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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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liqueur ?
    – Nullement, répondit Butler en faisant un effort pour parler : je suis venu de Dumfries à pied, hier, et il fait bien chaud.
    – Asseyez-vous, dit mistress Saddletree en ajoutant à ces paroles un geste amical pour le faire asseoir, – et reposez-vous. Vous vous tuerez à cette vie-là, M. Butler. – Et faut-il vous faire notre compliment ? aurez-vous l’école, M. Butler ?
    – Oui… Non… Je n’en sais rien.
    – Vous ne savez pas si vous aurez l’école de Dumfries après y avoir été enseigner tout l’été ?
    – Je crois que je ne l’aurai pas, mistress Saddletree, reprit Butler. Le laird de Blak-at-the-Bane avait un fils naturel qu’il destinait à l’Église, mais le presbytère refuse de lui donner une licence, et ainsi…
    – Ah ! vous n’avez pas besoin de m’en dire davantage. S’il y a un laird qui ait un bâtard à qui la place convienne, il est bien sûr que… Ainsi donc vous retournez à Libberton ? tout frêle qu’est M. Wackbairn, dont vous êtes l’aide, et à qui vous devez succéder, il vivra aussi long-temps que vous.
    – Cela est probable, répondit Butler en soupirant, et je ne sais si je ne dois pas le désirer.
    – Sans doute que c’est une chose vexante, continua la bonne femme, d’être dans cet état de dépendance ; et vous qui pourriez prétendre beaucoup plus haut, je m’étonne comme vous supportez toutes ces croix-là.
    –  Quos diligit castigat {23} , répondit Butler. Le païen Sénèque lui-même voyait un avantage dans l’affliction ; les païens avaient leur philosophie, et les juifs leur morale révélée, mistress Saddletree, et ils savaient supporter leurs infortunes. Les chrétiens ont quelque chose de plus qu’eux. – Mais sans doute…
    Il s’interrompit en soupirant.
    – Je vous entends, dit mistress Saddletree en tournant les yeux vers son mari : il est des momens où nous perdons patience malgré le livre de prières et la Bible. – Mais, M. Butler, vous ne vous en irez pas ainsi ; restez pour prendre un peu de soupe aux choux avec nous.
    M. Saddletree quitta les Practiques de Balfour ( sa lecture favorite, et grand bien lui fasse !) pour joindre ses instances à celles de sa femme. Tout fut inutile ; Butler leur dit qu’il était obligé de partir, et prit congé d’eux à l’instant même.
    – Il y a quelque chose là-dessous, dit mistress Saddletree en le voyant s’en aller ; je ne sais pourquoi le malheur d’Effie semble donner tant de tintoin à M. Butler. Je n’ai jamais entendu dire qu’ils se connussent. Il est vrai qu’ils étaient voisins quand David Deans demeurait sur les terres du laird de Dumbidikes. Peut-être connaît-il son père ou quelqu’un de sa famille. Levez-vous donc, M. Saddletree, vous êtes justement assis sur le coussin qui a besoin d’être recousu. Ah ! voilà enfin le petit Willie, notre apprenti. Eh bien, petit vaurien, vous allez donc aussi courir les rues pour voir pendre les autres ? Seriez-vous bien aise qu’on en fît autant pour vous ? Votre tour viendra pourtant si vous ne changez de conduite. Allons, allez à votre ouvrage ; dites à Peggy de vous donner d’abord une assiette de bouillon, car vous êtes sec comme un coucou. C’est un orphelin, M. Saddletree, sans père ni mère ; nous devons avoir soin de lui, c’est un devoir de chrétien.
    – Vous avez raison, ma femme, dit Saddletree ; nous sommes pour lui in loco parentis pendant sa minorité, et j’avais eu la pensée de présenter une requête à la cour pour être nommé son curateur, loco tutoris, puisqu’il n’a aucun tuteur nominal, et que le subrogé tuteur ne veut pas agir en cette qualité ; mais je crains que les frais de la procédure ne se retrouvent pas in rem versam {24}  ; car je ne sais trop si Willie a des biens qu’on puisse administrer.
    M. Saddletree termina cette phrase par une petite toux qui exprimait son contentement de lui-même, après avoir ainsi, croyait-il, exposé la loi d’une manière complète.
    – Ses biens ! dit mistress Saddletree ; et quels biens a-t-il, s’il vous plaît ? Le pauvre diable était en guenilles quand sa mère mourut, et la première polonaise qu’il ait eue sur le corps, est celle qu’Effie lui a faite avec ma vieille mante bleue ! Cette pauvre Effie ! Mais avec toutes vos lois, M. Saddletree, ne pouvez-vous donc me dire s’il y a du danger pour elle quand on ne peut prouver qu’elle ait fait périr

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