La malédiction des templiers
terribles révélations qu’il venait d’entendre.
Les deux hommes gardèrent un moment le silence, puis le pilote passa la tête dans l’habitacle pour confirmer qu’ils étaient prêts à repartir dans les minutes suivantes. Brugnone ne dit toujours rien. Il se contenta de faire un signe de tête, ruminant toujours ce que Reilly venait de lui apprendre.
— On arrivera peut-être à les récupérer, avança ce dernier. Je ne suis pas sûr que les fonds soient très profonds là où l’avion s’est englouti. Ces textes sont certainement accessibles. Si on les retrouve, on pourra peut-être prendre malgré tout connaissance de ce qu’ils contenaient. Les labos spécialisés dans les recherches médico-légales peuvent faire des miracles de nos jours.
Brugnone dévisagea son interlocuteur avec un scepticisme manifeste. A l’évidence, il n’accordait pas plus de créance à ce que venait de dire Reilly que Reilly lui-même.
— Mais cela vous convient bien, non ? interrogea ce dernier. Qu’ils aient disparu pour de bon, je veux dire. Plus de questions en suspens. Plus de révélations embarrassantes… Plus de maux de tête ?
Le prélat fronça les sourcils.
— Je préfère bien sûr que le contenu de ces textes demeure inédit, admit-il. Je n’aurais pas aimé que tout le monde puisse en prendre connaissance. Mais n’empêche que j’aurais bien aimé savoir. Vraiment.
Il soutint un long moment le regard de Reilly puis se détourna et fixa l’obscurité de la nuit, comme un homme faisant le deuil de quelqu’un. Ou de quelque chose…
67
A Konya, ils furent accueillis dans le modeste aérodrome, essentiellement utilisé par les appareils militaires, par Rich Burston, l’attaché juridique du bureau du FBI d’Ankara. Ce dernier était venu depuis la capitale de la Turquie dans un hélicoptère de l’armée. Ertugrul avait travaillé sous ses ordres. Dans la voiture qui traversait les hauts plateaux désertiques pour les conduire en ville, Reilly put lui faire un récit de première main sur les circonstances de la disparition de son subordonné.
L’homme était particulièrement nerveux.
— Notre intervention doit se limiter au strict minimum, confia-t-il à Reilly. Je ne veux surtout pas que nos amis apprennent qui vous êtes en réalité. A moins que vous n’ayez envie de passer les prochains jours à répondre à leurs questions.
L’anxiété de son collègue était compréhensible : le Cessna avait coulé dans les eaux internationales. Il avait décollé d’une île grecque. Autant les Chypriotes pouvaient difficilement se montrer trop curieux, autant la situation était différente concernant la Turquie : Reilly avait été impliqué dans des événements qui avaient entraîné la mort de plusieurs soldats turcs, y compris un officier de très haut rang fort respecté. Les autorités turques voudraient certainement savoir exactement le comment et le pourquoi.
— Je préférerais nettement leur expliquer tout ça par téléphone depuis notre bureau de New York, avoua Reilly.
— Oui, je vous comprends. Bon, laissez-moi leur parler et faites ce que je vous dirai.
Reilly le lui promit, puis se tourna vers Brugnone qui, d’un signe de tête, manifesta son approbation.
En fin de compte, ils purent faire sortir Tess et la vieille femme de la cellule où elles étaient en garde à vue sans trop de difficulté, grâce au fait qu’il était très tard et que les autorités de la Jandarma n’étaient pas basées à Konya.
Une petite unité de la police locale fut chargée de garder un œil sur la vieille femme et sa famille durant quelques jours, même si Reilly savait qu’elle ne courait plus guère de danger, Zahed ayant disparu tout comme les caisses de textes anciens.
Les premières lueurs de l’aube pointaient à l’est lorsqu’ils quittèrent le commissariat de police. La rue était déserte. La ville était encore plongée dans sa torpeur nocturne coutumière, seul le bourdonnement des conditionneurs d’air venant troubler ici ou là sa sérénité.
Ils se dirigèrent vers les voitures qui les attendaient, Tess tenant la main de son compagnon. Elle était épuisée, tant physiquement que psychologiquement. Elle était également profondément déçue. En quelques mots, glissés durant l’un des rares moments où ils s’étaient retrouvés seuls, Reilly avait pu lui apprendre, ainsi qu’à la vieille femme, que les textes avaient été avalés par la mer.
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