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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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regardaient avec embarras et une bouffée de colère gonfla la poitrine de Catherine. Ces hommes n'avaient plus à faire leur réputation de vaillance. Parmi les plus braves, ils étaient les meilleurs et, pourtant, aucun d'eux n'osait avancer, n'osait mettre sa vie en jeu contre celle de leur ennemi. Ils voulaient bien combattre au grand jour, aux clairs rayons du soleil de la gloire, dans le fracas des armes et le claquement soyeux des oriflammes, mais tuer dans l'ombre, frapper par surprise et tomber ensuite sous les coups des valets, cela, leur orgueil le repoussait de toutes ses forces. Peut- être aussi se jugeaient-ils trop importants pour le royaume, trop nécessaires à l'éclat des armes de France pour se ravaler au rang d'exécuteur de basses œuvres ? Ou peut-être qu'ils n'avaient pas assez souffert de La Trémoille ? Sinon, ils ne désireraient rien d'autre que sa vie, son sang... par tous les moyens ? Ils lui vouaient une haine sans chaleur et leur combat était celui de la politique, du désir noble mais froid d'arracher le pouvoir et la personne du Roi de ses mains indignes. Mais ce n'était pas sa haine à elle, cette fureur née de ses entrailles mêmes de femme désespérée, frustrée de tout ce qui avait été son unique raison de vivre. Ils étaient, ces hommes, seulement indésirables à la cour et certains avaient vu un de leur proche pâtir de La Trémoille, mais ils n'avaient pas vu leurs châteaux en flammes, leurs noms salis, leurs vies menacées et l'être qui leur était le plus cher retranché à tout jamais du nombre des vivants.
    Un goût de fiel emplit la bouche de Catherine tandis qu'une poussée de furieuse colère parcourait ses veines. Et, comme la voix grave de la Reine articulait, avec une pointe de mécontentement : «
    Enfin, messires, il faut tout de même décider de quelque plan », elle quitta son siège et vint s'agenouiller devant le trône.
    — S'il plaît à Votre Majesté, je suis prête, moi, à faire ce geste devant lequel reculent ces chevaliers ! Je n'ai plus rien à perdre, que la vie... et ce m'est fort peu de chose si je puis venger mon époux bien-aimé. Daignez seulement vous souvenir, Madame, que j'ai un fils et veiller sur lui.
    Un grondement de colère salua ses paroles. D'un même mouvement, les seigneurs s'étaient rapprochés des marches sur lesquelles Catherine était agenouillée et tous avaient crispé leur main sur la garde de leur épée.
    — Dieu me pardonne ! s'écria Pierre de Brézé d'une voix altérée.
    Je crois que Madame de Montsalvy nous prend pour des lâches ! Lui laisserons-nous, messeigneurs, de telles idées en tête ?
    De tous côtés jaillirent des protestations indignées que vinrent arracher brusquement quelques paroles prononcées d'une voix glaciale.
    Avec la permission de la Reine et celle de Monseigneur le Connétable, j'oserai dire, messeigneurs, que ceci ne sert à rien, que vous perdez votre temps et vos paroles ! Il ne s'agit point ici de disputer à qui montrera le plus d'héroïsme, mais de discuter froidement de la mort d'un homme et des moyens d'y parvenir. Or, aucun de ceux que j'ai entendu avancer jusqu'ici ne m'a paru bon.
    L'autorité tranquille de cette voix avait fait retourner Catherine. Le cercle des chevaliers s'ouvrit, livrant passage à l'homme que l'on avait nommé Tristan l'Hermite et qui occupait le poste assez modeste d'écuyer du connétable. La jeune femme le regarda plus attentivement tandis qu'il s'avançait. C'était un Flamand d'une trentaine d'années, blond avec des yeux d'azur pâle et le visage le plus froid le plus immobile que Catherine eût jamais vu. Pas un muscle n'y bougeait.
    Visage lourd, d'ailleurs, aux traits vulgaires, mais auquel sa totale impassibilité conférait une sorte de majesté. Il plia le genou devant la Reine, attendant la permission de poursuivre. Richemont consulta Yolande du regard puis dit :
    — La Reine permet que tu parles ! Qu'as-tu à dire ?
    — Ceci : le Grand Chambellan ne peut être atteint de l'extérieur puisqu'il ne sort pas, il faut donc que ce soit à l'intérieur et à l'intérieur d'une demeure royale, puisqu'il les a faites siennes et qu'il se retranche derrière leurs garnisons.
    — C'est tout juste ce que nous venons de dire, fit Jean de Bueil avec une grimace. Autrement dit, c'est impossible !
    — C'est impossible à Amboise, reprit Tristan l'Hermite sans se démonter. Parce que le gouverneur est à lui, mais ce serait possible dans un

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