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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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n’osera pas vous refuser l’adresse !
    Quelques minutes plus tard, Marie-Angéline roulait dans un taxi en direction de la Goldenküste, la Rive dorée, dont la résidence Kledermann était l’un des fleurons, bien décidée à ne pas revenir bredouille, et, apparemment, la chance était de son côté. À cause de la neige sa voiture roulait prudemment et lui laissa tout le temps de remarquer, sortant d’un magasin de fleurs et chargé d’un imposant bouquet de roses pourpres, un personnage en qui elle n’eut aucune peine à reconnaître Gaspard Grindel. Elle fit aussitôt stopper son taxi, suivit des yeux le bouquet, et le vit disparaître dans une rutilante voiture de sport qu’elle désigna derechef à son chauffeur :
    — Vous voyez cette chose rouge ?
    — Une Bugatti ? Faudrait être aveugle !
    — Et vous vous sentez capable de la suivre sans vous faire remarquer ?
    — C’est l’enfance de l’art à condition qu’elle n’aille pas trop vite. Et avec cette neige… elle ne va sûrement pas courir la poste.
    Après un vrombissement impressionnant on partit en effet à une allure modérée mais quand on atteignit la Goldenküste, Marie-Angéline fronça le sourcil : si Lisa était rentrée chez son père – et malheureusement cela y ressemblait beaucoup ! – les choses allaient se compliquer… bien que ce fût un peu fort que l’on ose opposer à la marquise de Sommières une fin de non-recevoir !
    Mais ce ne fut qu’un moment d’inquiétude : la Bugatti dépassa la somptueuse demeure, parcourut encore un demi-kilomètre avant de pénétrer dans les jardins tirés au cordeau de ce qui s’annonçait comme la clinique Morgenthal.
    — Parfait ! déclara Plan-Crépin à l’intention de son chauffeur. Vous pouvez me ramener maintenant à l’hôtel !
    Au contraire d’un confrère parisien qui se serait sans doute livré à quelque commentaire, l’homme des Cantons opéra, cent mètres plus loin, un impeccable demi-tour et ramena sa cliente à bon port. Ce dont elle le remercia par un généreux pourboire.
    — Voilà ! clama-t-elle en rejoignant M me de Sommières. Je sais où elle est et je n’ai rien eu à demander à qui que ce soit : le cousin Gaspard m’a conduite tout droit à la clinique.
    — Il est encore là ?
    — Pourquoi voulons-nous qu’il abandonne si tôt son rôle de preux chevalier ? Il apportait même une brassée de roses. Rouges comme il se doit ! Couleur de la passion !
    — Lisa préfère les roses blanches ! On dirait qu’il ne la connaît pas si bien ! Le fleuriste est loin ?
    — À trois pas !
    — Alors filez commander des roses blanches…
    — Allons-nous ajouter un épisode à la guerre des Deux-Roses (2) en territoire helvétique ? C’est la blanche – celle d’York – qui a gagné. Ce serait de bon augure ! Outre qu’Aldo et Adalbert ont récupéré jadis le diamant qui la symbolisait !
    — L’ennui, c’est que, par la suite, la rouge a repris du poil de la bête et s’est installée définitivement.
    — Mais après un sérieux laps de temps ! Allez en commander !
    Dans l’après-midi on récupéra les fleurs que Marie-Angéline avait fait livrer à la réception et un taxi – qui se trouva être le même que celui du matin ! – emmena les deux femmes à la maison de santé, mais cette fois franchit la grille et les déposa devant l’entrée où veillait un portier galonné comme dans un palace… Non sans satisfaction, Marie-Angéline avait noté qu’aucune Bugatti rouge n’était rangée dans l’espace réservé au stationnement.
    Tante Amélie marcha d’un pas décidé à la réception :
    — Je désire voir la princesse Morosini, dit-elle. Quelle chambre occupe-t-elle ?
    La préposée à l’accueil des visiteurs était en train de remplir une fiche et sans bouger répondit :
    — La princesse ne reçoit pas. Les visites sont interdites !
    — Elle est si mal en point ? Pourtant, ce matin elle a reçu M. Gaspard Grindel, son cousin ! Et moi je suis sa tante, la marquise de Sommières, et je vous prie de me conduire à elle !
    La femme consentit enfin à lever les yeux, considéra cette dame de si grande allure dans un manteau et une toque de zibeline, rougit et se précipita :
    — Veuillez me pardonner, madame la marquise ! Je vous conduis. Si vous voulez bien me suivre ! ajouta-t-elle en débarrassant Marie-Angéline des fleurs qu’elle remit à une autre infirmière. Elle les mena dans un large couloir garni de quelques sièges.

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