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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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les livres, les faits et les chiffres.
    En rentrant à la maison, plusieurs
pensées dont je n’arrivais pas à me départir m’envahissaient. Kim et moi avions
beaucoup en commun, mais le plus important avait été ce sentiment de complicité
entre nous. Nos vies avaient été très différentes, par beaucoup d’aspects, pourtant
nous étions liés, de manière particulière et rare. Cela nous avait aidés à nous
rapprocher et en ce jour, nous nous souvenons encore tous deux de l’extraordinaire
valeur de l’amitié. J’avais été ému par l’enthousiasme avec lequel son père et
lui m’avaient accueilli, par la façon dont ils s’étaient ouverts à moi et
avaient partagé candidement leur histoire. Le don particulier de Kim ne réside
pas que dans son cerveau, mais aussi dans son cœur, son humanité, sa capacité à
toucher la vie des autres d’une manière vraiment unique. Rencontrer Kim Peek
fut l’un des moments les plus heureux de ma vie.

12

À REYKJAVIK, À NEW YORK,
À LA MAISON
     
    Après mon retour en Angleterre, les
producteurs avaient encore un dernier défi pour moi : apprendre une
nouvelle langue en une semaine, en partant de rien et devant les caméras. Pendant
plusieurs mois, ils avaient fait des recherches et leur choix s’était finalement
porté sur l’islandais  – une langue à déclinaisons, en grande partie figée
depuis le XIII e siècle, comparable au vieil anglais et parlée
aujourd’hui par trois cent mille personnes environ. Ci-dessous un exemple écrit
pour se faire une idée :
    Mörður hér maður er kallaður var g í gja. Hann var sonur Sighvats hins rauða. Hann bjó á Velli á Rangárvöllum.
Hann var r í kur höfðingi og málafylgjumaður
mikill og svo mikill lögmaður að engir þótttu löglegir dómar dæmdir nema hann væri
voð. Hann átti dóttur eina er Unnur hét. Hún var væn kona og kurteis og vel að
sér og þótti sá bestur kostur á Rangárvöllum.
    (Extrait, en islandais, de la Saga de Njall le brûlé , la plus célèbre saga islandaise, datant du XIII e siècle.)
    « Il y avait un homme qui s’appelait
M ö rdr, surnommé la Viole ; c’était
le fils de Sighvatr le Rouge ; il habitait à V ö llr dans les Rang á rvellir.
C’était un puissant chef, grand entrepreneur de procès et si versé dans la
connaissance des lois qu’il n’y avait pas de jugement rendu qui parût légal s’il
n y avait pris part. Il avait une fille qui s’appelait Unnr ; c’était une
belle femme, courtoise et accomplie, et on la tenait pour le meilleur parti des
Rang á rvellir [26] . »
    L’islandais est considéré comme une
langue très complexe et très difficile à apprendre. Par exemple, il n’existe
pas moins de douze termes différents pour chacun des quatre premiers chiffres (1,
2, 3, 4) selon le contexte de la phrase. Les substantifs islandais se divisent
en trois genres : le masculin, le féminin et le neutre. Les adjectifs s’accordent
en genre avec les substantifs : soit Gunnar, un homme et Helga, une femme,
alors Gunnar er svangur (Gunnar est affamé) mais Helga er svöng (Helga
est affamée). De plus, l’islandais n’emprunte pas de mot à d’autres langues, comme
le fait l’anglais, mais crée systématiquement ses propres mots pour les objets
modernes : tölva pour « ordinateur » et simi pour « téléphone »
(d’après un vieux mot islandais qui signifie « fil »).
    Au mois de septembre, le choix des
producteurs me fut communiqué par la poste. Je reçus un paquet qui contenait un
dictionnaire de poche, un album pour la jeunesse, deux grammaires et quelques
journaux. La production avait décidé, pour des raisons de budget, de ne passer
que quatre jours en Islande, au lieu de la semaine initialement prévue. Pour
cette raison, le matériel d’apprentissage m’avait été envoyé quelques jours
avant le départ. Il y avait pourtant un sérieux problème : le dictionnaire
était très petit, ce qui rendait les textes presque impossibles à déchiffrer. J’étais
également déçu de ne passer que quatre jours en Islande, sachant que le sommet
de ce défi linguistique serait une interview télévisée à Reykjavik entièrement
en islandais. Pour le réussir, j’avais besoin de me confronter le plus possible
à la langue parlée.
    Étant donné la situation, je fis du mieux
que je pus avec ce que j’avais. J’appris des phrases courantes et du
vocabulaire d’après les grammaires et je m’exerçai à

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