La Reine étranglée
comprise entre la moitié et le double,
une équivalence de 100 francs d’aujourd’hui pour une livre au début du XIV ème siècle. Les dépenses du royaume, au temps de Philippe le Bel, sauf dans les
années de guerre, s’élevaient en moyenne à 500 000 livres, ce qui grosso
modo représenterait un budget de 50 millions, ou 5 milliards d’anciens
francs. Nos anciens et nos nouveaux francs préparent d’ailleurs de sérieux
pièges aux historiens futurs. (Cette note a été établie en 1965.)
[8] Le jugement de 1309 qui prétendait régler la succession d’Artois (voir
notre note p.223 du Roi de fer ) n’avait accordé à Robert, sur l’héritage
de ses grands-parents, que la châtellenie de Conches, écart normand apporté aux
d’Artois par Amicie de Courtenay, femme de Robert II.
En compensation, Mahaut était tenue
de verser à Robert, dans un délai de deux ans, une indemnité de 24 000
livres ; d’autre part, un revenu de 5 000 livres était assuré à
Robert sur diverses terres du domaine royal qui, réunies à la châtellenie de
Conches, constitueraient le comté de Beaumont-le-Roger.
La formation du comté fut retardée
pendant plusieurs années durant lesquelles Robert ne toucha qu’une infime
partie de ses revenus. Il ne devait devenir réellement comte de Beaumont qu’à
partir de 1319. Le reliquat des sommes qui lui étaient dues ne lui fut versé
que sous Philippe V, en 1321, et, sous Philippe VI, en 1329, le comté
fut érigé en pairie.
[9] Le culte des reliques fut un des aspects les plus marquants et les
plus étonnants de la vie religieuse au Moyen Âge. La croyance en la vertu des
vestiges sacrés dégénéra en une superstition universellement répandue, chacun
voulant posséder de grandes reliques pour les garder chez soi, et de petites
pour les porter au cou. On avait des reliques à la mesure de sa fortune. La
vente des reliques devint un véritable commerce, et l’un des plus prospères à
travers les XI ème , XII ème , XIII ème siècles, et
même encore pendant le XIV ème . Tout le monde en trafiquait. Les
abbés, pour augmenter les revenus de leurs couvents ou s’attirer les faveurs de
grands personnages, cédaient des fragments des saints ossements dont ils
avaient la garde. Les croisés souvent s’enrichirent de la vente de pieux débris
rapportés de leurs expéditions. Les marchands juifs avaient une sorte de réseau
international de vente de reliques. Et les orfèvres encourageaient fort ce
négoce car on leur commandait châsses et reliquaires qui étaient les plus beaux
objets du temps et qui témoignaient autant de la fortune que de la piété de
leurs possesseurs.
Les reliques les plus prisées
étaient les morceaux de la Sainte Croix, les fragments du bois de la Crèche,
les épines de la Sainte Couronne (encore que Saint Louis eût acheté pour la
Sainte-Chapelle une Sainte Couronne prétendument intacte), les flèches de saint
Sébastien, et beaucoup de pierres aussi, pierres du Calvaire, du Saint
Sépulcre, du mont des Oliviers. On alla même jusqu’à vendre des gouttes du lait
de la Vierge.
Lorsqu’un personnage contemporain
venait à être canonisé, on s’empressait de débiter sa dépouille. Plusieurs
membres de la famille royale possédaient, ou étaient convaincus de posséder des
fragments de Saint Louis. En 1319, le roi Robert de Naples, assistant à
Marseille au transfert des restes de son frère Louis d’Anjou, récemment
canonisé, demanda la tête du saint pour l’emporter à Naples.
[10] Comme tu es étrange, mon garçon.
[11] Ce n’était pas encore le fameux « Palais des papes » que
l’on connaît et visite, et qui ne fut bâti qu’au siècle suivant. La première
résidence des papes avignonnais était le palais épiscopal un peu agrandi.
[12] Guccio Baglioni ! Par Bacchus, c’est toi ? Quel plaisir de
te voir !
[13] Très cher Boccace, quelle chance ! Que fais-tu ici ?
[14] La chasse aux cardinaux, la chasse aux cardinaux ! Ils vous ont
bien roulés, les Monseigneurs !
[15] Pas pour nous, Seigneur, pas pour nous, mais en ton nom…
[16] Le gibet de Montfaucon se trouvait sur une butte isolée, à gauche de
l’ancienne route de Meaux, environ l’actuelle rue de la Grange-aux-Belles.
Enguerrand de Marigny fut le second
d’une longue liste de ministres, et particulièrement de ministres des Finances,
qui terminèrent leur carrière à Montfaucon. Avant lui, Pierre de la Brosse,
trésorier de
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