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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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vers les monts d'Auvergne, vers Michel et vers Montsalvy.
    Tout doucement, elle attira la jeune femme contre elle, nicha sa tête au creux de son épaule et caressa doucement la joue où glissait une larme.
    — N'en veuille pas à ta vieille Sara, Catherine. Elle donnerait sa vie et sa part de Paradis pour te voir heureuse. Elle t'aime comme la chair de sa chair. Mais, ajouta-t-elle avec un tremblement dans la voix, il faut que tu saches qu'elle a donné une part de son cœur à ton époux, à cet Arnaud pétri d'orgueil, de passion et de souffrance qu'elle a vu, une nuit, pleurer comme un enfant sur sa vie détruite, son amour condamné... Tu te souviens ?
    — Tais-toi ! sanglota Catherine. Tais-toi !... Tu sais bien qu'aucun homme ne prendra jamais sa place... que je ne pourrai jamais aimer personne comme je l'ai aimé... comme je l'aime encore.
    Certes, elle était sincère. Pourtant, elle ne pouvait chasser du fond de sa mémoire le reflet d'un sourire, l'éclat d'un regard bleu... Là-haut, dans sa tour, Marie Javelle sonna minuit. Doucement mais fermement, Sara conduisit Catherine jusqu'au lit. Le bouquet de roses, abandonné, demeura sur la table.
    Ce n'était plus d'amour qu'il devait être question, le lendemain soir, et Catherine n'y songeait même plus car l'heure d'agir approchait.
    Vers la fin de la journée, maître Agnelet était monté chez Catherine et, avec beaucoup de respect mais sans périphrases inutiles, lui avait appris qu'il viendrait la chercher sur le coup de minuit.
    — Où irons-nous ? demanda la jeune femme.
    — Pas loin d'ici, gracieuse dame. Au fond de ma cour exactement, mais je vous demanderai de faire le moins de bruit possible. Tous les habitants de cette auberge ne sont pas d'intelligence...
    — Je sais, maître Agnelet. Puis-je cependant vous demander si ceux que vous attendiez sont arrivés ?
    Tous, Madame. Messeigneurs de Loré et de Coétivy jouent aux échecs depuis hier matin et le seigneur de Bueil vient d'arriver en ville. Mais lui est monté au château...
    — Pourquoi donc ?
    — IL est le neveu du Grand Chambellan et, bien qu'il serve la reine Yolande, il est encore accepté. N'oubliez pas, noble dame, à minuit !...
    Le reste de la journée parut moins long à Catherine. Avant qu'il soit longtemps, elle serait fixée sur son sort définitif. Ou bien le complot réussissait et ce serait sans doute un jeu pour le jeune Charles d'Anjou de remplacer La Trémoille auprès du Roi. Ce serait alors le retour en grâce, le droit de vivre enfin à visage découvert et au grand jour. Ou bien le complot échouerait... Ce serait la mort pour tous, sans distinction de sexe ou de rang...
    Machinalement, dès que le couvre-feu eut sonné, Catherine s'approcha de la fenêtre mais ne l'ouvrit pas. D'ailleurs, Pierre de Brézé, cette nuit, ne jouerait pas les amoureux sous la fenêtre de sa belle. Il avait mieux à faire et c'est au milieu des autres chevaliers qu'elle le retrouverait. Catherine, d'ailleurs, se sentait trop tendue pour s'en préoccuper.
    Minuit venait de sonner quand un léger grattement à sa porte fit lever vivement la jeune femme qui, tout habillée, s'était assise au pied du lit où elle avait obligé Sara à se coucher. Elle alla ouvrir la porte, distingua une forme sombre sur le seuil. Tout était éteint dans la maison, les feux de cuisines avaient dû, comme chaque soir, être couverts de cendres, mais, dans la cour, la lune jetait une grande flaque laiteuse qui dessinait en noir les piliers de bois de la galerie et la silhouette de l'aubergiste qui, pour la circonstance, avait troqué ses atours immaculés pour un pourpoint de laine sombre. On n'entendait aucun bruit.

    Sans un mot, Agnelet prit Catherine par la main, la conduisit dans la cour et là, longeant les bâtiments pour ne pas traverser la zone éclairée, gagna le fond qui était constitué directement par le rocher d'où s'élevait la forteresse. Des bouquets de végétation en jaillissaient un peu partout, mais des trous sombres apparaissaient de loin en loin.
    — D'anciennes habitations troglodytes, chuchota Agnelet en voyant Catherine s'arrêter un instant pour regarder. Certaines sont encore habitées ; d'autres servent de caves, comme chez moi... ou de refuge.
    — Tout en parlant, il poussait une porte ronde, faite de grosses lattes de bois grossièrement équarries et qui fermait une entrée de grotte. La porte franchie, Agnelet prit une lampe à huile dans une anfractuosité de

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