1943-Le souffle de la victoire
n’ont pas tenu compte de l’avertissement.
Les SS hurlent, et l’indicatrice désigne 22 garçons, les
« maquisards » : alignés face au mur, ils sont abattus à la
mitraillette.
Et alors que montent encore des cris et des gémissements de
l’amoncellement des corps, les Allemands mettent le feu à la salle des fêtes.
Ils attendent que celle-ci soit consumée pour regagner
Annemasse en emmenant les autres jeunes gens. Emprisonnés, leur identité ne
sera révélée à leurs familles qu’après plusieurs jours.
La dénonciatrice, connue seulement sous le sobriquet de « la
Marseillaise », a été arrêtée par les Allemands, pour donner le change, en
même temps que les jeunes gens. Libérée quelques jours plus tard, elle est
abattue par un Groupe Franc de la Résistance.
Tout au long du mois de décembre 1943, des patriotes sont
ainsi trahis, livrés, massacrés.
Mais l’élan n’est pas brisé. La nécessité et l’impatience
poussent vers le maquis les « réfractaires » au Service du Travail
Obligatoire.
« Souvent, le dimanche, dans cette France occupée, on
rencontre sur une route isolée du Vercors un autocar arrêté. On entend des
coups de feu : ce sont des volontaires des “compagnies civiles” qui
viennent de Grenoble, de Romans, de Die, faire leur instruction militaire sous
la direction des cadres du maquis.
« Des équipes volantes composées de professeurs, de
médecins, d’architectes, d’officiers de réserve, viennent dans les maquis faire
des conférences, tenir les maquisards au courant de la situation politique et
de la guerre, maintenir leur moral, briser leur isolement. »
Débarquement, insurrection nationale, Libération : les
mots enivrent les jeunes patriotes.
De Gaulle, le 24 décembre 1943, dans un discours
radiodiffusé à Alger, exalte leur engagement, unissant ensemble les résistants
et les soldats engagés aux côtés des Alliés, en Italie.
« Tous, ils sont notre peuple, le fier, le brave, le
grand peuple français dont nous sommes.
« Qu’importe, dans le drame présent, nos divergences et
nos partis. Estimons-nous ! Aidons-nous ! Aimons-nous ! »
Mais de Gaulle veut les avertir.
« Devant l’étoile de la Victoire qui brille maintenant
à l’horizon, Français, Françaises ! Unissons-nous pour les efforts
suprêmes ! Unissons-nous pour les suprêmes douleurs ! »
FIN
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[1] Voir Staline, la cour du Tsar rouge , par Simon
Sebag Montefiore, Paris, Éditions des Syrtes, 2005.
[2] Alias Caracalla, Paris, Gallimard, coll.
« Témoins », 2009.
[3] Cité par Saul Friedländer, Les Années
d’extermination. L’Allemagne nazie et les Juifs, 1939-1945 , Paris, Le
Seuil, 2008. Un livre essentiel.
[4] In Saul Friedländer, op. cit.
[5] Poème de Milosz, in Saul Friedländer, op.
cit.
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