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Gondoles de verre

Gondoles de verre

Titel: Gondoles de verre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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Zattere. Le propriétaire du bateau prétend l’avoir achetée à Kostolany il y a deux mois. Pour un prix modique, car il est probable qu’il s’agisse d’une copie.
    À présent, la reine paraissait troublée.
    — Dans ce cas, pourquoi Kostolany ne nous a-t-il pas dit qu’il avait vendu une copie de Marie-Madeleine il y a deux mois ?
    Le commissaire haussa les épaules.
    — Peut-être pour ne pas mettre en difficulté la personne à qui il l’avait achetée. Ou pour éviter d’avoir lui-même l’air ridicule. Je l’ignore. Tout comme j’ignore si le propriétaire du bateau dit la vérité.
    — De quel genre d’homme s’agit-il ? voulut-elle savoir.
    — Il s’agit du consul général de Russie. Le prince Troubetzkoï.
    — On le soupçonne ?
    Il hocha la tête.
    — C’est le moins qu’on puisse dire. Néanmoins, si le présent tableau était une copie, il serait hors de cause.
    — Voilà pourquoi vous voulez que je l’identifie ?
    Tron esquissa une révérence polie.
    — Vous me rendriez un immense service, Majesté.
    — Je n’arrive toujours pas tout à fait à vous suivre, commissaire. Comment voulez-vous qu’une copie soit parvenue à Venise ? Toute cette histoire me semble…
    La reine tourna subitement la tête vers la gauche car la porte du salon s’était ouverte d’un coup. Le colonel, qui avait dû traverser les couloirs de l’hôtel au pas de course, ne prit pas la peine de saluer. Les yeux rivés sur le Titien, il s’exclama, hors d’haleine : — Le portier m’a prévenu de votre visite, commissaire ! Et il m’a rapporté que votre sergent portait un paquet rectangulaire sous le bras !
    Il s’avança vers le tableau que Bossi tenait toujours devant lui et le fixa un instant sans sourciller. Enfin, il se tourna vers Tron.
    — Bon travail, commissaire, lâcha-t-il avec un sourire bref et martial.
    — Vous me félicitez peut-être trop tôt.
    — Pourquoi cela ?
    — L’homme chez qui le tableau a été retrouvé, intervint la reine, prétend qu’il s’agit d’une copie.
    — Qu’il dit avoir achetée chez Kostolany il y a deux mois, précisa Tron.
    — Chez Kostolany ?
    Le visage d’Orlov exprimait maintenant la surprise. Le commissaire hocha la tête.
    — Néanmoins, s’il s’agit ici de l’original, nous aurions la preuve que nous tenons l’assassin.
    Il se tourna vers la souveraine, toujours immobile devant le tableau, l’air perplexe.
    — Majesté ?
    Elle haussa les épaules dans un geste d’ignorance.
    — Je pense que c’est l’original. À ma connaissance, la seule copie existante se trouve à Rome.
    Le commissaire ne put cacher son étonnement.
    — Comment ? Il existe une copie de ce tableau ?
    — Elle était destinée à l’archiduc Maximilien, dit la reine. Le verso de la planche en tilleul comporte un cachet qui imite l’original, avec le sigle et le numéro d’inventaire dans les collections royales.
    Elle s’éclaircit la gorge avec nervosité.
    — L’archiduc devait se bercer de l’illusion qu’il détenait un original.
    Le commissaire jugea la formule ambiguë. Maximilien était-il ou non au courant de la nature exacte de son cadeau ?
    — Au bout du compte, poursuivit-elle de manière toujours aussi énigmatique, certaines raisons se sont opposées à ce projet.
    — On ne lui a donc pas offert la copie ?
    Elle secoua la tête.
    — Non. Lorsque nous avons quitté Rome, il y a six jours, celle-ci se trouvait toujours dans la chapelle du palais Farnèse.
    — Dans ce cas, il est exclu que Kostolany l’ait vendue il y a deux mois ! s’écria Tron. À moins que…
    D’un point de vue logique, même s’il ignorait dans quelles conditions l’œuvre avait été reproduite, il existait bien entendu une autre possibilité.
    — À quoi pensez-vous, commissaire ? s’enquit Marie-Sophie avec une impatience croissante.
    Tron n’était cependant pas encore disposé à satisfaire sa curiosité.
    — Qui a reproduit ce portrait de Marie-Madeleine à Rome ? l’interrogea-t-il.
    Le colonel répondit à sa place :
    — Un certain père Terenzio. Il travaille comme restaurateur pour la Curie et dispose d’un atelier dans la sacristie de Santa Maria sopra Minerva.
    Le visage d’Orlov exprimait l’agacement.
    — Pourquoi vous intéressez-vous au copiste, commissaire ?
    — Parce qu’il reste une autre hypothèse.
    Tron se doutait qu’elle ne les convaincrait guère. Pourtant, elle allait de soi.
    — Le copiste pourrait très bien

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