La malédiction des templiers
cuir.
Il semblait lui faire signe.
Cinq secondes plus tard, ses mains étaient libres. Une balle vint percuter le siège derrière lui, s’enfonçant dans le rembourrage en cuir épais, puis une autre lui effleura l’épaule gauche avant de finir sa course dans la carlingue. Avec ses compartiments isolés, le canot était toujours parfaitement gonflé, mais avant longtemps il commencerait à perdre de l’air, ce qui libérerait Zahed.
Reilly devait donc en finir avant.
D’autant que l’avion descendait toujours, à une vitesse alarmante.
Repoussant le bord du canot de son bras droit tout en brandissant le couteau du gauche, il plongea en avant.
Il prit Zahed par surprise et lui entailla profondément le poignet droit.
Le pistolet tomba de la main de l’Iranien, tandis qu’un flot de sang jaillissait de sa blessure. Il resta là, sans bouger, sous le choc, fixant sur Reilly un regard effaré, toujours coincé contre la porte de la cabine par l’arceau autodéployable du radeau de survie et le toit qu’il soutenait.
Les yeux de Reilly le transpercèrent. Il aurait aimé savourer l’instant un peu plus longuement, mais il ne pouvait pas se permettre de traîner. L’avion descendait toujours.
Il regarda l’Iranien d’un air torve.
Tendit la main derrière lui et ouvrit d’un coup de poignet le panneau inférieur de la porte de la cabine.
Il rangea dans un coin de son cerveau, pour ne plus les oublier, les traits livides, l’expression affolée, les yeux écarquillés d’épouvante de Zahed, lui cria :
— Apparemment, tu n’auras pas besoin de pierre tombale !
Et l’éjecta d’un grand coup de pied dans le bas-ventre.
65
L’Iranien disparut instantanément, sans un bruit.
Debout dans le tourbillon de vent glacial, Reilly regarda la mer s’approcher à grande vitesse par la porte ouverte de la cabine. Une fraction de seconde, il se demanda si, des deux, l’Iranien n’était pas celui qui avait eu le plus de chance. Puis il tourna son attention vers la masse de nylon qui l’empêchait d’accéder au tableau de bord du Cessna, la contourna pour atteindre l’endroit où elle bloquait l’entrée du cockpit, et entreprit de la découper à l’aide de son couteau.
Il déchiqueta, tira, lacéra, taillada le mur de nylon jaune avec rage, oubliant sa douleur.
L’entraînement subi jadis payait dans des moments comme celui-ci, ajustant, optimisant ses fonctions corporelles pour la tâche unique qui leur était assignée et qui tenait en un mot : survivre. Tout en lui était tendu vers ce seul but : ses glandes médullosurrénales avaient noyé son système d’adrénaline, augmentant la capacité de son cerveau à transmettre les informations et renforçant son système d’alerte lui permettant de faire barrage aux messages sensoriels. Les endorphines se répandaient dans son corps pour atténuer les douleurs qui risquaient de l’empêcher de se concentrer. Son cerveau avait relâché un flot de dopamine, entraînant une augmentation du rythme cardiaque et de la pression sanguine. Ses bronches s’étaient dilatées, permettant un accroissement du flux d’oxygène parvenant à ses poumons. Son foie sécrétait un surplus de glucose pour augmenter son énergie. Jusqu’à ses pupilles qui s’étaient dilatées, pour améliorer sa vision.
Une mécanique de haute précision, parfaitement synchronisée, chargée d’entretenir sa propre longévité.
Il parvint à repousser sur les côtés une partie du canot de survie afin de se frayer un passage jusqu’au cockpit. Des pages du classeur d’informations de Steyl volaient dans l’habitacle, arrachées par le véritable ouragan qui balayait l’appareil. Il en rejeta de côté quelques-unes en passant par-dessus le corps inanimé du pilote sud-africain, et s’installa dans son siège, devant les instruments de bord.
Il glissa le couteau sous sa ceinture, boucla rapidement son harnais et regarda à l’extérieur : la surface de la mer paraissait redoutablement proche, plus proche à chaque seconde. Pis encore, l’appareil vibrait terriblement, atteignant une vitesse dangereusement élevée.
Reilly étudia le tableau de bord : il n’avait jamais piloté d’avion, mais il s’était trouvé suffisamment souvent dans le cockpit de petits appareils au cours de sa carrière pour savoir en gros quel était le rôle de tel ou tel instrument et ce qu’indiquaient les principaux cadrans. Il en repéra un qui lui confirma que
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