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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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d’Ostie, je me
consacre à l’étude de ce problème, déclara Pompée, et je crois que cet ennemi
unique réclame une réaction unique. L’occasion est aujourd’hui arrivée.
    Il frappa dans ses mains et deux esclaves apportèrent une
grande carte de la Méditerranée, qu’ils installèrent sur un support, près de
lui. Son auditoire se pencha en avant pour mieux voir – tous
distinguaient des lignes mystérieuses tracées verticalement sur la mer comme
sur la terre.
    — À partir de maintenant, la base de notre stratégie
doit être de combiner les sphères politique et militaire, exposa Pompée. Il
faut frapper avec tous les moyens dont nous disposons. Je propose, dit-il en
prenant une baguette pour en marteler le panneau peint, que nous divisions la
Méditerranée en quinze zones allant des colonnes d’Hercule, ici, à l’ouest,
jusqu’aux eaux égyptiennes et syriennes à l’est, chaque zone devant disposer de
son propre légat, qui sera chargé de nettoyer sa région des pirates et de
conclure des traités avec les dirigeants locaux pour s’assurer que les
vaisseaux des brigands ne puissent jamais revenir à leur base. Tout pirate
capturé devra être remis à une juridiction romaine. Tout dirigeant qui refusera
de coopérer sera considéré comme un ennemi de Rome. Ceux qui ne seront pas avec
nous seront contre nous. Ces quinze légats s’en remettront à un commandant
suprême qui aura autorité absolue sur l’ensemble du continent sur une distance
de cinquante milles à l’intérieur des terres. Je serai ce commandant.
    Il y eut un long silence. Ce fut Cicéron qui prit la parole :
    — Ton plan est des plus audacieux, Pompée, quoique l’on
puisse considérer que ce soit une réponse disproportionnée à la perte de
dix-neuf trirèmes. Tu as conscience qu’une telle concentration des pouvoirs
entre les mains d’un seul homme n’a jamais été proposée dans toute l’histoire
de la République ?
    — En fait, je m’en rends parfaitement compte, rétorqua
Pompée.
    Il s’efforçait de conserver un visage grave mais ne put s’empêcher
d’afficher un grand sourire. Bientôt, tout le monde riait, sauf Cicéron, qui
donnait l’impression que son monde venait de s’écrouler – ce qui, d’une
certaine façon, était le cas puisque, comme il le déclara plus tard, il s’agissait
bel et bien d’un plan visant à confier la domination du monde à un seul homme,
et il n’avait guère de doute sur la suite des événements.
    — Peut-être aurais-je dû m’en aller sur-le-champ, me
confia-t-il ensuite, sur le chemin du retour. C’est ce que ce pauvre Lucius si
honnête m’aurait pressé de faire. Mais avec ou sans moi, cela n’empêcherait pas
Pompée d’agir, et je n’aurais réussi qu’à me le mettre à dos, ce qui aurait
compromis mes chances d’obtenir la préture. Tout ce que j’entreprends
maintenant doit être considéré à travers le prisme de cette élection.
    Alors, bien sûr, il était resté tandis que la discussion s’éternisait
pendant des heures, passant de la grande stratégie aux petits détails
politiques. Le plan était que Gabinius devait déposer un projet de loi devant
le peuple romain dès qu’il aurait pris ses fonctions, soit dans une semaine, pour
préparer les pleins pouvoirs et ordonner qu’ils soient remis à Pompée ;
Cornélius et lui défieraient alors les autres tribuns de s’y opposer. (Il faut
se souvenir qu’au temps de la République, seule une assemblée populaire avait
le droit de promulguer les lois ; la voix du Sénat avait une influence
mais n’était en aucun cas décisive ; la tâche des sénateurs se limitait à
faire appliquer la volonté du peuple.)
    — Qu’en dis-tu, Cicéron ? demanda Pompée. Tu es
bien silencieux.
    — J’en dis que Rome a beaucoup de chance de pouvoir
faire appel à un homme d’une telle expérience et capable de voir aussi loin que
toi en cette période de grand danger, répondit prudemment Cicéron. Mais nous
devons être réalistes. Il y aura une grande résistance à cette proposition de
la part du Sénat. Les aristocrates en particulier diront qu’il n’y a rien de
plus derrière cette manœuvre qu’une prise du pouvoir déguisée en nécessité
patriotique.
    — Je proteste, assura Pompée.
    — Eh bien, tu peux protester autant que tu veux, mais
il faudra tout de même faire la preuve que ce n’est pas le cas, rétorqua
Cicéron, conscient que le plus sûr moyen de

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