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La Guerre des Gaules

Titel: La Guerre des Gaules Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules César
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désespérer de leur propre valeur ou du zèle attentif de leur chef ? On avait déjà connu cet adversaire du temps de nos pères, quand Marius remporta sur les Cimbres et les Teutons une victoire qui ne fut pas moins glorieuse pour ses soldats que pour lui-même ; on l'avait connu aussi, plus récemment, en Italie, lors de la révolte des esclaves, et encore ceux-ci trouvaient-ils un accroissement de force dans leur expérience militaire et leur discipline, qualités qu'ils nous devaient. Leur exemple permettait de juger ce qu'on pouvait attendre de la fermeté d'âme, puisque des hommes qu'on avait un moment redoutés sans motif quand ils étaient dépourvus d'armes, avaient été battus ensuite alors qu'ils étaient bien armés et avaient des victoires à leur actif. Enfin ces Germains sont les mêmes hommes avec qui, à maintes reprises, les Helvètes se sont mesurés, et dont ils ont presque toujours triomphé non seulement sur leur propre territoire, mais en Germanie même et pourtant les Helvètes n'ont pu tenir devant nos troupes. Si certains esprits s'alarmaient de l'échec et de la déroute des Gaulois, il leur suffisait de réfléchir pour en découvrir les causes ; à un moment où les Gaulois étaient fatigués de la longueur de la guerre, Arioviste, qui, pendant de longs mois s'était confiné dans son camp, au milieu des marécages, les avait attaqués soudainement, quand ils désespéraient de pouvoir jamais combattre et s'étaient disséminés ; sa victoire était due moins à la valeur des Germains qu'à l'habile tactique de leur chef. Mais une tactique qui avait été bonne pour combattre des hommes barbares et sans expérience, Arioviste lui-même n'espérait pas que nos armées s'y pussent laisser prendre.
    Ceux qui déguisaient leur lâcheté en prétextant qu'ils étaient inquiets de la question des vivres et des difficultés de la route, ceux-là étaient des insolents, car ils avaient l'air ou de n'avoir aucune confiance en leur général, ou de lui dicter des ordres. Il s'occupait de ces questions du blé, les Séquanes, les Leuques, les Lingons en fournissaient, et les moissons étaient déjà mûres dans les champs ; la route, ils en jugeraient sous peu par eux-mêmes. Quant à ce que l'on disait, qu'il ne serait pas obéi et que les troupes refuseraient de marcher, cela ne le troublait nullement : il savait bien en effet, que tous les chefs aux ordres de qui leur armée n'avait point obéi ou bien avaient essuyé des échecs et s'étaient vus abandonnés de la Fortune, ou bien avaient commis quelque mauvaise action dont la découverte les avait convaincus de malhonnêteté. Mais lui, sa vie entière témoignait de son désintéressement, et la guerre des Helvètes avait bien montré quelle était sa chance. Aussi, ce qu'il avait eu d'abord l'intention de ne faire que dans quelque temps, il l'exécuterait sur-le-champ, et il lèverait le camp cette nuit, au cours de la quatrième veille, car il voulait savoir au plus tôt s'ils obéissaient à la voix de l'honneur et du devoir, ou aux conseils de la peur. Si maintenant personne ne le suit, il n'en marchera pas moins, suivi seulement de la dixième légion, dont il était sûr, et qui lui servirait de cohorte prétoriennes. » Cette légion était celle à qui César avait témoigné le plus d'affection, et dont la valeur lui inspirait le plus de confiance.
    41. Ce discours produisit un changement merveilleux dans les esprits ; il y fit naître un grand enthousiasme et la plus vive impatience de combattre ; on vit d'abord la dixième légion, par l'entremise de ses tribuns, remercier César de l'excellente opinion qu'il avait d'elle et lui confirmer qu'elle était toute prête à combattre. Puis les autres légions négocièrent avec leurs tribuns et les centurions de leur première cohorte pour qu'ils les fissent excuser par César : « Ils n'avaient jamais pensé qu'ils eussent à juger de la conduite des opérations ; c'était l'affaire de leur général. » César accepta leurs explications ; Diviciacos, chargé d'étudier l'itinéraire parce qu'il était celui des Gaulois en qui César avait le plus de confiance, conseilla de faire un détour de plus de cinquante milles, qui permettrait de marcher en terrain découvert ; César partit au cours de la quatrième veille, comme il l'avait dit. Après sept jours de marche continue, ses éclaireurs lui firent savoir que les troupes d'Arioviste étaient à vingt-quatre milles

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