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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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intimité que crée l'instant paisible suivant un souper pris dans la quiétude. Plus rien, désormais, ne pouvait les menacer.
    Tout autour du village, les gens d'Armagnac avaient dressé leurs tentes, installé leurs bivouacs. Parfois, l'écho d'un galoubet arrivait jusqu'au vieux couvent bénédictin, sur le vent venu des grands causses.
    Catherine goûtait intensément cette paix si nouvelle, tellement inattendue. Elle n'avait pas sommeil, son évanouissement et le repos qui l'avait suivi ayant effacé sa fatigue. Pour la première fois, les choses avaient la couleur que, dans ses rêves, elle leur avait prêtée. Il n'y avait pas si longtemps que les chants et les danses des bonnes gens de Montsalvy avaient cessé car on avait célébré la fin des oiseaux de proie. Le pauvre Etienne, l'infortuné Carnaval de quelques heures, était venu, lui aussi, avec sa cabrette, pour dire merci, à sa façon. La paix merveilleuse d'une nuit semée d'étoiles, une vraie nuit de printemps chargée d'espoir et gorgée de sève en travail, enveloppait le village sorti du cauchemar.
    Soudain, Bernard d'Armagnac s'étira, bâillant à se décrocher la mâchoire. Son corps parut s'allonger démesurément.
    Puis il tourna vers Arnaud un regard languissant.

    — Que vas-tu faire maintenant ?
    Que puis-je faire ? répliqua Arnaud maussade. Reconstruire ? Le pays est exsangue, les terres appellent tous les bras et il n'est que temps de s'en occuper, puisque la guerre ravage tout. Enfin, tu oublies que je suis un rebelle et que mes terres ne m'appartiennent plus ! Il faut que l'Auvergne renaisse, ensuite seulement les châteaux détruits pourront resurgir... mais seulement quand les tours domineront autre chose qu'un désert et quand au pied des courtines pousseront les blés.
    — Alors?
    — Tu m'as dit que tu reprenais la guerre contre La Trémoille. Tu vas rejoindre le connétable de Richemont, Cadet Bernard. Richemont, comme le duc de Bourbon, mon suzerain, veut abattre la bête fauve. Le mieux, je pense, est de laisser les miens à la garde de l'abbé et de te suivre.
    — J'y ai songé, coupa Bernard. Mais j'ai mieux à t'offrir. Les tiens ne seraient pas en sûreté ici. L'abbé est vieux, le couvent antique et mal fortifié, les paysans à bout de souffle. J'ai pendu Valette, mais Villa- Andrado n'est pas loin et la nouvelle de la mort de son lieutenant va l'amener par ici. J'ai trop peu de monde pour t'en laisser. D'autre part, ta présence mettrait peut-être Richemont dans une situation délicate. Pour le Roi, tant que La Trémoille vit, tu es un rebelle, et Richemont le deviendrait en t'accueillant. La reine Yolande reviendra de Provence, sans doute, avec les beaux jours. Elle seule peut gagner ta partie. Je t'appellerai quand le moment sera venu...
    — Attendre ! Toujours attendre ! gronda Arnaud, qui s'était levé et arpentait nerveusement le sol dallé sous l'œil inquiet de Catherine. Je suis un guerrier, ; pas un homme de contemplation ! Que puis-je attendre ?
    — Que je t'appelle !
    — Je ne suis pas fait pour filer la quenouille en regardant l'horizon.
    Damné loup de montagne ! Je le sais bien ! Aussi vais-je t'offrir une quenouille en forme de fer de lance. Si je suis passé par ici, c'est que je me rendais à Carlat. Ma mère a, tu le sais, apporté cette vicomté dans notre famille lorsqu'elle a épousé mon père. Porte de la Haute-Auvergne et clef des vallées } du Sud, Carlat est gouvernée par un vieux soldat, Jean de Cabanes... trop vieux, hélas ! L'épée est lourde maintenant pour sa main affaiblie. Et l'évêque de Saint-Flour, qui est tout au duc de Bourgogne, regarde souvent du côté de Carlat en se léchant les babines. Nous ne pouvons laisser en danger le plus beau fleuron de la couronne de ma mère. Je voulais, en passant, nommer l'un de mes chevaliers gouverneur de Carlat, mais j'ai maintenant une meilleure idée : te confier la forteresse.
    Depuis qu'Arnaud avait commencé à réclamer sa part de combat le sang de Catherine avait couru plus vite dans ses veines, sonnant l'alarme. Le mot «forteresse » la fit exploser.
    — Encore des batailles ! Encore la guerre ! Ne pouvons-nous demeurer paisiblement ici, sur cette terre dont nous portons le nom, auprès de ces gens qui, tout à l'heure, voulaient mourir pour nous ? L'abbaye est assez grande pour nous contenir tous. Et je voudrais tant... tant un peu de paix !
    Sa voix se fêla sur le dernier mot et l'éclair moqueur qui s'était allumé

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