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Catherine des grands chemins

Catherine des grands chemins

Titel: Catherine des grands chemins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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maintenir. De tout près, Catherine voyait son visage brun, grimaçant sous l'effort. Elle grinçait des dents et ses narines palpitaient comme celles d'un fauve qui flaire le sang. D'un mouvement brutal, elle rejeta en arrière Catherine qui poussa un cri de douleur. Dunicha, à pleines dents, avait mordu son bras, l'obligeant à desserrer sa prise. Elle se retrouva couchée sur le sol avec tout le poids de la Tzigane sur elle.
    Un réflexe lui fit saisir de nouveau le bras armé qui allait frapper, mais elle savait bien, maintenant, que l'autre allait avoir le dessus, qu'elle luttait pour rien, que la mort viendrait dans moins d'une minute. Elle pouvait la lire clairement dans le regard déjà triomphant de l'autre. Lentement, avec un éclat de rire haletant, la Tzigane se mit à lui tordre le bras en déplaçant sa main armée tandis que de l'autre elle saisissait Catherine à la gorge, cherchant déjà l'endroit où elle trancherait.
    Une imploration angoissée monta alors du cœur affolé de la malheureuse. Tout était fini pour elle. Ses forces étaient épuisées. Elle n'en pouvait plus ; aucun secours, elle le savait, ne lui viendrait de ce cercle impassible qui la regardait. Aucune voix ne s'élèverait pour retenir la main de Dunicha. Elle ferma les yeux.
    — Arnaud, murmura-t-elle..., mon amour !

    Son bras pliait déjà sous la douleur, quand une voix impérieuse éclata à ses oreilles :
    — Séparez ces femmes ! Immédiatement !
    Catherine crut entendre les cloches de Pâques sonnant la résurrection.
    Sa poitrine se dégonfla en un énorme soupir de gratitude qui eut pour écho le hurlement de rage de Dunicha que deux archers arrachaient brutalement à son adversaire. Deux autres, sans plus de douceur, remirent sur pied une Catherine titubante qui ne parvenait pas à croire à son bonheur. Les deux femmes se retrouvèrent face à face, mais, cette fois, maintenues par les poignes solides des hommes d'armes.
    Entre elles, un méprisant sourire aux lèvres, se tenait un homme de haute taille, somptueusement vêtu de velours vert et de brocart noir.
    Et la joie s'éteignit dans le cœur de Catherine, tandis que le soleil, lui sembla-t-il, devenait noir. Une folle terreur s'empara d'elle parce que le salut était pire encore que le danger : l'homme qui l'avait sauvée c'était Gilles de Rais !
    En une rapide vision, sa mémoire lui restitua les tours de Champtocé, les sombres horreurs de ce château maudit, l'abominable chasse à l'homme dont Gauthier avait failli être la victime, le bûcher où Gilles voulait faire monter Sara, enfin le visage révulsé du vieux Jean de Craon, la plainte déchirante de son orgueil écrasé, de son cœur humilié quand il avait découvert quel monstre était son petit-fils...
    Catherine songea que sous son déguisement misérable elle devait être méconnaissable, mais, comme les yeux noirs du maréchal s'attardaient, insolents et ironiques, sur son visage maculé de poussière, elle baissa la tête comme si elle avait honte de sa semi-nudité. La grossière chemise, en effet, avait beaucoup souffert durant la bataille... Cependant, Dunicha se tordait aux mains des archers et la voix de Gilles claqua :
    — Laissez aller celle-là et renvoyez-moi cette racaille d'Egypte dans ses tanières à coups de fouet.
    — Et cette femme, monseigneur ? demanda l'un des hommes qui tenaient Catherine.
    Le cœur de celle-ci manqua un battement quand la voix dédaigneuse ordonna :
    — Emmenez-la !
    La nuit était tombée, comme un rideau noir, quand Catherine étourdie se retrouva dans une chambre du donjon où les archers l'avaient poussée sans trop de douceur. Elle avait eu un mouvement de terreur lorsque ses gardiens l'avaient entraînée au centre du château, vers cette énorme tour, si haute que, de son couronnement, on pouvait apercevoir les toits de Tours, car elle avait craint d'être jetée dans une de ces basses-fosses affreuses dont elle avait fait l'expérience à Rouen.
    Mais non, la pièce où elle se trouvait était vaste, bien meublée. Ses murs de pierre disparaissaient sous des tentures de toile brodée et des soieries orientales dans les tons rouge sombre et argent tandis que des coussins, jetés un peu partout, étoilaient de bleu le dallage timbré aux armes, pals rouge et or, de la famille d'Amboise, dépossédée depuis si peu de temps de son domaine par la volonté royale.
    Catherine résista à l'attraction du grand lit carré, tapi dans un coin, sous ses

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