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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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tout de même pas l’accuser de meurtre… un meurtre commis sous mes yeux ?
    — Non. Même si vous en êtes venue à exécrer votre époux, je ne crois pas que vous l’auriez laissé agir. Ou alors je me suis trompée sur vous du tout au tout… Non, le sentiment de Langlois est que l’homme arrivé avec M. Grindel soit plus ou moins à sa solde…
    — Mais c’est insensé ! Je…
    — Laissez-moi continuer ! Il se trouve que la balle est partie d’un endroit trop proche de la voiture pour que vous n’ayez pas remarqué le tireur.
    — Dès que j’ai rejoint Gaspard nous avons démarré et sans doute le bruit du moteur nous a empêchés d’entendre !
    M me de Sommières eut un petit rire sans gaieté :
    — Pour couvrir la détonation d’un coup de feu, il aurait fallu que le moteur soit celui d’un camion de cinq tonnes… et encore ! Enfin vous voilà prévenue.
    — C’est pour me dire cela que vous avez parcouru tout ce chemin ?
    — Pas seulement ! Je vous apporte aussi une lettre.
    — La plaidoirie d’Aldo ? Vous avez pris une peine inutile. Je ne la lirai pas !
    — Réfléchissez un peu, que diable ! Aldo ne peut même pas ouvrir les yeux. Alors écrire…
    Puis, tirant la longue enveloppe bleue de son manchon elle la garda entre ses doigts :
    — Non. C’est Pauline Belmont qui, avant de retourner dans son pays, m’a priée de vous la remettre… en main propre !
    — Posez-la sur la table, s’il vous plaît. Je devine de quoi il est question : elle tient à payer sa part de la rançon !
    — Non, c’est son frère qui s’en charge. Et je vous demande instamment de la lire maintenant ! J’ai pris connaissance de ce qu’elle contient et elle ne peut vous faire que du bien !
    — Vous croyez ? En ce qui me concerne, j’en doute. Elle a tout détruit !
    — Non. Elle n’a rien détruit et c’est ce qu’elle tente de vous expliquer. Elle y confesse l’amour profond qu’elle porte à votre mari mais reconnaît honnêtement sa défaite. Allons, Lisa ! Lisez cette lettre… à moins que vous ne préfériez que je m’en charge ?
    — Non. Vous la liriez trop bien ! Vous seriez capable de me faire pleurer d’attendrissement !… Donnez-la-moi !
    M me de Sommières la lui tendit après avoir fendu l’enveloppe puis se mit à l’observer. Mais elle ne put rien saisir sur le visage exsangue de la jeune femme, si mobile d’habitude. Enfin, sa lecture achevée, Lisa replia la lettre, la remit dans son enveloppe… et la glissa sous son oreiller. Ce qui ne laissa pas de surprendre Tante Amélie mais elle se garda de tout commentaire. Ce fut Lisa qui reprit :
    — Voilà ! Vous avez rempli votre mission…
    Le mot déplut à la vieille dame :
    — Je ne suis pas l’envoyée de Mrs. Belmont. Disons que j’ai accepté de porter ce message. De toute façon, je serais venue prendre de vos nouvelles. Et plus je vous regarde, plus je m’inquiète. Perdre un enfant avant terme est toujours une rude épreuve. J’en ai fait l’expérience jadis mais je me suis remise assez vite et…
    — … et vous êtes surprise que je sois encore à la clinique ?
    — Je n’aurais pas osé l’exprimer ainsi.
    — Cela tient à ce que je ne pourrai plus avoir d’enfants.
    — Croyez que j’en suis désolée mais vous en avez déjà trois : c’est une jolie famille ?
    — J’aurais voulu en avoir une ribambelle ! J’adore les enfants…
    Son visage s’était soudain illuminé à cette idée jusqu’à en être extatique. La marquise fit une grimace :
    — Si leur père est à l’article de la mort, ne croyez-vous pas que trois orphelins est un nombre suffisant ? À moins que vous ne songiez à vous remarier à peine le cercueil refermé ? assena-t-elle impitoyable.
    Le résultat fut un peu ce qu’elle en attendait : Lisa éclata en sanglots et se retourna dans ses oreillers. Sa visiteuse la laissa pleurer tout son soûl en espérant que ces larmes emporteraient une part de cette rancœur qui empoisonnait la jeune femme. Quand enfin elle s’apaisa, M me de Sommières se pencha sur elle pour glisser un bras autour de ses épaules :
    — Ne croyez pas, surtout, que je sois devenue votre ennemie. Je vous comprends et je vous garde la même affection. Avant de repartir je voudrais que vous répondiez à une seule question : aimez-vous encore Aldo ?
    Après un silence qui parut durer une éternité, elle entendit une sorte de soupir :
    — Je ne sais pas… Je ne sais plus !… Mais c’est à lui

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