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Vers l'orient

Vers l'orient

Titel: Vers l'orient Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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difficile à mâcher, avec pour boisson un cha de couleur verte qui
avait toujours un inexplicable arrière-goût de poisson. Mais, bon hôte, Iqbal
faisait de son mieux pour bousculer cette monotonie dès qu’il en avait la
possibilité : chaque vendredi du sabbat musulman et lors des fêtes
musulmanes qui tombèrent au cours de l’hiver. Je ne sais trop ce qu’elles
célébraient (elles s’appelaient Zu-l-Hegged et Yom Achoura), mais,
en ces occasions, nous avions du bœuf à la place du mouton et un riz dit pilaf,
coloré en rouge, en jaune ou en bleu. L’on nous proposait aussi parfois une
sorte de préparation frite fourrée à la viande, appelée samoussa, et un sharbat de neige parfumé à la pistache ou au santal. Une fois (une seule, mais je
crois encore en sentir le goût), on nous servit comme dessert un pudding au
gingembre pilé et à l’ail.
    Comme rien ne nous empêchait de goûter à toutes les
spécialités culinaires d’autres nationalités et religions, nous ne nous
privâmes pas de le faire aussi fréquemment que possible. La foule des autres
marchands caravaniers logeait dans les bâtiments annexes du caravansérail et le
village de tentes situé tout autour. Ces gens étaient de nationalités, de
coutumes et de langues fort variées. Il y avait des Persans, des marchands
arabes, des Pachtouns négociants en chevaux venus comme nous de l’ouest, des
Rusniaques blonds et bien en chair qui arrivaient du nord le plus lointain et
de solides Tadjiks hirsutes venus du nord plus proche. Des Bho au visage écrasé
arrivaient pour leur part des hautes terres situées à l’est, de ce qu’ils
appelaient dans leur langage le To-Bhot, et l’on voyait également des Hindous à
peau sombre ou des Tamil Cholas issus du sud de l’Inde. Venus d’un sud plus
rapproché, des Hunzukut et des Kalash aux yeux gris et aux cheveux de sable,
sans compter des Juifs de provenance indéterminée, et quantité d’autres encore.
C’est ce mélange de races qui faisait de Buzai Gumbad une véritable petite
ville (durant l’hiver, tout au moins), et chacun faisait de son mieux pour la
rendre vivable et bien tenue. Je dois le souligner, je vis là une communauté
plus fraternelle et plus unie que bien d’autres, pourtant installées de façon
permanente, que j’avais pu connaître auparavant.
    Quel que soit le repas, on pouvait aller s’asseoir
autour du feu de n’importe quelle famille et l’on était le bienvenu (même quand
tous ne parlaient pas le même langage). Tous les foyers pratiquaient cette
hospitalité de principe à l’égard de tout nouvel arrivant. Quand vint la fin de
l’hiver, je crois bien que nous autres Polo avions testé la quasi-totalité des
nourritures servies à Buzai Gumbad. Comme nous ne cuisinions pas nous-mêmes,
nous avions invité le même nombre d’étrangers aux repas proposés par Iqbal dans
sa salle à manger. En plus de nous procurer des expériences gustatives
mémorables – les unes pour leur délicieuse saveur, les autres par leur goût
abominable –, cette vie en communauté avait d’autres bons aspects. Presque
chaque jour, l’un des groupes organisait une festivité quelconque, et c’était
avec plaisir qu’ils accueillaient toute personne désireuse de se joindre à
leurs chants ou à leurs danses, à écouter leur musique ou à participer à leurs
compétitions sportives. Tout n’était pas festif cependant, et il arrivait aussi
que l’on partageât des moments plus solennels. Chacun ayant ses propres lois et
coutumes, il avait été désigné un collège composé de membres représentatifs de
toutes les couleurs, langues et religions présentes. Institué en cour de
justice, il statuait sur les plaintes déposées pour chapardage, violation de
domicile et autres petits délits susceptibles de troubler la quiétude générale.
    Si j’ai mentionné dans la foulée la cour de justice et
les festivités, c’est qu’un incident que je trouvai amusant liait entre eux ces
sujets. Les gens du peuple Kalash, réputés pour leur beauté, sont en général
irritables et querelleurs, mais seulement entre eux, et cela ne va jamais
jusqu’à la férocité. Souvent, leurs disputes s’achèvent par de grands éclats de
rire. Ce sont aussi de bons vivants, gais et enjoués, très portés sur la
musique et dotés d’un nombre impressionnant de danses – le kikli ou le dhamal
– auxquelles ils s’adonnent presque chaque jour. L’une d’elles, le luddi, restera

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