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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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point de vue national et international, les positions, en réalité, sont prises. Et voici, à mon avis, comment ça se chiffre. Je prends d'abord les adversaires.
    « Ne voteront pas pour moi les professionnels de la gauche — je ne dis pas les hommes de gauche ou les hommes qui ont des tendances de gauche, les hommes qui sont pour le mouvement ou qui se font une certaine idée du progrès. Je veux dire les politiciens professionnels de la gauche, c'est-à-dire les partis avec leurs structures, le parti communiste, le parti socialiste, et le parti radical, et le PSU. Ceux-là ne voteront jamais pour moi. Je leur suis rédhibitoire et réciproquement. Ça se comprend d'ailleurs très bien.
    « Et j'en dirai autant pour les résidus historiques : le résidu historique de Vichy, qui est impénitent, et maintenant le résidu historique de l'Algérie française. Ce sont des résidus historiques qui ne pardonneront ni les faits ni leurs propres erreurs.
    « Alors, il reste le reste. Il y a des noyaux de politiciens professionnels qui, eux non plus, ne voteront jamais pour moi. Le professionnel MRP ne votera pas pour moi : jamais, jamais, jamais. Je ne dis pas qu'il votera toujours contre. Mais il ne votera jamais pour moi. De même le noyau de ce qu'on appelle "les Indépendants", c'est-à-dire d'une certaine bourgeoisie politique modérée, mais bien assise sur des circonscriptions, sur des intérêts, sur des méfiances, sur des partis pris. Ceux-là non plus ne voteront jamais pour moi. C'est viscéral. C'est ainsi.

    « Ceux qui sont pour de Gaulle à cause de la conjoncture »
    AP. — Mais ça ne fait pas une majorité, tout ça ?
    GdG. — Mais ça fait une très forte minorité, car les communistes sont capables d'entraîner — ils sont organisés pour entraîner — un nombre considérable de voix.
    AP. — 20 %.
    GdG. — Et les socialistes, là où ils sont établis, avec tous leurs moyens, leurs traditions, leurs habitudes, et les habitudes des électeurs, arrivent à entraîner encore un nombre appréciable de voix. Mettons, 10 % ou à peu près. Et les radicaux, avec des situations locales — on les connaît, on les voit bien —, dans les départements,dans les coins, ils arrivent encore à enlever un certain pourcentage de voix. Tout ça, ça fait le 32 % de Mitterrand au premier tour.
    « Alors, d'autre part, du côté gaulliste, si on peut dire, je n'aime pas beaucoup cette expression, il y a un certain nombre de Français qui ont pris parti pour de Gaulle et qui ne s'en déprendront pas. À mon avis, ça fait un tiers. C'est un tiers que j'ai toujours trouvé. Je n'ai jamais été assuré de plus, mais de ceux-là, j'ai toujours été assuré. Il y en a autant que ce qui est hostile à de Gaulle ou du côté de la gauche.
    « Et puis, il y a un certain nombre de gens qui ne sont pas pour de Gaulle de parti pris, mais qui sont pour de Gaulle à cause de la conjoncture. Ils se méfient de ce qui arriverait si de Gaulle n'était pas là. Ils se méfient de la gauche. Ils se méfient des vichystes qui restent. Ils trouvent que les MRP, c'est pas sérieux. Et alors, ils votent pour de Gaulle parce que, après tout, c'est le plus raisonnable. Mais ils pourraient très bien, s'il se présentait quelque chose de raisonnable, de puissant, de valable, voter pour cela plutôt que pour de Gaulle. C'est une question de conjoncture. Et ça, à mon avis, ça fait les 12 % de plus qui ont voté pour moi, au premier tour.
    AP. — Je me permets de vous dire que cette analyse ne tient pas compte des 30 ou 40 % de "mous" et d'indécis qui, au début de la campagne, étaient flottants, ou étaient plutôt pour vous, et qui, à la fin de la campagne, devant le déferlement des attaques, ont basculé du côté des oppositions. Alors qu'une campagne vigoureuse, acharnée, dans tout le pays, aurait pu, vraisemblablement, les décrocher et les faire basculer de l'autre côté.
    GdG. — C'est possible. Je n'en suis pas sûr. Mais enfin, c'est possible. Puisque je dis que, conjoncturellement, il y avait de mon côté, dès le premier tour, 10 ou 12 % qui ont voté pour moi pour des motifs conjoncturels, il y en a peut-être autant qui, alors qu'ils auraient pu voter pour moi, pour le même type de raisons, ne l'ont pas fait, et il est possible, en effet, que ces 12 % là aient été entraînés par la campagne.
    AP. — Enfin, je vous ferai parvenir cette analyse. Je crois qu'elle est importante pour les conclusions à tirer,

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