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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Prologue
    P euple
de guerriers nomades vivant dans des chariots tirés par des buffles, les
Wisigoths avaient été chassés des Carpates, de Valachie et de Transylvanie par
les féroces Huns.
    Ils s’étaient alors heurtés à l’Empire romain
avant d’en devenir les fidèles mercenaires. Mais après la mort de l’empereur
Théodose, l’empire avait cessé de leur verser des subsides. Aussi, leur roi
Alaric avait-il ravagé la Grèce avant de s’en prendre à l’Italie.
    La faiblesse d’Honorius, le nouvel empereur, et
les révoltes incessantes des usurpateurs qui tentaient de prendre possession de
l’Empire romain, avaient laissé le champ libre à Alaric. Le roi des Goths se
serait contenté de devenir général des armées romaines, mais, ulcéré par les
humiliations d’Honorius envers lui, il avait soutenu le coup d’État du préfet
de Rome, Attale, qui s’était proclamé empereur.
    Arien, Alaric réfutait la doctrine de l’Église
romaine sur la divinité de Jésus, mais il était chrétien et sa foi en Dieu
était inébranlable. Aussi, quand Attale lui avait révélé l’existence de
l’émeraude de Lucifer aux fabuleux pouvoirs, il s’était persuadé qu’en s’appropriant
la divine pierre, les Wisigoths deviendraient le peuple élu. Pour s’en emparer,
il avait déposé Attale et fait le siège de la ville éternelle.
     
    Rome était assiégée depuis des semaines. En cette
nuit de l’année 410, Alaric, entouré de son jeune fils Théodoric et de son
beau-frère, Adolphe [1] ,
attendait à quelques centaines de pieds de la formidable muraille de brique
érigée par l’empereur Aurélien.
    Avec ses tours et ses portes fortifiées restaurées
depuis peu, la haute et solide enceinte rendait la ville imprenable. Mais
Alaric savait qu’une ville tombait toujours par la trahison. Ses espions
étaient parvenus à corrompre quelques serviteurs des sénateurs dirigeant la
défense de Rome.
    Enfin, à minuit, ils distinguèrent le signal
convenu sur le chemin de ronde couvert, au-dessus de la porte Salaria. Une
torche agitée trois fois.
    Peu après, les battants s’écartèrent. Alaric fit
un signe et les trompettes retentirent. Aussitôt l’avant-garde de son immense
armée s’engouffra furieusement dans la ville de Romulus.
    Sur son cheval blanc, revêtu d’une cuirasse
d’écailles de fer avec des jambières de métal, casque sur la tête et ceinturon
supportant une courte épée, le roi goth attendit que cette première troupe ait
pénétré et allumé les incendies pour donner ordre à Adolphe de faire avancer sa
garde d’élite. Adolphe, casqué et en lorica hamata [2] leva sa hache et la troupe
s’ébranla, suivie aussitôt de l’armée barbare, immense meute de pillards
déchaînés décidée à tous les débordements.
    Passé la porte, ils descendirent la via Salaria.
Dans ce quartier résidentiel aux beaux jardins, les maisons flambaient. On y
voyait comme en plein jour. Alaric ignora les patriciens jetés hors de chez
eux, suppliant qu’on les épargne. Partout, les barbares brisaient portes,
coffres et armoires à la recherche d’or, d’argent, de tissus précieux et de
bijoux. Les hurlements des femmes violées couvraient le vacarme.
    Le roi des Goths avait pourtant recommandé à ses
soldats d’épargner la vie des citoyens désarmés et de respecter les églises. Mais
il savait qu’une ville ne pouvait être prise sans violence et c’était l’usage
que les femmes subissent le joug des vainqueurs.
    Par contre, les incendies n’étaient pas le
résultat du désordre. Alaric les avait ordonnés pour éclairer sa marche et
occuper les défenseurs de la cité. Il avait seulement interdit de mettre le feu
aux maisons et aux bâtiments publics les plus proches du Capitole, ainsi qu’aux
établissements religieux.
    Le cortège du roi fut vite suivi d’une foule de
chrétiens de tous âges le suppliant de sauver leurs biens et leur vie. Alaric
leur offrit sa protection, mais ils durent se laisser dépouiller.
    Au bout de la via Salaria, l’officier romain
servant de guide fit prendre à la troupe une large voie longeant un grand
portique. Sur le parvis du temple de la gens Flavia, des cadavres jonchaient le
sol. Une matrone dénudée, poursuivie par un groupe de Huns – beaucoup
faisaient partie de l’armée d’Alaric – se jeta devant la monture du roi
des Goths qui donna des ordres pour qu’elle soit épargnée.
    La cohorte poursuivit son chemin, longeant

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