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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Ils ont fondu pour tomber à 43 %. C'est une leçon pour l'avenir.
    GdG. — Mais de toute façon, il devait y avoir une campagne. Avant qu'elle commence, beaucoup de gens n'avaient pas de griefs contre moi. Quand on leur demandait s'ils voteraient de Gaulle, alors qu'ils ne connaissaient personne contre lui, ça leur paraissait normal de répondre "oui". La question ne se posait pas. À partir du moment où elle s'est posée, ça devenait différent ; ce n'était plusune question de sentiment ; ça devenait une question politique. De toute façon, le pourcentage devait baisser. C'était forcé. »

    « Il faut donner des buts à la jeunesse »
    En me raccompagnant, le Général me dit : « Il va y avoir de petits changements. À vrai dire, je pensais à un plus grand changement. Les conditions dans lesquelles s'est déroulée l'élection ne me laissent pas une grande marge. »
    Le « plus grand changement », ç'aurait été évidemment celui du Premier ministre. La main sur la poignée de la porte, il reprend : « Ce qui apparaît, c'est le désir à peu près général d'un new deal , autrement dit d'un changement de style et d'objectifs, pour l'avenir proche et l'avenir lointain. Alors, le Mitterrand et le Lecanuet auraient été incapables d'atteindre les objectifs qu'ils faisaient miroiter, mais le fait même qu'ils les faisaient miroiter avait une certaine influence. La question, maintenant, c'est d'avoir un new deal à proposer, un grand but à donner.
    AP. — La constatation la plus préoccupante, c'est que la jeunesse n'a pas bien voté. La IV e République, pour elle, c'est du passé, elle ne sait pas ce que c'est ; c'est comme la prise de Constantinople.
    GdG. — Oui, c'est ça, c'est exactement ça. Il faut donner à la jeunesse des buts qui puissent lui communiquer un enthousiasme. La seule question, c'est le new deal , ce sont les objectifs nouveaux qu'il faut indiquer au pays, à la jeunesse. »
    Inlassable, le voilà qui grimpe à nouveau sur son cheval.

    « Quel homme serais-je , si je m'accrochais alors que le peuple me désavoue ? »
    Après le Conseil du 5 janvier 1966.
    «Ministre de la Recherche scientifique et des questions atomiques et spatiales. » Tel va être mon nouveau titre, qui va mettre fin à près de quatre ans d'intimité intellectuelle avec le Général. Pour notre dernière conversation détendue, je lui pose une question de fond qui me tracasse.
    AP : « Vous ne dissoudriez pas l'Assemblée ?
    GdG. — Pourquoi, grands dieux ?
    AP. — Dans la foulée de l'élection présidentielle, vous pourriez avoir une Assemblée toute neuve, où votre majorité se retrouverait, et nous aurions cinq ans de bon. Alors que, si nous attendons mars 67, la gauche aura le temps de se mobiliser, et le résultat devient aléatoire.
    GdG. — Je m'en garderai bien. Pour plusieurs raisons. D'abord, personne ne comprendrait cette dissolution. Comment la justifierdevant l'opinion ? Cette Assemblée a soutenu mon gouvernement sans faiblesse, et je la renverrais dans ses foyers ? Ce serait absurde. Ce serait immoral. Le Président ne lance pas la foudre par commodité, mais pour donner la parole au peuple. La dissolution est prévue pour cette seule raison : que le souverain puisse trancher un conflit entre le gouvernement et les députés. Où est le conflit?
    « Ensuite, parce que cette dissolution ferait coïncider les deux mandats. Elle ferait naître l'idée que le mandat présidentiel a besoin d'être validé par un vote législatif. Ne brouillons pas le tableau ! Il faut que les choses soient nettes et que le peuple y voie clair. Le pouvoir présidentiel a le pas.
    « Enfin, parce que ces élections législatives, aujourd'hui, rien ne prouve que nous les gagnerions. Et si nous les perdions, je n'aurais plus qu'à m'en aller.
    AP. — Parce que vous ne pourriez plus dissoudre pendant un an ?
    GdG. — Pas seulement ! Parce que, si je prenais l'initiative de dissoudre l'Assemblée et que les élections tournent à mon désavantage, je serais obligé d'en tirer aussitôt la leçon. Quel homme serais-je, si je m'accrochais alors que le peuple me désavoue ? De quelle autorité disposerais-je ?
    « Cela fait trois raisons, dont une suffirait.
    (Visiblement, il a réfléchi à la question. Il vient de la "vider" devant moi.)
    AP. — Mais si nous perdons les élections l'an prochain ?
    GdG. — Ce sera très différent. Des élections législatives qui arrivent à leur heure ne remettent pas en cause

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