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Belle Catherine

Belle Catherine

Titel: Belle Catherine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tellement toi qu'il fuit. Vois-tu, il arrive qu'un homme cherche à se fuir lui- i même. C'est alors beaucoup plus grave !
    Les étuves de Carlat étaient antiques et rudimentaires. Elles n'avaient rien de comparable avec les vastes salles, peintes et tendues de toiles brodées où les habitants des palais de Bourgogne se baignaient dans ces cuves d'étain poli ou d'argent ciselé. C'était seulement une salle basse et voûtée au centre de laquelle s'ouvrait une cuve de pierre. Auprès de la cuve un grand chaudron contenait l'eau qui chauffait à un trépied de fer disposé sous un trou d'aération. Dans un autre coin, une simple planche de bois posée sur des tréteaux servait de table de massage. Une rigole, creusée dans le sol et communiquant par un trou avec l'extérieur de la muraille, assurait la vidange. L'endroit était très obscur. On y descendait par trois marches taillées à même le roc et seul un pot à feu enchâssé dans un grillage de fer éclairait la pièce.
    Lorsque Catherine y parvint, la porte était entrouverte et la grosse fille, rouge et vigoureuse, qui remplissait les fonctions d'étuviste, se glissait tout juste au-dehors. Elle se trouva nez à nez avec la jeune femme, devint encore plus rouge.
    -- Où vas-tu ? demanda Catherine. On m'a dit que mon époux se baignait. A-t-il donc déjà fini ?
    La fille, avec un coup d'œil inquiet à la porte, devint encore plus rouge. Avant de répondre, elle s'éloigna de quelques pas.
    — Non, noble dame ! Il est là, tout au contraire.
    — Alors ?
    La baigneuse baissa le nez. Ses gros doigts tordaient nerveusement son tablier bleu trempé d'eau. Elle regarda Catherine en dessous, puis, très vite :
    — La demoiselle m'a donné une pièce d'argent pour que je lui cède la place quand monseigneur se fait oindre d'huile.
    Elle... elle s'était cachée derrière le gros pilier du fond.
    Le beau visage de Catherine rougit à son tour, mais de fureur, et la fille, apeurée, leva un bras d'un geste instinctif pour protéger sa tête contre les gifles éventuelles. La jeune femme se contenta de la chasser du doigt.
    — Va-t'en... et tiens ta langue !
    Elle fila sans demander son reste. Demeurée seule, Catherine s'approcha de la porte entrebâillée. À l'intérieur, aucun bruit ne se faisait entendre hormis celui de l'eau s'écoulant de la cuve. Catherine jeta un coup d'œil. Ce qu'elle vit lui fit serrer les poings, mais, au prix d'un violent effort, elle se contint, s'obligea au silence. Elle voulait voir ce qui allait se passer.
    Arnaud était étendu, à plat ventre, la tête enfouie dans ses bras croisés. Debout auprès de lui, Marie versait sur son dos l'huile contenue dans une fiole de verre bleu, puis, lentement, commençait à enduire tout son corps. Il ne bougeait pas.
    Les mains étroites et brunes de la jeune fille suivaient dévotieusement le contour des muscles qui, à la lumière rougeâtre du quinquet, prenaient un relief étrange. La peau luisait comme du satin brun. Et Catherine, hypnotisée, ne pouvait en détacher ses yeux. Elle avait une conscience aiguë, presque douloureuse, de ces mains caressantes se promenant sur le corps d'Arnaud. Les flammes de la torche faisaient briller les gouttes de sueur sur le visage et le cou de Marie. La respiration de la jeune fille devenait courte, haletante. La passion sensuelle que lui inspirait l'homme étendu devant elle éclatait si crûment que Catherine, labourée par la jalousie, grinça des dents. Elle vit Marie humecter du bout de la langue ses lèvres desséchées...
    Soudain, la jeune fille perdit la tête. Se penchant davantage, elle colla ses lèvres à l'épaule gauche d'Arnaud... Une flambée de fureur aveugle explosa dans la tête de Catherine à ce spectacle, la jeta en avant toutes griffes dehors. Arnaud, surpris, avait bondi, mais déjà Catherine était sur Marie, l'avait arrachée d'Arnaud et jetée à terre. Marie hurla, voulut se relever, mais Catherine se laissa tomber sur elle de tout son poids. Emportée par une frénésie primitive, venue du fond des âges, la jeune femme avait perdu tout contrôle d'elle-même. Elle s'était mise à marteler de ses petits poings le visage de sa rivale, visant les yeux, ou la gorge, cherchant à tuer. Une idée fixe possédait son cerveau surchauffé : détruire cette face insolente, éteindre ces yeux verts, écraser la vipère une bonne fois. Mais Marie avait récupéré et se défendait maintenant. La maigreur de la jeune fille

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