Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Catherine et le temps d'aimer

Catherine et le temps d'aimer

Titel: Catherine et le temps d'aimer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
pèlerins furent poussés dans la ville et la herse retomba...
    Rageusement, Catherine secoua Hans qui paraissait frappé de stupeur.
    — Vite, partons ! Nous avons la place maintenant... Et puis nous pourrons peut-être le repêcher.
    — Qui ? fit Hans en levant sur elle un regard accablé.
    — Mais lui... Gerbert Bohat que ces misérables ont jeté à l'eau.
    Peut-être n'est-il pas mort...
    Docilement, Hans mit le chariot en marche. La route qui menait à Las Huelgas suivait, heureusement, le cours de l'Arlanzon. Josse avait quitté sa place, à l'arrière de la carriole, pour rejoindre les deux autres.
    Lui aussi avait les traits tirés, le regard un peu halluciné. Il balbutia :
    — Des pèlerins ! Des errants de Dieu qui demandaient seulement l'asile qui leur est dû !...
    — Je vous ai dit que les gens d'ici étaient des sauvages ! lança Hans avec une soudaine violence. Et don Martin est le pire de tous. Je pensais qu'après l'affaire de la cage vous n'en douteriez pas, mais il fallait le sang pour vous convaincre ! Vivement que je termine mon œuvre ici. Je rentrerai avec joie dans mon pays, au bord du Rhin... Un grand fleuve, un vrai ! Majestueux, grandiose ! Rien de comparable avec cette sale petite rivière !
    En silence, Catherine le laissa exhaler sa fureur. Les nerfs tendus du sculpteur en avaient besoin... Elle surveillait l'eau jaune, cherchant à retrouver le corps de Gerbert. Soudain, elle l'aperçut, longue forme noire dérivant au gré du flot boueux. Elle se dressa, tendit le bras.
    — Tenez ! Le voilà ! Arrêtez !
    — Il est mort ! fit Hans. Pourquoi s'arrêter ?
    — Parce qu'il n'est peut-être pas tout à fait mort. Et même s'il l'est, il a droit à une sépulture chrétienne.
    Hans haussa les épaules.
    —; Même l'eau sale vaut autant que la terre de ce pays pourri !
    Arrêtons-nous si vous y tenez.
    Il rangea le chariot le long du chemin défoncé. Aussitôt, Catherine fut à terre. Josse sur les talons, elle dégringola vers l'Arlanzon, l'atteignit à une courbe serrée vers laquelle le corps se dirigeait. Sans hésiter, Josse entra dans l'eau, attrapa Gerbert, l'amena à la rive. Aidé de Catherine, il le sortit de l'eau, l'étendit sur les cailloux de la berge. Le Clermontois avait les yeux clos, les narines pincées, les lèvres blanches et serrées, mais il respirait encore faiblement. À la poitrine, il portait une plaie profonde mais qui ne saignait plus. Josse hocha la tête.
    — Il n'en a plus pour longtemps ! Il n'y a rien à faire, dame Catherine. Il a perdu trop de sang !
    Sans répondre, elle s'assit à terre, posa la tête de Gerbert sur ses genoux avec une douceur infinie. Hans l'avait rejointe et, sans un mot, lui tendait une sorte de gourde en peau de chèvre qu'il avait accrochée à sa ceinture avant de quitter sa maison. Il y avait du vin dedans.
    Catherine en humecta les lèvres décolorées. Gerbert eut un frisson, ouvrit les yeux, les posa surpris sur la jeune femme.
    — Catherine ! balbutia-t-il... Vous êtes... morte, vous aussi...
    puisque je vous revois... J'ai tant pensé à vous !
    — Non. Je vis et vous vivez aussi ! Ne parlez pas !
    — Il le faut ! Vous avez raison... je le sens à ma souffrance, je vis encore, mais pour bien peu de temps ! Je... voudrais... un prêtre, pour ne pas... partir avec mon péché !
    Il fit un effort pitoyable pour se redresser, s'agrippant au bras de Catherine. Doucement, Josse s'agenouilla derrière lui, le souleva avec précaution. Il regarda les trois visages penchés sur lui, soupira :
    — Aucun de vous n'est prêtre, n'est-ce pas ?
    Catherine fit signe que non, retenant avec peine ses larmes. Gerbert essaya de sourire.
    Alors... c'est vous qui m'entendrez, Catherine... Vous trois ! Je vous ai chassée, condamnée à errer sans nous... parce que je croyais vous haïr... comme je haïssais toutes les femmes. Mais j'ai compris que, vous... ce n'était pas pareil ! Votre pensée... ne m'a plus quitté... et la route est devenue mon enfer !... A boire !... Encore un peu de vin !...
    Il me donne la force... Catherine le fit boire, doucement. Il eut une faiblesse mais se reprit, rouvrit les yeux.
    — Je vais mourir... et c'est bien ainsi ! Je n'étais pas digne...
    d'approcher le tombeau de l'Apôtre parce que... j'ai tué ma femme, Catherine !... Je l'ai tuée par jalousie... parce qu'elle en aimait un autre
    ! J'aurais voulu tuer toutes les femmes...

    Il se tut, se rejeta en arrière et Catherine, une fois

Weitere Kostenlose Bücher