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La mémoire des flammes

La mémoire des flammes

Titel: La mémoire des flammes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Armand Cabasson
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femme.
    — Ne soyez pas gêné, monsieur, votre réaction est naturelle. Soyez persuadé que je ne dirai rien.
    C’était bien cela le problème... Elle attendait une réponse. « Allons-y au culot, à la Charles de Varencourt », se dit Margont.
    — C’est Mlle Catherine de Saltonges qui m’a parlé de vous.
    La réponse mit son interlocutrice en confiance.
    — Tout se passe bien ? J’étais inquiète pour elle.
    — Elle pleure encore beaucoup...
    — C’est compréhensible. Quand l’enfant est là, on s’inquiète, on panique, on veut qu’il parte et, une fois qu’il n’est plus là, on se demande si on a fait le bon choix...
    Une faiseuse d’anges ! Catherine de Saltonges était venue se faire avorter. Qui était le père ? Pourquoi n’avait-elle pas gardé l’enfant ? Les questions éclataient dans la tête de Margont.
    — Elle a tellement hésité... dit-elle.
    Sa phrase s’acheva sur un silence incertain. Elle se demandait si elle n’était pas en train d’en dire trop. Margont songea que, qui dit enfant dit mère, mais aussi père. Il hasarda :
    — C’est-à-dire que... Le père... Enfin, j’ignore si elle vous en a dit quelques mots...
    — Oui, elle s’est confiée à moi, elle avait besoin de parler à quelqu’un. Hélas ! Elle aurait dû tout lui révéler ! Il avait le droit de savoir... S’il l’avait soutenue, je suis persuadée qu’elle aurait gardé cet enfant. Au début, elle me répétait qu’il devait d’abord régler une affaire... Puis elle a fini par m’avouer qu’il n’était pas au courant. Elle estimait que sa souffrance était déjà bien assez grande comme cela, qu’il n’aurait pu ni accueillir cet enfant, ni assumer la décision de ne pas le garder. Elle se désolait d’être tombée enceinte si vite, alors qu’elle avait été mariée pendant quatre ans et demi sans que survienne un tel événement. Elle m’a avoué qu’en dépit de son âge, elle espérait qu’un jour elle aurait à nouveau un enfant de son amant, mais que, cette fois, ils pourraient l’accueillir et l’élever. Ensemble. Quelle tristesse ! Cet homme doit avoir des soucis bien graves...
    Dévorée par la curiosité, elle essayait de l’amener à lui en dire plus. Margont prit un air soucieux.
    — Nous sommes extrêmement inquiets à son sujet. Vous a-t-elle expliqué ?
    — Non, elle ne m’a presque rien appris sur lui. Même pas son nom. Lors de sa deuxième visite, celle durant laquelle je suis intervenue, je lui ai dit : « Encore un homme marié qui vous a fait de belles promesses et qui ne veut maintenant pas quitter sa femme... » Elle a éclaté d’un rire amer et m’a répondu : « Exactement ! Excepté le fait que son épouse est morte ! Comment rompt-on avec un mort ? »
    — C’est une bien triste histoire...
    Il essayait d’être le plus évasif possible. Brûlant d’en apprendre plus, elle ajouta :
    — Elle a seulement dit : « Lui qui a déjà perdu un si grand nombre des siens, voilà qu’il va en perdre un de plus sans même le savoir. Décidément, le sort s’acharne à tuer ses enfants juste avant leur naissance... » C’est donc si terrible ?
    Elle se pencha en avant, de peur de perdre une seule des confidences que Margont, croyait-elle, s’apprêtait à lui chuchoter.
    — Oui. Mais, au jour d’aujourd’hui, déclara-t-il, c’est pour Mlle de Saltonges que je m’inquiète. Elle est si blanche, si faible... A-t-elle beaucoup saigné ?
    — Forcément, pour une grossesse de plus de deux mois...
    Réalisant enfin avec regret que son interlocuteur ne lui révélerait rien, elle se résolut à changer de sujet.
    — Mais, dans votre cas, monsieur ?
    Bref instant de flottement. Puis Margont se ressaisit.
    — Non, concernant mon amie, ce n’est que le premier mois.
    — Alors il est possible qu’une décoction de plantes et un massage du ventre suffisent. En cas d’échec ou si vous tardez trop, j’emploie l’aiguille. Mais j’ai l’habitude. Si votre amie décide de faire appel à mes services, elle devra me donner son nom. Son vrai nom, car je vérifierai... J’ai besoin de savoir ce genre de choses. C’est ma façon de m’assurer qu’il n’y a pas de tricherie, que vous n’êtes pas un policier... Parfois aussi, il peut arriver qu’en découvrant l’identité de la personne, je choisisse de refuser mes services. Vous seriez très étonné d’apprendre quelles personnes célèbres et

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