Odyssée
l'origine de son malheur. Et le brave fils de Ménoitios dit le premier :
- Pourquoi m'appelles-tu, Akhilleus ? que veux-tu de moi ?
Et Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :
- Divin Ménoitiade, très-cher à mon ‚me, j'espère maintenant que les Akhaiens ne tarderont pas à tomber suppliants à mes genoux, car une intolérable nécessité les assiège. Va donc, Patroklos cher à Zeus, et demande à Nestôr quel est le guerrier blessé qu'il ramène du combat. Il ressemble à l'Asklèpiade Makhaôn, mais je n'ai point vu son visage, et les chevaux l'ont emporté rapidement.
Il parla ainsi, et Patroklos obéit à son cher compagnon, et il s'élança vers les tentes et les nefs des Akhaiens.
Et quand Nestôr et Makhaôn furent arrivés aux tentes du Nèlèide, ils sautèrent du char sur la terre nourricière. Et le serviteur du vieillard, Eurymèdôn, détela les chevaux. Et les deux Rois, ayant séché leur sueur au vent de la mer, entrèrent sous la tente et prirent des sièges, et Hékamèdè
aux beaux cheveux leur prépara à boire. Et Nestôr l'avait amenée de Ténédos qu'Akhilleus venait de détruire ; et c'était la fille du magnanime Arsinoos, et les Akhaiens l'avaient donnée au Nèlèide parce qu'il les surpassait tous par sa prudence.
Elle posa devant eux une belle table aux pieds de métal azuré, et, sur cette table, un bassin d'airain poli avec des oignons pour exciter à boire, et du miel vierge et de la farine sacrée ; puis, une très-belle coupe enrichie de clous d'or, que le vieillard avait apportée de ses demeures. Et cette coupe avait quatre anses et deux fonds, et, sur chaque anse, deux colombes d'or semblaient manger. Tout autre l'e˚t soulevée avec peine quand elle était remplie, mais le vieux Nestôr la soulevait facilement.
Et la jeune femme, semblable aux Déesses, prépara une boisson de vin de Praimneios, et sur ce vin elle r‚pa, avec de l'airain, du fromage de chèvre, qu'elle aspergea de blanche farine. Et, après ces préparatifs, elle invita les deux Rois à boire ; et ceux-ci, ayant bu et étanché la soif br˚lante, charmèrent leur repos en parlant tour à tour.
Et le divin Patroklos parut alors à l'entrée de la tente. Et le vieillard, l'ayant aperçu, se leva de son siège éclatant, le prit par la main et voulut le faire asseoir; mais Patroklos recula et lui dit:
- Je ne puis me reposer, divin vieillard, et tu ne me persuaderas pas. Il est terrible et irritable celui qui m'envoie te demander quel est le guerrier blessé que tu as ramené. Mais je le vois et je reconnais Makhaôn, prince des peuples. Maintenant je retournerai vers Akhilleus pour lui donner cette nouvelle, car tu sais, divin vieillard, combien il est impatient et prompt à accuser, même un innocent.
Et le cavalier Gérennien Nestôr lui répondit :
- Pourquoi Akhilleus a-t-il ainsi pitié des fils des Akhaiens que les traits ont percés ? Ignore-t-il donc le deuil qui enveloppe l'armée ? Déjà
les plus braves gisent sur leurs nefs, frappés ou blessés. Le robuste Tydéide Diomèdès est blessé, et Odysseus illustre par sa lance, et Agamemnôn. Une flèche a percé la cuisse d'Eurypylos, et c'est aussi une flèche qui a frappé Makhaôn que je viens de ramener du combat. Mais le brave Akhilleus n'a ni souci ni pitié des Danaens. Attend-il que les nefs rapides soient en proie aux flammes, malgré les Argiens, et que ceux-ci périssent jusqu'au dernier ? Je n'ai plus la force qui animait autrefois mes membres agiles. Pl˚t aux Dieux que je fusse florissant de jeunesse et de vigueur, comme au temps o˘ une dissension s'éleva entre nous et les …
lidiens, à cause d'un enlèvement de boeufs, quand tuai le robuste Hypeirokhide Itymoneus qui habitait Elis, et dont j'enlevai les boeufs par représailles. Et il les défendait, mais je le frappai d'un coup de lance, aux premiers rangs, et il tomba. Et ses tribus sauvages s'enfuirent en tumulte, et nous enlev‚mes un grand butin : cinquante troupeaux de boeufs, autant de brebis, autant de porcs et autant de chèvres, cent cinquante cavales baies et leurs nombreux poulains. Et nous les conduisimes, pendant la nuit, dans Pylos, la ville de Nèleus. Et Nèleus se réjouit dans son coeur, parce que j'avais fait toutes ces choses, ayant combattu pour la première fois. Et, au lever du jour, les hérauts convoquèrent ceux dont les troupeaux avaient été emmenés dans la fertile …lis ; et les chefs Pyliens, s'étant réunis, partagèrent le
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