Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
qui mérite à moitié autant de me plaire, répondit Smith ; je vous garantis, mon père, qu’en traversant les Wicks de Beglie, quand je vis notre belle ville s’offrir à mes yeux comme la reine des fées dans un roman, lorsque le chevalier la trouve endormie sur un lit de fleurs sauvages, je me sentis comme l’oiseau qui plie ses ailes fatiguées en s’abattant sur son nid.
    – Ah ! ah ! tu n’as donc pas encore renoncé au style poétique ? Quoi ! aurons-nous donc encore nos ballades, nos rondeaux, nos joyeux noëls, nos rondes pour danser autour du mai ?
    – Il n’y a rien d’impossible à cela, mon père, quoique le vent des soufflets et le bruit des marteaux tombant sur l’enclume ne soient pas un excellent accompagnement pour les chants du ménestrel ; mais je ne puis leur en donner d’autre, car si je fais de mauvais vers, je veux tâcher de faire une bonne fortune.
    – Bien dit, mon fils ; on ne saurait mieux parler. Et tu as sans doute fait un voyage profitable ?
    – Très avantageux. J’ai vendu le haubert d’acier que vous savez quatre cents marcs au gardien anglais des Marches orientales, sir Magnus Redman. J’ai consenti qu’il l’essayât en y donnant un grand coup de sabre, après quoi il ne m’a pas demandé à en rabattre un sou ; tandis que ce mendiant, ce brigand de montagnard qui me l’avait commandé, avait marchandé ensuite pour en réduire le prix de moitié, quoique ce fût le travail d’un an.
    – Eh bien ! qu’as-tu donc, Conachar ? dit Simon, s’adressant par forme de parenthèse à son apprenti montagnard. Ne sauras-tu jamais t’occuper de ta besogne sans faire attention à ce qui se passe autour de toi ? Que t’importe qu’un Anglais regarde comme étant à bon marché ce qui peut paraître cher à un Écossais ?
    Conachar se tourna vers lui pour lui répondre ; mais après un instant de réflexion il baissa les yeux et chercha à reprendre son calme, qui avait été dérangé par la manière méprisante dont Smith venait de parler de ses pratiques des montagnes. Henry continua sans faire attention à l’apprenti.
    – J’ai aussi vendu à bon prix quelques sabres et quelques couteaux de chasse pendant que j’étais à Édimbourg. On s’y attend à la guerre, et s’il plaît à Dieu de nous l’envoyer, mes marchandises vaudront leur prix, grâces en soient rendues à saint Dunstan, car il était de notre métier {28} . En un mot, ajouta-t-il en mettant la main sur sa bourse, cette bourse qui était maigre et plate quand je suis parti il y a quatre mois, est maintenant ronde et grasse comme un cochon de lait de six semaines.
    – Et cet autre drôle à poignée de fer et à fourreau de cuir qui est suspendu à côté d’elle, n’a-t-il eu rien à faire pendant tout ce temps ? Allons, Smith, avoue la vérité ; combien as-tu eu de querelles depuis que tu as passé le Tay ?
    – Vous avez tort, mon père, répondit Smith en jetant un coup d’œil à la dérobée sur Catherine, de me faire une pareille question, et surtout en présence de votre fille. Il est bien vrai que je forge des sabres, mais je laisse à d’autres le soin de s’en servir. Non, non, il est bien rare que j’aie à la main une lame nue, si ce n’est pour la fourbir et lui donner le fil. Et cependant de mauvaises langues m’ont calomnié et ont fait croire à Catherine que le bourgeois le plus paisible de Perth était un tapageur. Je voudrais que le plus brave d’entre eux osât parler ainsi sur le haut du Kinnoul, et que je m’y trouvasse tête à tête avec lui !
    – Oui, oui, dit Glover en riant, et nous aurions une belle preuve de ton humeur patiente et paisible. Fi ! Henry ! peux-tu faire de pareils contes à un homme qui te connaît si bien ? Tu regardes Kate comme si elle ne savait pas qu’il faut en ce pays que la main d’un homme puisse garder sa tête s’il veut dormir avec quelque tranquillité. Allons, allons, conviens que tu as gâté autant d’armures que tu en as fait.
    – Ma foi, père Simon, ce serait un mauvais armurier que celui qui ne saurait pas donner par quelques bons coups des preuves de son savoir-faire. S’il ne m’arrivait pas de temps en temps de fendre un casque et de trouver le défaut d’une cuirasse, je ne connaîtrais pas le degré de force que je dois donner aux armures que je fabrique ; j’en ferais de carton, comme celles que les forgerons d’Édimbourg n’ont pas de honte de laisser sortir de

Weitere Kostenlose Bücher