1943-Le souffle de la victoire
douleurs.
C’est le prix à payer pour le Débarquement, la Libération. On
écoute Radio-Londres. On vomit l’occupant et ses sbires criminels qui se
prétendent encore français.
Le maréchal Pétain, lui, dévide l’écheveau de ses
capitulations.
Dans une lettre du 11 décembre 1943, il assure à M. le
chancelier Hitler qu’il soutiendra tout gouvernement « qui pourra
reprendre en main le pays ».
Il accepte donc le gouvernement de Pierre Laval qui
comportera les « Ultras » de la Collaboration, Déat, Doriot, Philippe
Henriot.
« Je ne puis avoir, monsieur le Chancelier, poursuit
Pétain, d’autre politique que celle que je viens de définir. Par la lutte
contre le communisme et le terrorisme, elle contribue à la défense de la
civilisation occidentale. Elle est la seule de nature à sauvegarder les chances
de cette réconciliation de nos deux peuples qui est la condition de la paix en
Europe et dans le monde. »
Le 18 décembre 1943, dans une seconde lettre au Führer,
le maréchal Pétain se soumet, sans retenue, aux exigences allemandes, puisque
Hitler ne s’est pas satisfait des formules générales de la lettre du 11 décembre.
« Monsieur le Chancelier,
« Comme suite à ma lettre du 11 décembre et au
désir que vous avez exprimé, je précise que les modifications des lois seront
désormais soumises avant la publication aux autorités allemandes. »
On ne peut aller plus loin dans la capitulation.
Ce 18 décembre 1943, Pétain a renoncé à être autre
chose qu’un vaincu, soumis aux ordres du Führer.
Le 19 décembre 1943, au Vélodrome d’Hiver, en ce lieu
même où avaient été rassemblés les Juifs au terme de la grande rafle du 16 juillet
1942, les « Ultras » – Marcel Déat, Philippe Henriot, Jacques
Doriot – en uniforme de la Milice ou des Waffen-SS tiennent meeting, sous
l’emblème de la croix gammée.
Ils invitent l’assistance à s’enrôler pour aller combattre
sur le front russe.
Ce même 19 décembre 1943, Pétain, pour la première fois
depuis la mi-novembre, assiste à la cérémonie du lever des couleurs. Quelques
dizaines de personnes surveillées par une section de gardes mobiles l’applaudissent.
Puis Pétain rentre à l’hôtel du Parc.
Tout, en mode mineur – aucune voix ne crie « Vive
le Maréchal » –, semble être rentré dans l’ordre.
Le 28 décembre arrive à Vichy l’Allemand Cecil von
Renthe-Fink.
Le Führer a exigé la présence, auprès de Pétain, de ce « délégué
spécial diplomatique ».
Ce « surveillant » doit contrôler tous les propos,
toutes les activités de celui qui fut maréchal de France.
De ce titre qui lui valut tant d’adhésions, Pétain ne garde
plus que l’uniforme et le képi.
40.
Pétain, en cette fin décembre 1943, n’est plus qu’un
fantoche.
Les Allemands dressent deux listes contenant les noms des
personnalités du gouvernement et de l’administration jugées indésirables par
les autorités d’occupation.
Les Allemands exigent le renvoi – et annoncent l’arrestation
et la déportation, pour certains d’entre eux – de plusieurs centaines de
hauts fonctionnaires (préfets, directeurs d’administration).
Après d’âpres négociations, Laval obtient d’Abetz que cette
liste soit réduite à quarante noms ! Mais les généraux Laure et La Porte
Dutheil – proches de Pétain – sont arrêtés et promis par la Gestapo à
la déportation.
René Bousquet, secrétaire général de la Police, doit
abandonner son poste alors qu’il a été, collaborant directement avec les SS, l’un
des organisateurs de la grande rafle du Vél’ d’Hiv’ en juillet 1942.
En décembre 1943, il donne l’ordre à ses services de
détruire de nombreux dossiers. Bousquet sait qu’il va être arrêté par les
Allemands, et que son successeur est désigné.
Les Ultras entrent en effet au gouvernement.
Le Waffen-SS Joseph Darnand devient secrétaire général au
Maintien de l’Ordre.
Philippe Henriot, la « voix » des Ultras, le
propagandiste talentueux, est nommé secrétaire d’État à l’information et à la
Propagande.
Pétain n’a pas accepté l’entrée au gouvernement de Marcel
Déat – coupable d’avoir dans de nombreux éditoriaux fustigé les
attentistes de Vichy.
Mais ce n’est que partie remise puisque Pétain a décidé de
ne pas signer lui-même – or il est chef de l’État – les nominations
au
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