La malédiction des templiers
Ouvrit le deuxième carton et en retira les précieux ouvrages.
Il avait de l’eau jusqu’à la poitrine. Les autres cartons étaient maintenant submergés.
Il devait quitter l’avion au plus vite. Refermer son sac improvisé et ficher le camp.
Il replia le haut du sac en nylon, le fermant du mieux possible tout en étant conscient qu’il ne serait pas totalement hermétique.
Il s’approcha à grand-peine de la porte, luttant contre le courant contraire. Prenant une profonde inspiration, il se propulsa dans l’eau, tenant le sac aux codex d’une main, le sac de survie de l’autre. Une fois à l’extérieur de l’avion en partie immergé, il grimpa sur l’aile, rejoignit le moteur bâbord et s’installa sur le capot, qui dépassait tout juste de la surface de l’eau. Il tira du sac d’urgence une brassière de sauvetage, qu’il enfila avant de la gonfler, et une balise de détresse, qu’il activa après l’avoir fixée à sa brassière.
Puis il se rassit et attendit que le capot du moteur soit submergé. Une minute plus tard, la queue du Cessna fut à son tour avalée par la mer, le laissant flotter au gré des vagues, tandis que la silhouette blanche de l’avion disparaissait dans l’obscurité des profondeurs marines. Il tenait toujours son sac de fortune, serrant son extrémité supérieure le plus fort possible afin d’empêcher l’eau d’y pénétrer. Mais déjà les premières gouttes s’infiltraient par les plis. Conçu pour résister aux chocs et aux paquets de mer, le nylon dans lequel il avait été confectionné n’était pas destiné à servir de sac.
Reilly savait qu’en dépit de tous ses efforts, c’était mission impossible.
A chaque minute qui passait, le sac s’alourdissait. Au bout d’une demi-heure, après y avoir consacré toute l’énergie qu’il était capable de mobiliser, il dut se rendre à l’évidence : il était devenu trop lourd.
S’obstiner n’aurait servi à rien : les livres étaient maintenant détrempés. Ils étaient irrémédiablement perdus, comme le trésor d’informations qu’ils recelaient. Et s’il persistait à s’y accrocher, il finirait par sombrer avec eux. Avec un hurlement de désespoir, il dut se résoudre à tout lâcher.
Poussé par la houle, le sac contenant les précieux textes s’éloigna un peu avant de couler, pour l’éternité, le laissant seul sur l’immensité liquide.
66
A plusieurs reprises, Reilly se sentit successivement perdre et reprendre conscience, l’eau fraîche clapotant autour de sa tête l’éveillant en sursaut chaque fois qu’il sombrait dans l’inconscience. La mer se montra clémente avec lui, n’allant pas au-delà d’une houle modeste. Mais elle allait devenir plus froide, et éventuellement plus agitée, avec l’arrivée de la nuit. Le gilet de sauvetage le maintiendrait à flot mais pas forcément en vie si les vagues gagnaient en intensité et si son corps épuisé finissait par déclarer forfait.
Tess était probablement saine et sauve, mais il avait manqué à sa promesse en laissant disparaître le trésor de Nicée, ce qui, pour elle, serait un coup terrible. Il tenta de se concentrer sur cette déception, s’en servant pour tenir le coup, s’accrochant à l’idée que s’il s’obligeait à rester en vie elle n’aurait à affronter qu’une unique désillusion. Il serait en mesure de raconter très précisément à la jeune femme ce qui s’était passé, lui ôtant au moins le sentiment d’incertitude qui, sinon, la rongerait jusqu’à la fin de ses jours.
Au bout d’un moment, il se laissa pourtant aller, épuisé au-delà de toute expression, espérant que la brassière de sauvetage et la balise de détresse rempliraient leur office, attendant des secours qui, il l’espérait, finiraient bien par arriver.
A quelque deux cents kilomètres à l’est, le contrôleur du trafic aérien qui avait suivi la progression du Cessna après que Steyl eut demandé par radio l’autorisation de descendre avait compris que quelque chose ne tournait pas rond dès qu’il avait vu l’appareil passer au-dessous de douze mille pieds, puis accélérer. A la suite de trois appels restés sans réponse et moins d’une minute après avoir remarqué le comportement inhabituel de l’appareil, il déclencha le plan d’urgence, dit SAR – Recherche et Sauvetage. Un hélicoptère Sea King HAR3 de la Royal Navy britannique chargé de ce genre d’opération de sauvetage prit
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