La Guerre Des Amoureuses
LES PERSONNAGES
FRANCESCO ANDREINI , comédien
des Gelosi,
ISABELLA ANDREINI , comédienne
des Gelosi,
MAXIMILIEN DE BETHUNE , baron
de Rosny, futur duc de Sully,
MONSIEUR DE BEZON , gouverneur
des nains à la cour de Catherine de Médicis,
FRANÇOIS DE BOURBON , duc
de Montpensier,
HENRI DE BOURBON , roi de
Navarre,
FRANÇOIS CAUDEBEC , capitaine
de Philippe de Mornay,
LOUIS DE GONZAGUE , duc de
Nevers,
GUGLIELMO GONZAGA (Guillaume
de Gonzague), son frère, marquis de Mantoue, duc de Montferrat,
LUDOVIC GOUFFIER-ARMANI , comédien
des Gelosi,
HENRI DE GUISE , prince
lorrain, surnommé le Balafré,
CHARLES DE GUISE , duc de
Mayenne, frère du Balafré,
OLIVIER HAUTEVILLE , avocat
à la Chambre des comptes,
HENRI III , roi de
France,
JACQUES LE BEGUE , commis
de Olivier Hauteville,
ISABEAU DE LIMEUIL , épouse
de Scipion Sardini,
CATHERINE DE LORRAINE , duchesse
de Montpensier, sœur du Balafré,
CHARLES DE LOUVIERS , seigneur
de Maurevert,
CATHERINE DE MEDICIS , mère
d’Henri III,
MICHEL DE MONTAIGNE , ancien
maire de Bordeaux,
CASSANDRE DE MORNAY , fille
adoptive de Philippe de Mornay,
PHILIPPE DE MORNAY , seigneur
du Plessis, surintendant d’Henri de Navarre,
FRANÇOIS D’O , gouverneur
de Paris,
FRANÇOIS DU PLESSIS , seigneur
de Richelieu, Grand prévôt de France,
NICOLAS POULAIN , lieutenant
de la prévôté de l’Île-de-France,
FRANÇOIS DE RONCHEROLLES ,
marquis de Mayneville, homme lige du duc de Guise,
COSIMO RUGGIERI , astrologue
de Catherine de Médicis,
CHARLOTTE DE SAUVES , maîtresse
du Balafré, ancienne maîtresse d’Henri de Navarre,
SCIPION SARDINI , financier
italien,
FLAMINIO SCALA , dit
Flavio, chef de la troupe des Gelosi,
LORENZINO VENETIANELLI , dit Il Magnifichino , comédien,
Quelques-uns des personnages de ce roman apparaissent dans Nostradamus et le dragon de Raphaël, Éditions du Masque.
Ce roman est la seconde partie de : La Guerre des trois Henri.
La première partie a été publiée sous le titre : Les Rapines du
duc de Guise.
1.
Mantoue, mi-mars 1586
Enroulé dans un
grand manteau écarlate rapiécé, coiffé d’un bonnet cramoisi surmonté d’une
interminable plume de coq rouge, le visage dissimulé sous un masque de cuir au
nez démesuré, Francesco Andreini, un colosse à l’embonpoint prodigieux, s’avança
d’un pas majestueux pour faire une révérence au marquis de Gonzague, assis sur
un fauteuil au-devant de la scène.
Le comédien salua ensuite l’épouse du marquis
puis le vice-podestat, tout vêtu de noir, et enfin les gentilshommes et les
nobles dames de la cour de Mantoue. D’une voix de stentor, lissant son énorme
moustache d’une main et brandissant une courte rapière de bois de l’autre, il
déclama :
— Je suis le capitaine Spavento, l’Endiablé,
très grand bravache, très grand frappeur, très grand tueur, dompteur et
dominateur de l’univers, fils de la foudre, parent de la mort et ami très
étroit du grand diable d’Enfer ! Je suis la crainte, la terreur, l’épouvante
et la panique des Turcs !
La scène de planches, magnifiquement décorée
de tentures et de rideaux, avait été dressée dans la plus grande des deux salles
du castello di San Giorgio, au plafond peint et aux murs couverts par
les grandes toiles que Le Tintoret avait réalisées pour le marquis.
Fameuse troupe de comédiens dont la devise
était Virtù, fama ed honor ne fèr gelosi, les Gelosi se trouvaient à Milan
quand Flaminio Scala – que ses proches appelaient Flavio – avait reçu l’invitation
du marquis de Mantoue, Guglielmo Gonzaga. Pour l’anniversaire de la marquise, il
leur demandait une représentation extraordinaire.
Bien qu’il eût d’autres engagements, Flaminio
Scala, fondateur et régisseur de la troupe, ne pouvait refuser tant le marquis
de Mantoue était réputé pour sa générosité et pour son amour envers les
artistes. Il avait pourtant demandé leur accord à Isabella Andreini, qui
écrivait les canevas des spectacles, et à son mari, Francesco, ainsi qu’aux
autres membres de leur confrérie. Tous avaient accepté de se rendre à Mantoue. Ils
profiteraient ainsi du voyage pour répéter avec le nouveau venu dans la troupe.
Issu de la troupe des Desiosi [1] , l’autre grande compagnie théâtrale d’Italie, il jouait Dottore, remplaçant
un des comédiens terrassé par une fièvre fulgurante.
Flaminio Scala, en
chausses trop larges et chemise pendante à mi-cuisses, le visage caché par
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