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La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin)

Titel: La Jolie Fille de Perth (Le Jour de Saint-Valentin) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vous y faire renoncer ; mais d’après la foule de domestiques qui sont à la porte, vous pouvez voir qu’il y a dans l’église d’autres personnes qui ont droit au respect, et même de la part de Votre Seigneurie.
    – Oui, du respect ! et qui en a pour moi ? murmura le jeune seigneur hautain ; un misérable artisan et sa fille, qui devraient se croire trop honorés que je leur accorde la moindre attention, ont l’insolence de me dire que ma compagnie les déshonore… Fort bien, ma princesse de peau de daim et de soie bleue, je vous en ferai repentir.
    Tandis qu’il se parlait ainsi à lui-même, le gantier et sa fille entraient dans l’église des Dominicains, et l’apprenti Conachar, en voulant les suivre de près, coudoya, peut-être avec intention, le jeune seigneur. Le galant, sortant de sa rêverie fâcheuse, et se croyant insulté de propos délibéré, saisit le jeune homme à la poitrine, le frappa et le repoussa rudement. Conachar trébucha et se soutint avec peine, et il porta la main à son côté, comme s’il eût cherché une épée ou un poignard à l’endroit où l’en porte ordinairement ces armes ; mais n’en trouvant pas, il fit un geste de colère et de désappointement, et entra dans l’église. Cependant le jeune noble resta les bras croisés sur sa poitrine, en souriant avec hauteur, comme pour narguer son air menaçant. Lorsque Conachar eut disparu, son antagoniste arrangea son manteau de manière à se cacher encore davantage la figure, et fit un signal en levant un de ses gants. Il fut joint aussitôt par deux hommes qui, déguisés comme lui, avaient attendu ses ordres à peu de distance. Ils parlèrent ensemble avec vivacité, après quoi le jeune seigneur se retira d’un côté, et ses amis ou domestiques partirent de l’autre.
    Simon Glover, en entrant dans l’église, avait jeté un regard sur ce groupe, mais il avait pris sa place parmi la congrégation avant que ces trois individus se fussent séparés. Il s’agenouilla avec l’air d’un homme qui a un poids accablant sur l’esprit ; mais quand le service fut terminé, il parut libre de tous soucis, comme s’il se fût abandonné à la disposition du ciel, lui et ses inquiétudes. L’office divin fut célébré avec solennité, et un grand nombre de seigneurs et de dames de haut rang y étaient présens. On avait fait des préparatifs pour la réception du bon vieux roi lui-même, mais quelques-unes des infirmités auxquelles il était sujet avaient empêché Robert III d’assister au service comme c’était sa coutume. Lorsque la congrégation se sépara, le gantier et sa charmante fille restèrent encore quelque temps dans l’église, afin d’attendre leur tour pour se placer à un confessionnal, les prêtres venant d’y entrer pour s’acquitter de cette partie de leurs devoirs. Il en résulta que la nuit était tombée, et que les rues étaient désertes, quand ils se remirent en chemin pour retourner chez eux. Ceux qui restaient alors dans les rues étaient des coureurs de nuit, des débauchés, ou les serviteurs fainéans et rodomonts de nobles orgueilleux, qui insultaient souvent les passans paisibles, parce qu’ils comptaient sur l’impunité que la faveur dont leurs maîtres jouissaient à la cour n’était que trop propre à leur assurer.
    Ce fut peut-être dans la crainte de quelque événement de cette nature que Conachar, s’approchant du gantier, lui dit : – Maître Glover, marchez plus vite, nous sommes suivis.
    – Suivis, dis-tu ? Par qui ? Pourquoi ?
    – Par un homme caché dans son manteau, qui nous suit comme son ombre.
    – Je ne changerai point de pas dans Curfew-Street, pour qui que ce soit au monde.
    – Mais il a des armes.
    – Nous en avons aussi ; et des bras et des mains, des jambes et des pieds. Quoi ! Conachar, as-tu peur d’un homme ?
    – Peur ! répéta Conachar indigné de cette supposition ; vous verrez bientôt si j’ai peur.
    – Te voilà dans un autre extrême, jeune extravagant ; jamais tu ne sais garder un juste milieu. Parce que nous ne voulons pas courir, il n’est pas nécessaire de nous faire une querelle. Marche en avant avec Catherine, et je prendrai ta place. Nous ne pouvons courir aucun danger quand nous sommes si près de notre maison.
    Le gantier se mit donc à l’arrière-garde, et il est très vrai qu’il remarqua un homme qui les suivait d’assez près pour justifier quelques soupçons, en prenant en

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