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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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contraints.

    Oubliant tout, et la potence prochaine et sa haine, sa rancœur et son humiliation, elle s'abandonna totalement, ne se rendit même pas compte qu'il avait déjà libéré ses poignets et qu'instinctivement, elle glissait ses bras au cou du jeune homme. Il parlait maintenant, d'une voix enrouée, à peine audible, une voix de rêve. Les lèvres contre son visage, il murmurait des mots d'amour passionnés, entrecoupés d'insultes, ne s'arrêtant que pour la couvrir de baisers. Les yeux clos, les lèvres entrouvertes, elle ne disait rien, le laissait délirer, se laissant elle-même emporter...
    Et le miracle eut lieu, le miracle qui naît comme une étincelle entre deux êtres destinés de tout temps l'un à l'autre, créés l'un pour l'autre. Catherine se donna comme jamais elle ne s'était donnée à aucun homme et reçut en échange une joie si puissante qu'elle n'en avait jamais soupçonné de semblable. Une joie qui effaçait tout et donnait, en une minute, le prix fabuleux d'une vie entière...
    Quand la vague de passion se retira, la laissant inerte et sans force sur la terre nue de sa prison, Catherine sentit qu'Arnaud l'abandonnait. Elle ouvrit les yeux, le vit se diriger d'un pas mal assuré vers la porte, sourit :
    — Arnaud..., appela-t-elle.
    À sa voix, il se retourna mais lentement, très lentement, comme à regret. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Aucun son n'en sortit. Alors très doucement, elle murmura :
    — Tu peux t'en aller... et moi, je peux mourir. Je sais maintenant que jamais plus tu ne m'oublieras.
    Avec un cri rauque, il fonça vers la porte, oubliant sa lanterne. Catherine entendit le bruit de sa course s'estomper dans les galeries de la prison.
    Craignant que les soldats de garde n'entrassent, elle se hâta de remettre ses vêtements, s'enfonça dans la paille et sombra dans le sommeil. Quand l'un des gardes entra pour récupérer la lanterne, il la trouva profondément endormie et en resta tout bête un bon moment.
    — Dormir comme ça quand on va être pendue dans quelques heures, confia-t-il un instant plus tard à son compagnon, ça suppose un rude courage. Et c'est une femme !
    En s'enfuyant de la prison de Catherine, Arnaud ne se doutait pas de la joie immense qu'il laissait derrière lui. Cette joie avait sorti la jeune femme d'elle-même, l'avait en quelque sorte arrachée à sa prison, à la crainte du sort affreux qui l'attendait pour la lancer en plein ciel bleu. Elle avait connu tant de bonheur en une seule heure qu'elle ne craignait même plus la mort. Le moine cordelier chargé de l'exhorter avait trouvé une femme entièrement détachée de tout et qui n'avait fait que très peu attention à lui. Indifférente, elle l'avait écouté lui parler de Dieu avec un demi-sourire inconscient qui avait scandalisé quelque peu le saint homme. Pitoul en pleurant était venu lui servir le meilleur repas qu'elle avait fait depuis longtemps, avec du pain blanc, de la viande fraîche et du vin : la veille un convoi de vivres amené par eau était entré dans la cité, protégé par la Pucelle en personne.
    — Quand je pense qu'elle va faire, ce soir même sans doute, son entrée et que vous ne la verrez pas ! larmoyait le brave homme.
    Et c'était Catherine qui avait dû réconforter son geôlier. La Pucelle lui importait fort peu, à elle qui allait mourir, car elle mourait heureuse.
    Cette étrange sérénité durait encore quand on la hissa, vers huit heures du soir, sur un tombereau qui servait d'ordinaire à enlever les ordures. Le cordelier prit place auprès d'elle et le bourreau monta derrière. Une escorte d'archers enveloppa l'équipage et l'on quitta le Chastelet. Vêtue d'une grossière chemise, la corde au cou, Catherine se laissait aller aux cahots du chemin sans résistance. Ses yeux agrandis étaient ceux d'une somnambule.
    Elle n'avait déjà plus l'air d'appartenir à cette terre.
    Le tombereau traversa le marché à la poulaille, désert à cette heure, et s'engagea dans la grande rue des Hostelleries. Cette large artère, avec ses auberges, florissantes en temps normal, et ses belles enseignes richement enluminées, offrait d'ordinaire une grande animation. Mais, ce soir, elle était à peu près vide. Toutes les maisons avaient leurs volets et les quelques rares passants se hâtaient tellement qu'ils n'accordèrent qu'une très faible attention au funèbre cortège. L'un des soldats d'escorte grogna :
    — Ils sont tous à la porte de

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