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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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troupes françaises à Rome, il a pris le parti du pape ! Lui se croit devenu prince romain .
    Reste Joseph, auquel je peux proposer de troquer le royaume de Naples contre celui d’Espagne, et je donnerai Naples à Caroline et à Murat, « ce héros et cette bête » qui, au moins, sait ce qu’il vaut. « Ne doutez jamais de mon coeur, il vaut mieux que ma tête », a-t-il écrit .
    Je suis seul. Sans égal, et donc sans allié. Sans personne pour comprendre ma politique !
     
    Napoléon se redresse. Le jour est levé. On entre dans Poitiers. On s’arrête au relais. Il descend de berline.
    Une voiture est là avec une escorte. Trois hommes richement vêtus s’avancent, le saluent. Il les ignore. Quel est ce guet-apens ?
    Trois grands d’Espagne, explique Champagny. Le duc Medinacelí, le duc de Frías, et le comte de Fernân Nuñez viennent notifier à l’Empereur l’avènement du prince des Asturies comme nouveau roi d’Espagne, sous le nom de Ferdinand VII.
    Napoléon s’éloigne.
    Le prince des Asturies, roi d’Espagne ! C’est trop tard. Napoléon a tranché. Le roi d’Espagne sera un Bonaparte. Napoléon ne recevra pas les trois grands d’Espagne.
    Il repart. Qu’on leur dise que Ferdinand vienne à ma rencontre, que je l’attendrai à Bayonne.
    Il monte dans la berline sans jeter un regard vers les trois hommes qui s’inclinent.
    — Les intérêts de ma maison et de mon Empire demandent que les Bourbons cessent de régner en Espagne, dit-il à Champagny. Les pays de moines sont faciles à conquérir. Si cela devait me coûter quatre-vingt mille hommes, je ne le ferais pas, mais il n’en faudra pas douze mille : c’est un enfantillage.
     
    Il fait plein soleil maintenant, on a traversé Angoulême.
    — Je ne voudrais faire de mal à personne, reprend-il, mais quand mon grand char politique est lancé, il faut qu’il passe. Malheur à qui se trouve sous les roues.
     
    À Barbezieux, dans la grande salle au plafond voûté de l’auberge de La Boule-Rouge, il a fait asseoir Champagny et son secrétaire à sa table. Il a rapidement déjeuné d’un chapon rôti et d’un verre de vin de Touraine. Les jambes allongées, la main droite glissée dans le gilet, il dicte, il parle.
    Il est ici comme au bivouac, en campagne. Et n’est-ce pas cela qu’il aime ?
    Il a passé la dernière nuit à Paris chez Marie Walewska avant de regagner le château de Saint-Cloud. Nuit paisible, comme une rade. Mais il faut lever l’ancre, aller vers le large, si l’on veut découvrir de nouveaux continents. Et il a quitté Marie Walewska avec des sentiments mêlés, faits de regrets et d’enthousiasme. Enfin, il retrouve, après trois mois passés dans les palais et châteaux impériaux, le vent de la route, la surprise des logements qu’on découvre, les paysages et les visages nouveaux, tout ce qui fait sa vie depuis toujours, le mouvement, le changement, l’impromptu. Il ne sera jamais un souverain assis. Mais cela ne signifie pas que, comme on le chuchote dans le salon de Mme de Récamier, et même dans celui de l’Impératrice, et comme le suggère Talleyrand, il aime la guerre.
    Il se penche vers Champagny.
    — La paix, dit-il, je la veux par tous les moyens conciliables avec la dignité et la puissance de la France. Je la veux au prix de tous les sacrifices que peut permettre l’honneur national.
    Il se lève.
    — Chaque jour, je sens que la paix devient plus nécessaire. Les princes du Continent le désirent autant que moi ; je n’ai contre l’Angleterre ni prévention passionnée ni haine invincible.
    Il marche dans la salle. Il prise d’un geste saccadé.
    — Les Anglais ont suivi contre moi un système de répulsion ; j’ai adopté le système continental pour amener le cabinet anglais à en finir avec nous. Que l’Angleterre soit riche et prospère, peu m’importe, pourvu que la France et ses alliés le soient comme elle.
    Il se rassied. C’est pour cela qu’il faut que sa dynastie règne en Espagne et que les troupes françaises soient au Portugal.
    — La paix seule avec l’Angleterre me fera remettre le glaive au fourreau, et rendre à l’Europe la tranquillité.
    Il frappe du poing sur la table, s’adresse à Méneval. Qu’il prenne sous la dictée des lettres pour Berthier, prince de Neuchâtel, major général de la Grande Armée, et pour Murat, grand-duc de Berg, lieutenant général en Espagne.
    Il marche à nouveau et, les mains derrière le dos,

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