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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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du visage.
    Encore eût-elle souhaité ternir l'éclat de ce visage même lorsqu'elle surprenait le regard admiratif de Kennedy, ou bien l'expression de dévouement passionné de son écuyer Gauthier posés sur lui... Aussi ne quittait-elle guère son voile de tête noir.
    Frère Étienne enveloppa d'un coup d'œil méditatif la mince silhouette dont les austères vêtements de drap noir ne parvenaient pas à masquer la grâce, le doux visage aux lèvres tendres que la douleur n'avait touché que pour l'idéaliser et le rendre plus émouvant, les longs yeux violets qui brûlaient de souffrance comme ils avaient dû brûler de passion. Et le bon moine se surprenait à s'interroger. Dieu n'avait-il vraiment créé, voulu pareille beauté que pour la laisser dépérir, étouffée sous des voiles de deuil au fond d'un vieux château des Monts d'Auvergne ? Si elle n'avait eu un fils de dix mois, Catherine de Montsalvy eût suivi sans hésiter, elle ne le lui avait pas caché, son époux bien-aimé chez les lépreux, se vouant volontairement à la pire des morts lentes. Et maintenant, Frère Étienne cherchait les mots qui sauraient percer cette armure de chagrin dont s'enveloppait la jeune femme. Que lui dire ? Parler de Dieu était inutile. Qu'importait Dieu à cette femme passionnément amoureuse d'un seul homme et qui avait hissé son amour, comme une idole, sur un autel secret. Pour Arnaud, pour l'époux auquel elle ne cesserait jamais d'appartenir corps et âme, Catherine eût choisi, joyeusement, et Satan et l'Enfer... Aussi fut-il très étonné de s'entendre dire :
    — Dame Catherine, il ne faut jamais désespérer de la Providence.
    Bien souvent, elle ne frappe ceux qu'elle aime que pour les mieux récompenser...
    La belle bouche triste eut un pli de dédain. Catherine haussa les épaules avec lassitude.

    — Que m'importent les récompenses. Que m'importe le Ciel dont, sans doute, vous allez me parler, Frère Étienne ? Si Dieu, par miracle, venait à moi je lui dirais : « Seigneur, vous êtes le Dieu Tout-Puissant.
    Rendez-moi mon époux... et prenez tout le reste, prenez même ma part de vie éternelle, mais rendez-le-moi ! »
    Intérieurement le moine se traita d'idiot, mais n'en prit pas moins l'air offusqué.
    — Madame, vous blasphémez ! Prenez tout le reste, diriez-vous ?
    Dans ce reste comprenez-vous votre fils ?
    Le mince visage encadré de toile blanche se tourna vers lui avec une sorte d'horreur.
    — Pourquoi dites-vous cela ? Pensez-vous que je n'aie point encore été assez éprouvée ? Certes non, je n'entendais point parler de mon fils, mais de toutes ces choses vaines telles que la puissance, la beauté... ou ceci !
    Du doigt elle désignait le tas scintillant sur la table. Elle s'en approcha brusquement, prit les joyaux à pleines mains, elle les éleva vers la lumière.
    — Il y a là de quoi acheter des provinces et, voici moins d'un an, je les eusse retrouvés avec bonheur pour les lui donner... à lui, mon époux ! Ils se fussent changés, entre ses mains, en une vie de bonheur, pour nous et pour nos gens. Maintenant... - Et les pierres, lentement, coulèrent de ses doigts en une cascade multicolore - ... ils ne sont plus que ce qu'ils sont, des joyaux, des pierres inertes.
    — Qui rendront vie et puissance à votre maison. Dame Catherine, trêve de philosophie amère ! Ce n'est pas uniquement pour vous rendre un trésor que je suis venu jusqu'ici. En fait, je vous suis envoyé. La reine Yolande vous demande.
    — Moi ? Je ne pensais pas que la Reine se souvînt encore de mon existence.
    — Elle n'oublie jamais personne, Madame... et moins encore ceux qui l'ont fidèlement servie ! Une chose est certaine : elle désire vous voir. Ne me demandez pas pourquoi, la Reine ne me l'a pas dit...
    encore que je puisse m'en douter.
    Les yeux sombres de Catherine dévisagèrent le moine. Il semblait que sa vie errante fût une étonnante fontaine de jouvence. Il n'avait pas changé. Son visage était toujours aussi rond, aussi frais et aussi candide. Mais Catherine avait tant souffert qu'elle en était venue à se méfier de tout. La plus angélique figure lui semblait receler une menace, même celle d'un vieil ami comme Frère Étienne.
    — Que vous a dit la Reine en vous envoyant vers moi, Frère Étienne ? Pouvez-vous me rapporter ses paroles ?
    Il hocha la tête affirmativement, mais son regard demeura accroché à celui de la jeune femme.
    Certes. « Il est des douleurs inapaisables, m'a

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