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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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le mandat donné par le peuple au Président pour sept ans. Elles éclatent en 476 consultations locales. Elles sont dominées par les considérations catégorielles ou circonstancielles. Elles peuvent manifester une mauvaise humeur passagère. Elles ne sont pas une réponse unique à une question catégorique. Le Président doit pouvoir se tirer d'affaire, en remaniant son gouvernement avec des personnalités indépendantes, des commis de l'État, etc., et en mettant l'Assemblée au défi de le renverser. Et comme les députés ont horreur de risquer leur peau, ça les incitera à se tenir tranquilles. C'est seulement s'ils votent la censure que la dissolution devra intervenir.
    AP. — Et dans ce cas-là ?
    GdG. — Eh bien, si je perds, je partirai. Tout le monde sera bien prévenu. »
    Dans sa réponse, il n'a pas eu la moindre hésitation : sa doctrine est bien arrêtée. Elle a au moins l'avantage d'être cohérente et lumineuse.

    « La France restera souveraine »
    À Luxembourg, le 10 janvier 1966 , le Général gagne son bras de fer contre les fédéralistes et la supranationalité. Sans toucher au traité — les Parlements nationaux n'auraient pas ratifié une modification aussi profonde —, les Six conviennent par un gentlemen's agreement que la règle de la majorité ne sera pas opposable si l'un des pays estime que des intérêts nationaux très importants sont mis en cause par tel ou tel projet de décision 4 .

    À la fin du Conseil du 2 février 1966.
    Le Général dit en a parte à Michel Debré 5 , qui le félicite chaudement du résultat de Luxembourg, devant André Malraux et moi :
    « Hallstein et sa commission ont commis une erreur. Ils ont cru qu'ils pouvaient pousser les virtualités fédérales du traité de Rome, du fait que nous étions demandeurs pour le Marché commun agricole. Ils ont réussi à monter nos agriculteurs contre moi. Mais ils ne s'attendaient pas à ce que nous réagissions sans concession, malgré la proximité de l'élection présidentielle. Ils ne pensaient pas non plus que j'allais profiter de ces circonstances pour enterrer la perspective fédérale, au lieu de la laisser s'installer comme ils l'espéraient. Aujourd'hui, le Marché commun agricole est institué. Hallstein et sa commission ont disparu. La supranationalité a disparu. La France restera souveraine. »
    Sans cette victoire du 30 janvier 1966, qu'aurait valu à ses yeux celle du 19 décembre ?

    « On peut entrer au gouvernement, en sortir, y revenir »
    À la fin du Conseil du 5 janvier 1966, le Général conclut :
    « Le Conseil est terminé. Le septennat aussi est terminé. Un autre va commencer.

    « Il est normal qu'il y ait quelques changements dans la composition du gouvernement. Je demande à ceux que ces changements intéresseront (doux euphémisme) de considérer que, de toute façon, ce qu'ils ont fait ici aura été profondément apprécié. La vie politique est longue. Mais la vie politique ne se réduit pas à la vie ministérielle. On peut entrer au gouvernement, en sortir, y revenir. Il nefaut pas se targuer d'en être, il ne faut pas se désoler de n'en être pas. De toute façon, les ministres qui sont ici, autour de cette table, sont et resteront mes compagnons et mes amis.
    « Je vous remercie. »
    Autour de la table, l'émotion est d'autant plus forte que personne n'est tout à fait sûr de s'y rasseoir mercredi prochain — bien que tous, dans leur for intime, sachent qu'ils ont, depuis 1962, participé à un grand ministère. Le Général fait le tour, serre toutes les mains : c'est vrai, la vie gouvernementale, à la différence de la vie politique, on y entre, on en sort, on y revient, mais on reste compagnons et amis — on a partagé le même honneur.

    FIN DU DEUXIÈME TOME
    1 Le Général cite des villes où le scrutin a été très serré : ainsi, il a obtenu 4 061 voix à Cahors, contre 4 059 pour Mitterrand...
    2 Il a fallu se jeter sur le dictionnaire pour savoir qu'un certain Gessler fit planter sur la place du village d'Altdorf une perche surmontée d'un chapeau aux couleurs des Habsbourg, et exigea que les villageois saluent cet emblème. Guillaume Tell ayant refusé, Gessler l'obligea à percer d'une flèche une pomme placée sur la tête de son propre fils. Le « chapeau de Gessler », c'est l'insupportable hommage réclamé par l'ennemi.
    3 Ambassadeur de France en Côte-d'Ivoire.
    4 C'est le fameux « compromis de Luxembourg », qui survivra même à Maastricht.
    5

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