C'était de Gaulle, tome 3
élections de juin 1968, président de la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée. À quoi s'est ajoutée, en 1967, une sorte de mission particulière sur le Québec.
Même si le Général m'autorisa généreusement à continuer de prendre des notes pendant les Conseils des ministres, mes conversations avec lui ont pris pendant ces dernières années un nouveau tour. Elles ont abordé moins de sujets, mais elles ont pu les approfondir davantage.
Les élections du printemps 1967 marquent une césure politique, que respecte le plan de l'ouvrage. À une Assemblée où la majorité, nombreuse et fidèle, laisse les coudées franches à de Gaulle, succède une Assemblée où la majorité est ténue et fragile.
La sortie de l'OTAN, le réaménagement du Marché commun, le voyage en Russie, le discours de Phnom Penh, la présence du Général à un tir atomique à Mururoa sont les points forts de la première période. À travers la Recherche, je participe de près à cette affirmation nationale : l'informatique, les fusées, la coopération franco-soviétique, et surtout l'impatience du Général sur le secret de la bombe H...
L'ajournement de la seconde candidature anglaise à l'entrée dans le Marché commun, la guerre des Six Jours, l'appel au « Québec libre », le recours aux ordonnances pour faire passer les réformes, l'assombrissement de l'économie, la montée de la tension universitaire placent la seconde période sous le signe d'une tension, qui explose en mai.
Sur la crise de Mai 68, ses prodromes et son déroulement, on ne trouvera pas ici tout ce que le ministre de l'Éducation nationale de l'époque peut en dire. La matière est immense et ce pourrait être un ouvrage à part. Il s'agit ici, dans l'esprit de cette trilogie, de suivre la crise au sommet de l'État, telle que le général de Gaulle et son Premier ministre Georges Pompidou l'ont ressentie, commentée, conduite et terminée. Même si, pour aider le lecteur à comprendrel'action, la scène le transporte parfois ailleurs qu'à l'Élysée ou à Matignon.
Les propos, confidentiels jusqu'à ce jour, qu'on va lire sont tirés de mes notes, le plus souvent transcrites ou dictées le jour même. J'en ai contrôlé l'exactitude auprès des comptes rendus établis par les secrétaires généraux de l'Elysée et du gouvernement.
Rappelons toutefois que, seuls, peuvent être considérés comme engageant le général de Gaulle ses écrits ou déclarations publiés.
Les titres et intertitres, entre guillemets, sont tirés des propos du général de Gaulle, sauf quand ils sont précédés d'un autre nom (Pompidou, Malraux, etc.).
À l'intérieur des interventions des différents protagonistes, des parenthèses encadrent les commentaires de l'auteur.
Les épisodes relatés à chaud figurent en pleine page, avec mention de la date et du lieu de l'entretien. Les souvenirs, commentaires, précisions rédigés en 1998-1999 figurent en retrait (comme p. 67), sauf quand l'ensemble du chapitre est concerné.
Chacune des parties ou sous-parties de l'ouvrage est consacrée à l'un des grands thèmes de l'oeuvre extérieure ou intérieure du général de Gaulle. Les chapitres respectent la chronologie, c'est-à-dire le mouvement même de la réflexion et de l'action, dans le contexte où elles cherchent à s'affirmer.
Les propos du Général s'insèrent dans des circonstances qu'il fallait rendre sensibles au lecteur. En Conseil des ministres, le Général réagit à une communication, intervient dans un dialogue. Il ne pouvait être question de transcrire entièrement mes notes sur ces échanges, beaucoup plus riches et vifs qu'on ne l'imagine souvent, ni sur ces communications, dont chacune était un exercice politique à part entière. Des uns et des autres, je ne retiens que les quelques phrases qui vont susciter ou alimenter l'intervention du Général.
PROLOGUE
Chapitre 1
« COMMENT POURRAIS-JE, AU POINT OÙ J'EN SUIS, M'ATTENDRE À ÊTRE LÀ POUR SEPT ANS ? »
« Un autre septennat, ou soi-disant un autre »
Élysée , Salon doré 1 , 5 janvier 1966.
En conclusion du Conseil des ministres 2 , le Général a prononcé cette phrase mystérieuse : « Le Conseil est terminé ; le septennat aussi est terminé, un autre, ou soi-disant un autre, va commencer. »
« Soi-disant » : l'expression convient au puriste de la langue. C'est bien lui-même qui a soutenu qu'il se présentait pour sept ans. Il sait que la durée est la matière
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