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Je suis né un jour bleu

Je suis né un jour bleu

Titel: Je suis né un jour bleu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Tammet
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construire mes propres
phrases en m’inspirant des modèles que j’arrivais à déduire des différents
textes. L’un des livres était accompagné d’un CD et j’essayai de l’écouter pour
me faire une idée de l’accent et de la prononciation, mais j’eus beaucoup de
mal à me concentrer à cause de cette tendance de mon cerveau à s’allumer et à s’éteindre
lorsque je suis en phase d’écoute. Avec un interlocuteur, je peux faire attention,
fournir un effort tout particulier pour rester concentré, mais avec un CD, c’est
plus difficile. Je suppose que c’est parce que je ne ressens pas autant le
besoin de m’investir. Quand le jour du départ arriva, toutes ces difficultés m’avaient
rendu très soucieux.
    Vint le moment de dire au revoir à Neil, encore
une fois, bien que ce ne soit, à cette occasion, que pour quelques jours. Je
pris un taxi et retrouvai l’équipe de tournage à l’aéroport. Heureusement, tout
était calme et il n’y avait pas beaucoup de monde. J’avais emporté les livres
dans mes bagages, mais j’espérais avoir un meilleur matériel, une fois en
Islande. Le vol ne fut pas long et je passai l’essentiel du temps à regarder
par le hublot ou à lire des livres islandais pour enfants.
    L’Islande est l’un des plus petits pays
du monde avec une population qui dépasse à peine le quart de million. Elle est
située dans l’Atlantique Nord, juste au sud du cercle Arctique. Assise sur un
point chaud de la faille atlantique, l’île est géologiquement très active. Il y
a plusieurs volcans en activité, des geysers et les sources d’eau chaude
chauffent un grand nombre de maisons islandaises. Le taux d’alphabétisation de
la population a atteint 100 %. La poésie et la littérature y sont populaires.
L’Islande détient le record mondial du nombre de livres, de magazines et de
périodiques publiés par habitant.
    Arrivés à l’aéroport de Keflavik, un bus
nous emmena jusqu’à la plus grande ville d’Islande, sa capitale, Reykjavik (dont
la population de cent dix mille habitants lui a valu le surnom de Stærsta smáborg
i heimi – « la plus grande petite ville du monde »).
    Nous étions à la fin de l’été bien que le
temps soit calme : l’air était frais et piquant, mais pas trop froid. Le
bus avait de longues vitres brillantes qui couraient sur ses côtés et, en
regardant dehors pendant le trajet, nous voyions de longs et larges agrégats
nuageux gris ou argentés dans le ciel  – qui était par ailleurs d’un bleu
dur et métallique. En arrivant à Reykjavik, je vis la lumière du jour qui
faiblissait et s’obscurcissait. Je fermai les yeux et comptai pour moi-même en
islandais : einn, tveir, þr í r, fj ó rir…
    À l’hôtel, je rencontrai ma répétitrice
islandaise, Sigriður, qui me proposa de l’appeler « Sirry » pour
faire plus court. Sirry travaillait avec des étudiants étrangers à l’Université,
mais elle n’avait jamais entendu parler de quelqu’un qui tente d’apprendre l’islandais
en si peu de temps. Elle doutait que ce fût possible. Dans un sac, Sirry avait
apporté un certain nombre de lectures. Dès qu’une opportunité se présentait, nous
ouvrions les livres et je lisais des pages à haute voix pour qu’elle puisse
corriger ma prononciation et m’aider avec les mots que je ne comprenais pas.
    La grande quantité de lectures qu’on m’avait
procurées me permit de développer un sens intuitif de la grammaire islandaise. L’une
des premières choses que je remarquai était qu’il semblait qu’un grand nombre
de mots soient rallongés selon leur place dans la phrase. Par exemple le mot bok (livre) est souvent plus long quand il est utilisé en début de phrase : Bókin er skrifuð á í slensku (le livre est écrit en islandais) et encore plus long s’il est en
fin de phrase : Ég er nýbúinn að lesa bókina (je viens de finir le
livre). Autre exemple, le mot borð (table), Borðið er stórt og þungt (la
table est grande et lourde) et Orðabókin var á borðinù (le dictionnaire
était sur la table). La place des mots dans la phrase m’aida à deviner les
formes grammaticales que chacun devait prendre.
    Le manque de temps rendait le défi
particulièrement difficile. Une grande partie de mon apprentissage s’effectuait
dans la voiture, quand nous allions d’un endroit de tournage à un autre  –
la chose s’avérant d’autant plus difficile que Sirry était malade en voiture.

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