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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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que j’avais
de plus intime avec le monde entier ? Cette visite en Islande avait été à
la fois stupéfiante et émouvante et j’avais ressenti comme un privilège que le
peuple islandais m’accueille avec autant de chaleur et d’enthousiasme. Voilà la
chose la plus étrange : c’étaient les mêmes aptitudes qui m’avaient tenu à
l’écart de mes pairs lorsque j’étais enfant et adolescent, qui m’avaient isolé
du reste du monde, qui m’aidaient désormais à communiquer avec d’autres
personnes, à l’âge adulte, et à me faire de nouveaux amis. Ces derniers mois
avaient été incroyables, et ce n’était pas fini.
    ~
    Un matin de printemps, l’année suivante, je
reçus un coup de téléphone de bonne heure qui m’apprit que j’étais invité à la
prochaine édition du Late Show with David Letterman. Discovery Science
Channel, qui avait diffusé Brainman pour la première fois aux États-Unis,
quelques semaines plus tôt, avait suggéré l’idée. La réaction au film avait été
très positive et nous avait même valu une critique détaillée dans le New
York Times . Bien que je n’aie jamais vu l’émission de Letterman auparavant,
je la connaissais de nom, je savais qu’elle existait depuis longtemps et qu’elle
était populaire. L’équipe de Discovery Science Channel proposait de me payer le
voyage à New York. On avait déjà prévu un programme pour moi, mais il fallait
que je parte dès cet après-midi pour enregistrer le lendemain.
    J’avais la chance que Neil travaille à la
maison et qu’il soit d’accord pour m’aider à faire mes bagages et m’emmener à l’aéroport.
La réservation avait été faite pour moi par Internet ; la seule chose qu’on
me demandait, c’était d’être prêt et de partir. La soudaineté de ce départ fut
une bonne chose parce que je n’eus pas le temps de m’angoisser. Au lieu de cela,
je me concentrai sur mes rituels : me laver, m’habiller, faire mon sac. Dans
la voiture, Neil essaya de me calmer en me disant de profiter de cette expérience
et d’être simplement moi-même.
    J’étais bien placé dans l’avion, mon
siège était confortable et je pus dormir pendant presque tout le trajet, ce qui
m’aida beaucoup. Arrivé à JFK, je suivis les autres passagers dans les couloirs
et nous arrivâmes aux services de l’immigration. Quand ce fut mon tour, je m’avançai
au guichet et tendis mon passeport. De l’autre côté de la vitre, l’homme me
demanda combien de temps je pensais rester aux États-Unis et je répondis :
« Deux jours. » Surpris, il releva la tête : « Seulement
deux jours ? » et je hochai la tête.
    Il me considéra un moment, immobile, puis
me rendit mon passeport et me fit signe de passer. Après avoir récupéré mon sac,
je me retrouvai dans le terminal de l’aéroport. Je vis un homme qui portait une
pancarte avec mon nom dessus. On m’avait dit qu’un chauffeur viendrait me chercher
à JFK et j’allai vers lui. Il prit mon sac et m’accompagna jusqu’à une voiture
longue, noire et brillante. Il me déposa à mon hôtel sur Central Park South et
repartit. Il y a peu de temps encore, j’aurais été terrifié à l’idée d’entrer
seul dans un hôtel, d’essayer de trouver ma chambre dans le dédale des couloirs
numérotés, de finalement me perdre irrémédiablement. Désormais j’étais habitué
aux hôtels et cela ne représentait plus un problème. Je récupérai mes clés, montai
jusqu’à ma chambre et allai me coucher.
    Le lendemain matin, je rencontrai une
représentante de Science Channel, Beth. Elle devait s’assurer que j’étais
habillé convenablement pour l’émission (des couleurs, rien de blanc et pas de
rayures), me rassurer et me mettre le plus à l’aise possible. Nous marchâmes
ensemble le long d’une série d’interminables rues affairées jusqu’au Ed
Sullivan Theater, un studio de télévision et de radio situé sur Broadway, au
1697, siège du Late Show depuis douze ans. Après avoir reçu un passe, je
fus accueilli par la production qui m’expliqua le déroulement de l’émission du
jour. Il n’y avait qu’un petit trajet depuis les loges jusqu’au plateau et une
seule marche avant de serrer la main de David et de m’asseoir. Les fauteuils
étaient larges et doux, mais il faisait très froid dans le studio. On m’expliqua
que David insistait pour que la température soit maintenue à 14°. J’espérais
simplement que je ne tremblerais

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