Guerre Des Gaules
la
Province, en direction de Narbonne. A cette nouvelle, César pensa
qu'il devait, de préférence à tout autre plan, partir pour
Narbonne. Il arrive, il rassure les courages ébranlés, place des
détachements chez les Rutènes de la province, chez les Volques
Arécomiques, chez les Tolosates et autour de Narbonne, toutes
régions qui confinaient au territoire ennemi ; il ordonne
qu'une partie des troupes de la province et les renforts qu'il a
amenés d'Italie se concentrent chez les Helviens, qui touchent aux
Arvernes.
8. Après avoir pris ces dispositions, comme
déjà Luctérios arrêtait son mouvement et même reculait, parce qu'il
trouvait dangereux de s'aventurer au milieu de nos détachements,
César part chez les Helviens. Les Cévennes, qui forment barrière
entre les Helviens et les Arvernes, étaient en cette saison, à
l'époque la plus rude de l'année, couvertes d'une neige très haute
qui interdisait le passage, néanmoins, les soldats fendent et
écartent la neige sur une profondeur de six pieds, et, le chemin
ainsi frayé au prix des plus grandes fatigues pour les hommes, on
débouche dans le pays des Arvernes. Cette arrivée inattendue les
frappe de stupeur, car ils se croyaient protégés par les Cévennes
comme par un rempart et jamais, à cette époque de l'année, on
n'avait vu personne, fût-ce un voyageur isolé, pouvoir en pratiquer
les sentiers ; alors César ordonne à ses cavaliers de rayonner
le plus loin possible en terrorisant l'ennemi le plus qu'ils
peuvent. Rapidement, par la rumeur publique, par des messagers,
Vercingétorix apprend ce qui se passe ; tous les Arvernes, au
comble de l'émotion, l'entourent, le pressent qu'il pense à
défendre leurs biens, qu'il ne laisse pas l'ennemi les piller
entièrement, surtout quand – il le voyait bien – tout le poids de
la guerre était pour eux. Cédant à leurs prières, il lève le camp
et quitte le pays des Bituriges pour se rendre chez les
Arvernes.
9. Mais César ne resta que deux jours sur
place : il avait prévu que Vercingétorix agirait effectivement
de la sorte ; sous prétexte d'aller chercher du renfort et de
la cavalerie, il quitte l'armée, laissant le commandement des
troupes au jeune Brutus : il lui recommande de faire des
incursions de cavalerie de tous côtés, et de les pousser le plus
loin possible ; quant à lui, il tâchera de n'être pas absent
plus de trois jours. Les choses ainsi réglées, il se dirige à
marches forcées vers Vienne, au grand étonnement de son escorte. Il
y trouve de la cavalerie fraîche, qu'il y avait envoyée un certain
temps auparavant, et, ne cessant de marcher ni jour ni nuit, se
dirige, à travers le pays des Héduens, vers celui des Lingons, où
deux légions hivernaient : il voulait, au cas où les Héduens
iraient jusqu'à tramer quelque plan contre sa vie, en prévenir, par
sa rapidité, l'exécution. Une fois arrivé, il envoie des ordres aux
autres légions et les concentre toutes sur un seul point avant que
les Arvernes aient pu apprendre qu'il était là. Quand il connaît la
situation, Vercingétorix, à nouveau, ramène son armée chez les
Bituriges, puis quitte leur territoire et se dispose à assiéger
Gorgobina, ville des Boïens : César les y avait établis après
les avoir vaincus dans la bataille contre les Helvètes, et il les
avait placés sous l'autorité des Héduens.
10. Cette manœuvre mettait César dans un grand
embarras : s'il gardait ses légions dans leurs quartiers
pendant le reste de l'hiver, il devait craindre que, ayant laissé
écraser un peuple qui était tributaire des Héduens, la Gaule
entière n'entrât en dissidence, puisqu'on verrait que ses amis ne
trouvaient en lui aucune protection ; s'il les faisait sortir
prématurément, il devait craindre d'avoir à souffrir du côté du
ravitaillement, par suite de la difficulté des transports. Il crut
qu'il valait mieux néanmoins tout supporter, plutôt que de
s'aliéner, en acceptant un tel affront, l'unanimité de ses
partisans. Il invite donc les Héduens à lui fournir des vivres, et
se fait précéder chez les Boïens d'une ambassade qui annoncera sa
venue et les exhortera à rester fidèles, à supporter vaillamment le
choc de l'ennemi. Laissant à Agédincum deux légions et les bagages
de toute l'armée, il se met en route pour le pays des Boïens.
11. Le second jour, il arriva devant
Vellaunodunum, ville des Sénons voulant ne pas laisser d'ennemi
derrière lui pour n'être pas
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