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Aux armes, citoyens !

Aux armes, citoyens !

Titel: Aux armes, citoyens ! Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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ateliers :
    « Que l’on fasse ce que l’on voudra, les faubourgs ne s’en
mêleront plus. »
     
    Ce n’est plus avec le peuple et ce n’est pas dans la rue que
se décidera l’avenir de la nation.
    Bonaparte s’en convainc en écoutant Joseph dérouler l’écheveau
d’intrigues dans lesquelles sont impliqués quelques dizaines d’hommes.
    C’est entre eux que la partie se joue.
    C’est dans les salons, les états-majors, les Conseils
législatifs, que se règle désormais la question du pouvoir.
    C’est eux qu’il faut convaincre, entraîner, dominer, ou
écarter, et s’il le faut écraser.
     
    Bonaparte arrive à Paris, rue de la Victoire, le 16 octobre
1799,24 vendémiaire an VIII.
    Joséphine est absente, partie à sa rencontre, mais elle n’a
pas imaginé qu’il emprunterait la route du Bourbonnais.
    La mère, les sœurs, les frères, harcèlent Bonaparte.
    « Elle » l’a trompé ! « Elle » s’est
affichée avec celui-ci et celui-là. « Elle » est l’intime du
président du Directoire, Gohier.
    Il doit divorcer, répètent la mère, les frères, les sœurs.
     
    Mais Bonaparte entend aussi la voix de Collot, un
fournisseur aux armées, l’un de ces munitionnaires, de ces banquiers, tel
Ouvrard « roi de la Bourse », qui ont choisi de soutenir Bonaparte, qui
jugent qu’un coup d’État est nécessaire contre les anarchistes toujours prêts à
redresser leur tête jacobine, et les royalistes. Eux sont républicains « conservateurs » :
    « Vous n’êtes plus aux yeux de la France un mari de
Molière, dit Collot à Bonaparte. Il vous importe de ne pas débuter par un
ridicule. Votre grandeur disparaîtrait. »
    Bonaparte ne divorcera pas.
    Collot offre cinq cent mille francs pour la préparation du
coup d’État. Et Réal – l’adjoint de Fouché – annonce que le ministre de la
Police générale est prêt à une aide financière substantielle, destinée à
soutenir un projet qui sauverait la République du double péril, jacobin et royaliste.
    Et Bonaparte de répondre :
    « Ni bonnet rouge, ni talon rouge, je suis national. »
     
    La foule agglutinée rue de la Victoire, puis, dès le
lendemain 17 octobre 1799 (25 vendémiaire an VIII), devant le palais du
Luxembourg où il se rend pour rencontrer le Directoire en séance publique, l’acclame,
mêlant toujours les cris de « Vive Bonaparte ! » à ceux de « Vive
la République ! ».
    Bonaparte a choisi d’être en civil, le corps serré dans une
redingote verdâtre, un chapeau haut de forme couronnant cette tenue étrange. Il
porte, attaché par des cordons de soie, un cimeterre turc.
    On l’acclame alors qu’il baisse la tête, modeste au regard
flamboyant.
    Il montre son arme :
    « Citoyens Directeurs, dit-il, je jure qu’elle ne sera
jamais tirée que pour la défense de la République et celle de son gouvernement. »
     
    Il rentre rue de la Victoire.
    On vient à lui.
    Les membres de l’institut dont il est membre – archéologues,
mathématiciens, astronomes, chimistes, et naturellement Monge et Berthollet qui
sont rentrés avec lui d’Égypte – lui rendent visite.
    On loue son esprit éclairé. Il est allé saluer la vieille
Madame d’Helvétius. Il flatte Sieyès, son « confrère » de l’institut.
    « Nous n’avons pas de gouvernement, parce que nous n’avons
pas de Constitution, du moins celle qu’il nous faut, lui dit-il. C’est à votre
génie qu’il appartient de nous en donner une. »
    Peu à peu la trame de la « conspiration » se
resserre.
    La majorité du Conseil des Anciens est acquise. Lucien
Bonaparte vient d’être élu président du Conseil des Cinq-Cents. Fouché contrôle
la police, répond au Directeur Gohier qui s’inquiète :
    « S’il y avait conspiration, on en aurait la preuve
place de la Révolution où l’on serait fusillé. »
    Il y a pourtant quelques résistances qui s’ébauchent. Les
généraux jacobins – Jourdan – s’inquiètent de ces préparatifs. Ils ne
participeront pas au coup d’État.
    Il faudra contraindre Barras à démissionner, et c’est sans
doute lui qui répand des rumeurs, sur la fortune accumulée par Bonaparte en
Italie, ou sur le fait – comme on le lit dans le journal Le Messager – que
« Bonaparte n’est parti si précipitamment d’Égypte que pour échapper à une
sédition générale de son armée ».
    Il faut agir vite, prendre le pouvoir. Bonaparte sait que s’il
échoue, et même si

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