit plus de cent fois.
    – Oui, s’écria Henry en lui frappant la joue avec un sourire malin ; vous a-t-il dit aussi, lui demanda-t-il en baissant la voix, qu’il aime encore davantage ma petite sœur Fanny ?
    – Quelle folie dit Frances. Et grâce à ses soins la table fut bientôt desservie.

CHAPITRE III
    C’était à l’époque où les champs étaient dépouillés des trésors de l’automne ; où les vents mugissants arrachaient les feuilles

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