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L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes

Titel: L'holocauste oublié, le massacre des tsiganes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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demandes et réponses. Je suis condamnée pour sabotage.
    — « Une gardienne polonaise vient me prendre et m’entraîne dans une cave avec une prisonnière tchèque. Là, la gardienne commence à nous attacher les bras derrière le dos et ensuite nos deux corps dos à dos. À grands coups de pied, elle nous fait rouler sur un tas de charbon. Un moment après, cinq officiers arrivent et nous font lever, toujours à coups de bottes (se lever n’est guère facile pour deux personnes attachées dos à dos et encore moins marcher, surtout que la tchèque était plus petite que moi). On nous conduit devant un cercueil. Je n’ai pas su pourquoi, car je ne comprenais pas l’allemand. Nous sommes restées là, debout, quelques heures. Ensuite, toutes les heures environ, nous avions la visite de deux déportées tsiganes munies d’une schlague. Ces séances de coups furent terribles. Dans la soirée, ma compagne réussit, à force de remuer les bras, à desserrer un peu les cordes. Je ne pouvais rien lui dire puisque nous ne parlions pas la même langue et ce qui devait arriver arriva : une de nos tortionnaires s’aperçut du desserrement des liens. Elles s’acharnèrent sur nous : coups bien sûr mais aussi cheveux arrachés par poignées, prothèse dentaire cassée : les cordes replacées pénétraient dans les chairs. La peur sans doute me provoqua une crise de dysenterie. La nuit fut hallucinante. À l’aube, nouvelle visite des geôlières accompagnées des S.S. venus assister au spectacle. On nous détacha. J’ai cru tomber évanouie lorsque le sang a pu gicler des plaies ouvertes par les cordes. Mes mains étaient noires. J’avais envie de pleurer, mais je me suis contenue ne voulant pas verser des larmes devant les Allemands.
    — « On nous poussa ensuite sur la route de la forêt, sans boire, sans manger, sans se laver. Là, ce qui m’attendait était pénible ; jointe à des tsiganes dont les jambes étaient couvertes de plaies d’avitaminose, il a fallu décharger un wagon de briques, ensuite un autre de sacs de 50 kilos de ciment. À 11 heures, l’Aufseherin a vu que je n’en pouvais plus (c’était une Alsacienne). Elle me fait asseoir sur un arbre coupé en me disant : « Bientôt manger. » Les dernières forces m’ont abandonnée et j’ai pleuré. À midi, retour au Kommando où une soupe nous attendait. Elle était la bienvenue comme vous devez le penser. Je n’avais rien eu depuis le café de l’avant-veille. Après ce frugal repas : déchargement de wagons de charpentes de bois. Là encore, cruauté allemande : on avait choisi un ancien de la guerre 14-18 qui disait parler français pour m’annoncer ma condamnation : « Forçat, travaux forcés, toujours, plus jamais revoir France, Arbeit pour le grand Reich. » Pendant un mois je fus condamnée aux plus durs travaux : dans les carrières de sable, déchargement des wagons, etc. À la fin d’août, je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Si ce régime s’était prolongé, je ne serais pas rentrée. Heureusement il est arrivé l’ordre de remplacer toutes les femmes de ce Kommando de « travailleurs de force » par des déportés hommes. Quelle joie pour moi de quitter ce lieu maudit. Notre petit groupe a rejoint le Kommando de Halle près de Leipzig. Les camarades retrouvées ne m’ont pas reconnue tant j’avais maigri et vieilli.
     
     
    Sachsenhausen-Oranienburg.
     
    — Je (206) suis né en 1908 en Haute-Silésie, et j’ai été marchand de chevaux à Stettin. En juin 1938 j’ai été arrêté par la police pour avoir eu des relations avec une aryenne. J’ai été emmené à Sachsenhausen et placé dans la section des juifs. Mon père étant gitan, ma mère moitié juive et moitié gitane. Je suis resté à Sachsenhausen jusqu’en décembre 1940 et très maltraité. Je me suis alors porté volontaire pour la recherche de bombes non explosées. En récompense pour mon travail, j’ai été libéré et renvoyé avant Noël à Stettin, sous condition que je me ferais stériliser à l’hôpital de Wendorf. J’ai été contraint de signer un papier déclarant que je me soumettais volontairement à la stérilisation. Si je n’avais pas signé, on m’aurait renvoyé dans un camp de concentration. L’opération eut lieu en mai 1941. J’ai été séparé de ma femme et de mes quatre enfants et envoyé comme ouvrier agricole en Poméranie. En septembre 1942, j’ai été à nouveau arrêté,

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