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[Napoléon 3] L'empereur des rois

[Napoléon 3] L'empereur des rois

Titel: [Napoléon 3] L'empereur des rois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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aucune des places fortes dont il dispose en Allemagne, sur l’Oder, et qui seront si utiles dans cette guerre qu’Alexandre n’a pas voulu rendre impossible et que Vienne désire.
    Talleyrand demande audience. Napoléon l’écoute. Le prince de Bénévent l’invite à la modération, au compromis.
    Napoléon le dévisage, puis, comme distraitement, lui dit :
    — Vous êtes riche, Talleyrand. Quand j’aurai besoin d’argent, c’est à vous que j’aurai recours. Voyons, la main sur la conscience, combien avez-vous gagné avec moi ?
    Il sait que Talleyrand ne se troublera pas, n’avouera rien.
    — Je n’ai rien fait avec l’empereur Alexandre, dit Napoléon, paraissant oublier la question qu’il avait posée. Je l’ai retourné dans tous les sens, mais il a l’esprit court. Je n’ai pas avancé d’un pas.
    Caulaincourt est entré dans le salon. Napoléon se tourne vers lui.
    — Votre empereur Alexandre est têtu comme une mule. Il fait le sourd pour les choses qu’il ne veut pas entendre. Ces diables d’affaires d’Espagne me coûtent cher !…
    — L’empereur Alexandre est complètement sous le charme, dit Talleyrand.
    Napoléon ricane.
    — Il vous le montre, vous êtes sa dupe. S’il m’aime tant, pourquoi ne signe-t-il pas ?
    Il interrompt Talleyrand, qui évoque à nouveau les places fortes sur l’Oder, qu’il faudrait sans doute évacuer.
    — C’est un système de faiblesse que vous me proposez là ! hurle Napoléon. Si j’y accède, l’Europe me traitera bientôt en petit garçon.
    Il prise nerveusement, marche au milieu de la pièce, ignorant Talleyrand et Caulaincourt. Il a appris qu’il faut utiliser toutes les situations. Ne jamais capituler. Il n’aura pas séjourné à Erfurt durant tous ces jours pour abandonner le terrain.
    — Savez-vous ce qui fait que personne ne marche droit avec moi ? dit-il en s’approchant de Talleyrand. C’est que, n’ayant pas d’enfant, on croit la France en viager sur ma tête. Voilà le secret de tout ce que vous voyez ici : on me craint et chacun s’en tire comme il peut ; c’est un état de choses mauvais pour tout le monde. Et…
    Il détache chaque mot :
    — … Il faudra bien un jour y remédier. Continuez à voir l’empereur Alexandre ; je l’ai peut-être un peu brusqué, mais je veux que nous nous quittions sur de bons termes…
    Il retient Caulaincourt, qui voulait s’éloigner avec Talleyrand.
    Il faudrait interroger le tsar sur ce qu’il pense d’un nouveau mariage, lui dit Napoléon, sur la nécessité d’avoir des enfants pour fonder la dynastie.
    Caulaincourt paraît surpris, gêné.
    — C’est pour voir si Alexandre est réellement de mes amis, s’il prend un véritable intérêt au bonheur de la France, car j’aime Joséphine, reprend Napoléon. Jamais je ne serai plus heureux. Mais on connaîtra par là l’opinion des souverains sur cet acte qui serait pour moi un sacrifice. Ma famille, Talleyrand, Fouché, tous les hommes d’État me le demandent au nom de la France. Au fait, un garçon vous offrirait bien plus de stabilité que mes frères, qu’on n’aime pas et qui sont peu capables… Vous voudriez peut-être Eugène ? Les adoptions ne fondent pas bien les dynasties nouvelles. J’ai d’autres projets pour lui.
     
    Peut-être ne restera-t-il d’Erfurt que cette idée de divorce, qu’il a semée pour que l’Europe des souverains ne soit pas surprise quand la répudiation interviendra, pour que le tsar imagine, puisqu’on le consulte à ce sujet, que Napoléon a encore toute confiance en lui.
    Alors qu’il n’a signé, ce mercredi 12 octobre, qu’une convention qui est un simple renouvellement, du bout des doigts, de l’alliance de Tilsit.
    — J’ai signé en fermant les yeux pour ne pas voir dans l’avenir, murmure Napoléon à Berthier.
    Mais il connaît ce futur.
    Il a proposé à Alexandre d’adresser une lettre à George III, roi d’Angleterre. Il en choisit les termes : « La paix est donc à la fois dans l’intérêt des peuples du Continent comme dans l’intérêt des peuples de Grande-Bretagne », il faut mettre fin à la « guerre longue et sanglante » pour le « bonheur de l’Europe ».
    Des mots que l’Angleterre rejettera.
     
    C’est le vendredi 14 octobre 1808.
    Il chevauche aux côtés d’Alexandre sur la route de Weimar. Il regarde autour de lui les états-majors qui caracolent. Les troupes rendent les honneurs. Il entend dans le

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