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Néron

Néron

Titel: Néron Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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auxquels il lui avait été donné d’assister.
    — Serenus, Serenus, sois-moi fidèle ! grommelait-il en s’éloignant.
     
    C’était le neuvième jour avant les calendes de février, vers la septième heure, alors que la nuit avait déjà recouvert Rome.
    Dans l’un des couloirs du palais, des conjurés attendaient Caligula, le glaive et le poignard à la main.
    Le tribun d’une cohorte prétorienne, Cassius Chaera, que l’empereur avait persécuté chaque jour et humilié, le frappa le premier au cou sans réussir à l’égorger. Un autre tribun, Cornélius Sabinus, lui transperça la poitrine. Mais Caligula, étendu sur le marbre, ensanglanté, criait qu’il était encore vivant. Les autres conjurés se précipitèrent sur lui et le frappèrent de trente coups, certains même lui enfonçant leur glaive dans les parties honteuses.
    La haine contre lui, le désir de se venger de toute la peur qu’il avait répandue et des crimes qu’il avait commis en moins de quatre années de règne étaient tels qu’un centurion tua sa femme d’un coup de glaive et qu’on écrasa sa fille contre un mur.
    Je me suis aussitôt rendu chez Lepida, la tante de l’enfant.
    Claude, l’oncle de Caligula et d’Agrippine, venait d’être désigné pour succéder à l’empereur. Les prétoriens l’avaient porté en triomphe et, pour les remercier, il avait fait verser à chaque soldat quinze mille sesterces. C’était la première fois dans l’histoire de Rome qu’on récompensait de la sorte les hommes d’armes, faiseurs d’empereurs.
    J’ai vu l’enfant entouré de ses nourrices, Eglogé et Alexandra, du barbier et du danseur, maîtres de son éducation. J’ai voulu les rassurer en leur annonçant que, parmi les premières mesures qu’avaient édictées l’empereur Claude, figurait l’autorisation donnée à Agrippine de rentrer à Rome et la levée du séquestre sur ses biens. Son fils allait connaître la richesse et sa mère pourrait veiller sur lui.
    J’ai parlé à cet enfant de quatre ans comme s’il avait déjà été revêtu de sa toge virile, tant j’avais l’impression qu’il comprenait tout ce que je lui disais. Son visage exprimait une attention aiguë puis, tout à coup, une joie intense, vite disparue, et son regard à nouveau se chargeait d’anxiété.
     
    Dans les mois qui ont suivi, j’ai souvent repensé à ce regard d’enfant qui s’était voilé comme s’il avait pressenti qu’il serait toujours menacé, que le monde dans lequel il entrait était tissé d’intrigues et de jalousies, déchiré par les rivalités, ensanglanté de crimes.
    Autour de lui, comme une tigresse flairant une proie, tournait Messaline, l’épouse de Claude, qui venait de mettre bas un fils qu’au jour de la purification on avait nommé Britannicus. Messaline voyait dans le fils d’Agrippine un rival du sien ; quant à celle-ci, elle avait accueilli la naissance de Britannicus comme une calamité écartant un peu plus son fils du pouvoir dont elle rêvait pour lui.
    Je la voyais, allant d’un puissant à l’autre, étendant sa trame, épousant un sénateur riche et influent, Crispus Passienus, qui avait été l’époux d’une des tantes de l’enfant. Et j’imaginais le fils d’Agrippine voyant ces hommes et ces femmes changer de rôle, entendant leurs éclats de voix, leurs menaces, sursautant quand des prétoriens envoyés par Claude faisaient irruption dans sa demeure, arrêtaient Livilla, la sœur d’Agrippine, accusée de conspirer contre l’empereur, puis menaçaient à son tour Agrippine, l’avertissaient qu’elle ne devait de conserver sa liberté qu’à la bonté de l’empereur et aux suppliques de son mari, Crispus Passienus.
    Comment l’enfant n’aurait-il pas été marqué, blessé par ces menaces, ces trahisons, ces conspirations, ces meurtres qui constituaient le quotidien de sa vie ?
    Quand je m’approchais de lui, il se réfugiait dans les bras de ses nourrices ou bien, au contraire, tentait de me séduire par un sourire, une chanson qu’il entonnait d’une voix fluette, comme s’il avait craint que son salut ne fut entre mes mains et que je vinsse vers lui pour le tuer.
    La rumeur, au palais impérial, assurait que Messaline, soucieuse des intérêts de son fils Britannicus, avait envoyé des gens de sa maison, esclaves et affranchis, pour étrangler l’enfant durant son sommeil. Mais, lorsque les assassins s’étaient approchés, ils avaient vu surgir du

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