Oeuvres de Napoléon Bonaparte, TOME III.
toute la journée du 19, et a porté son avant-garde jusqu'à deux lieues de Munich.
Les bagages de plusieurs généraux autrichiens sont tombés au pouvoir de ses troupes légères. Il a fait une centaine de prisonniers de différens régimens.
Le maréchal Davoust s'est porté à Dachau.
Son avant-garde est arrivée à Moisach. Les hussards de Blankenstein ont été mis en désordre par ses chasseurs ; dans différens engagemens il a fait une soixantaine d'hommes à cheval prisonniers.
Le prince Murat, avec la réserve de cavalerie et les corps des maréchaux Ney et Lannes, s'est placé vis à vis de l'armée ennemie, dont la gauche occupe Ulm et la droite Memmingen.
Le maréchal Ney est à cheval sur le Danube, vis à vis Ulm.
Le maréchal Lannes est à Weissenhorn.
Le général Marmont se met en marche forcée pour prendre position sur la hauteur d'Illersheim ; et le maréchal Soult déborde de Memmingen la droite de l'ennemi.
La garde impériale est-partie d'Augsbourg pour se rendre à Burgau, où l'empereur sera probablement cette nuit.
Une affaire décisive va avoir lieu. L'armée autrichienne a presque toutes ses communications coupées. Elle se trouve à peu près dans la même position que l'armée de Mélas à Marengo.
L'empereur était sur le pont de Lech lorsque le corps d'armée du général Marmont a défilé. Il a fait former en cercle chaque régiment, lui a parte de la situation de l'ennemi, de l'imminence d'une grande bataille, de la confiance qu'il avait en eux. Cette harangue avait lieu pendant un temps affreux ; il tombait une neige abondante et la troupe avait de la boue jusqu'aux genoux et éprouvait un froid excessif ; mais les paroles de l'empereur étaient de flamme. En l'écoutant, le soldat oubliait ses fatigues et ses privations, et était impatient de voir arriver l'heure du combat.
Le maréchal Bernadotte est arrivé a Munich le 20, a six heures du matin.
Il a fait huit cents prisonniers et s'est mis à la poursuite de l'ennemi ; le prince Ferdinand se trouvait à Munich. Il paraît que ce prince avait abandonné son armée de l'Iller.
Jamais plus d'événemens ne se décideront en moins de temps. Avant quinze jours les destins de la campagne et des armées autrichiennes et russes seront fixés.
Elchingen, le 23 vendémiaire an 14 (16 octobre 1805).
Cinquième bulletin (Bis) de la grande armée.
Aux combats de Wertingen et de Günzbourg ont succédé des faits d'une aussi haute importance, les combats d'Albeck, d'Elchingen, les prises d'Ulm et de Memmingen.
Le général Soult arriva le 21 devant Memmingen, cerna sur-le-champ la place ; et après différens pourparlers, le commandant Capitula.
Neuf bataillons, dont deux de grenadiers, faits prisonniers, un général-major, trois colonels, plusieurs officiers supérieurs, dix pièces de canon, beaucoup de bagages et de munitions de toute espèce ont été le résultat de cette affaire. Tous les prisonniers ont été au même moment dirigés sur le quartier-général.
Au même instant le maréchal Soult s'est mis en marche pour Ochsenhausen, pour arriver sur Biberach et être en mesure de couper la seule retraite qui restait à l'archiduc Ferdinand.
D'un autre côté, l'ennemi fit le 19 une sortie du côté d'Ulm, et attaqua la division Dupont, qui occupait la position d'Albeck. Le combat fut des plus opiniâtres. Cernés par vingt-cinq mille hommes, ces six mille braves firent face à tout et firent quinze cents prisonniers. Ces corps ne devaient s'étonner de rien : c'étaient les neuvième léger, trente-deuxième, soixante-neuvième et soixante-seizième de ligne.
Le 21, l'empereur se porta de sa personne au camp devant Ulm, et ordonna l'investissement de l'armée ennemie. La première opération a été de s'emparer du pont et de la position d'Elchingen.
Le 22, à la pointe du jour, le maréchal Ney passa ce pont, à la tête de la division Loison. L'ennemi lui disputait la position d'Elchingen avec seize mille hommes ; il fut culbuté partout, perdit trois mille hommes faits prisonniers, un général-major, et fut poursuivi jusque dans ses retranchemens.
Le maréchal Lannes occupa les petites hauteurs qui dominent la place au-dessus de Pfoël. Les tirailleurs enlevèrent la tête du pont d'Ulm ; le désordre fut extrême dans toute la place. Dans ce moment, le prince Murat faisait manoeuvrer les divisions Klein et Beaumont, qui partout mettaient en déroute la cavalerie ennemie.
Le 22, le général Marmont occupait les
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