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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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montraient implacables dans la vengeance. Catherine se souvenait avoir entendu dire que le comte Jean IV portait, attaché à sa bannière, le ruban de peau que les gens de Bourgogne avaient levé sur le dos de son père lorsqu'il avait été massacré.
    Pourtant, ces mêmes féodaux redoutables tenaient cours d'amour et rimaient pour leurs belles et pour Notre-Dame les plus tendres vers...
    C'est à ce dernier talent familial que Cadet Bernard choisit de se référer. Offrant son poing fermé à la jeune femme, il l'aida à se remettre sur pied, puis, la menant jusqu'à une haute chaise sculptée et garnie de coussins, il chuchota galamment :
    — Belle comtesse, ce soir, je composerai sur le luth un sirventès en l'honneur de votre grâce, mais, pour l'heure présente, il me faut vous quitter, et vous priver du même coup de votre époux.
    — Où allez-vous donc ?
    Bernard d'Armagnac se redressa après avoir effleuré de ses lèvres les doigts de la jeune femme.
    — Faire justice ! Dans un instant, Valette sera pendu aux fourches patibulaires de l'abbaye. Il l'a amplement mérité.
    Ce n'est qu'un bandit. Il se targue de servir le roi Charles VII, mais, comme Villa- Andrado lui-même, il ne sert que La Trémoille... Or, je hais La Trémoille ! Reposez-vous en nous attendant. Vous êtes ici dans l'hostellerie de l'abbaye où les vôtres vont venir vous rejoindre.
    Il s'éloignait vers la porte, raflant son heaume posé sur un coffre au passage. Arnaud se pencha vers sa femme pour l'embrasser, mais elle s'accrocha à lui.
    — Gauthier ?... et le reste de la famille ?
    — Le Normand est aux mains du frère-physicien, sa blessure n'est pas grave. Et j'ai fait envoyer chercher ma mère, l'enfant... et tout le reste de la famille. Le vénérable abbé nous offre l'hospitalité. Maintenant, reste ici tranquillement. Tu as eu ton compte d'émotions.
    Il allait s'éloigner quand elle le retint. Elle venait de se souvenir de Morgane qu'elle avait laissée attachée dans le bois, derrière le bourg, et qui devait trouver le temps long.
    — Il faut aller la chercher, dit-elle, à moins qu'elle ne se soit sauvée.
    — J'irai moi-même, promit Arnaud, aussitôt que...
    Une cloche qui s'ébranlait dans le clocher proche acheva sa phrase mieux qu'il ne l'eût fait lui-même. Catherine tendit l'oreille. C'était de nouveau le glas, comme tout à l'heure. D'un glas à l'autre, tant de choses avaient changé ! Il ne s'était pas écoulé beaucoup d'heures et pourtant la jeune femme avait l'impression que des mois avaient passé depuis qu'elle avait quitté la métairie de Saturnin. Fermant les yeux, elle se laissa aller contre le dossier de son siège, laissant le son des cloches funèbres qui appelaient un bandit à son dernier voyage couler sur elle, sur la sécurité revenue, sur ses nerfs apaisés. Et, sans rancune, elle tendit ses mains froides au feu dont, un instant, elle avait cru périr.
    Ses longues jambes gainées de daim gris étendues devant lui, semelles posées sur les landiers et offertes au feu, Cadet Bernard sirotait son vin aux herbes avec un plaisir visible. Sous le rideau bistré des paupières, ses yeux verts, luisant de contentement, dénonçaient l'esprit en alerte. Penché en avant, les coudes aux genoux et les mains nouées, Arnaud le regardait sans rien dire. Quant à Catherine, tapie au fond de son haut fauteuil, elle attendait que s'achevât ce silence soudain qui menaçait de s'éterniser. Seul, l'éclatement d'une bûche, dans l'âtre, troublait de temps en temps le calme environnant l'hostellerie. Les moines de Montsalvy dormaient dans leurs cellules, attendant inconsciemment sous le poids de fatigue qui les écrasait la cloche de matines qui, au cœur profond de la nuit, les jetterait, les paupières clignotantes et la tête vide, ivres de sommeil, à la chapelle glaciale.
    Le souper avait été joyeux, copieux, car les réserves de l'abbaye étaient encore respectables, et s'était poursuivi tard dans la nuit. Isabelle de Montsalvy s'était retirée, depuis plus d'une heure, dans la cellule qu'on lui avait réservée, avec le petit Michel sur lequel elle veillait avec un soin jaloux, quasi maniaque, et qui faisait froncer les sourcils de Sara. Marie de Comborn s'était également retirée chez elle, sur un ordre bref d'Arnaud, suivie de près par Sara que Catherine avait chargée de surveiller discrètement la jeune fille. Maintenant, Catherine, Arnaud et leur sauveur étaient seuls, dans cette

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